Le phénomène de travail des enfants de la rue à la gare routière d'Ouled Ziane, notamment durant la nuit, prend de l'ampleur. Ces enfants sont souvent exploités par des courtiers. Dans les parages de la gare routière de Ouled Ziane à Casablanca, le jour comme la nuit, le phénomène de travail des enfants mineurs prend de l'ampleur et interpelle à plus d'un titre. Ces enfants luttent pour exercer dans ce lieu à forte affluence des travaux en vue d'assurer leur survie ou parfois même celle de leur famille. L'activité, qui bat souvent son plein à la gare routière, engendre des emplois précaires pour ces enfants. Ils cirent les chaussures, lavent et gardent les voitures et les cars de transport, portent des colis pour les voyageurs, vendent des cigarettes au détail, des fleurs et des colifichets, ramassent les objets recyclables dans les alentours et trouvent une multitude d'autres manières ingénieuses de gagner un peu d'argent pour s'en sortir le soir. Certains rentrent chez eux chaque soir dans les quartiers misérables de la périphérie de la ville ou les bidonvilles. D'autres se trouvent dans l'obligation de passer la nuit à la gare. Ce sont des enfants de la rue, sans domicile fixe, qui squattent cet espace la nuit et errent dans ses parages pendant le jour. Ces enfants sont exploités, tard dans la nuit, par les courtiers et autres conducteurs des autocars. Entre 2 heures et quatre heures du matin, le conducteur voulant nettoyer son engin, pour un départ prévu tôt le matin, réveille des enfants endormis autour de la gare et les force à effectuer les travaux de nettoyage du car. Ces travaux sont effectués en contrepartie de quelques sous et parfois même gratuitement. Le conducteur en question les menace, en cas de refus, de les évacuer de leur squat. Certains courtiers poussent l'indécence plus loin et exploitent ces enfants pratiquement comme des valets travaillant pour son compte. Ils mobilisent deux ou trois enfants pour guetter les voyageurs et transporter leurs bagages vers l'autocar. Abderrazek, 11 ans, natif de Béni Mellal, vend des cigarettes au détail pendant toute la journée, affirme qu'il se fait parfois agresser par des courtiers. « Une fois la nuit tombée, je dépose le reste de mes marchandises chez le gérant d'un café à côté de la gare et je cherche un abri pour passer la nuit. Mais, certains courtiers et conducteurs nous surprennent et nous réveillent d'un coup de pied pour aller effectuer des travaux de nettoyage pour leurs cars, à n'importe quel moment. Nous n'avons pas le choix. Si on refuse, ils font appel aux éléments de la police et nous collent des accusations de vols ou d'agression. Ils profitent de cette situation », déplore ce jeune sans domicile fixe qui envoie, dit-il, chaque mois une somme d'argent à ces parents dans la région de Béni Mellal. Il faut dire que ces enfants vulnérables et difficiles à protéger sont les plus exploités. Du travail forcé au travail en servitude, ils sont souvent mal payés, voire pas du tout, et leurs conditions dans cet espace dépendent du bon vouloir des courtiers et des conducteurs.