Madrid redouble d'efforts ces derniers jours pour isoler et affaiblir l'organisation séparatiste ETA dont un réseau a pu être démantelé lundi dernier, dans la province basque de Guipuzcoa. «Ils étaient en possession d'un véritable arsenal », a déclaré le ministre espagnol de l'Intérieur, Mariano Rajoy, après la série de raids menés lundi par la garde civile espagnole dans la province basque de Guipuzcoa (Nord-Ouest). L'offensive lancée au petit jour a alors permis aux autorités de mettre la main sur plus d'une centaine de kilos d'explosifs – dont onze barres de dynamite française volées -, des faux documents, des armes (un fusil d'assaut, un pistolet mitrailleur etc.), une bombe ventouse prête à l'emploi, et dix lance-grenades cachés dans un entrepôt à Billabona. La garde civile espagnole a aussi procédé à une arrestation dans cette commune, deux autres à Saint Sébastien, une à Ibarra et une à Tolosa. Un coup de filet qui a été suivi plus tard dans la journée par une seconde opération, cette fois-ci dans la ville de San Sebastian, située tout près de la frontière française. Cinq autres personnes ont alors été appréhendées, dont Eider Ijurco, membre d'Herri Batasuna (« Unité du peuple »), la branche politique d'ETA (Euzkadi Ta Askatasuna, « Patrie et Liberté»). La police tente à présent de savoir si les membres présumés avaient l'intention de perpétrer un attentat, en raison de « la quantité très importante » d'armes en leur possession, a fait savoir M. Rajoy. Cette opération policière, la quatrième depuis le début de l'année, intervient par ailleurs dans un climat très tendu en Espagne, suite au meurtre du conseiller municipal d'Orio, au pays basque espagnol, Juan Priede, jeudi dernier. Cet assassinat a poussé la classe politique à prévoir de nouvelles mesures contre l'organisation séparatiste. Le lendemain de la mort de l'élu socialiste, le gouvernement a ainsi approuvé un projet de loi prévoyant de donner à la Cour suprême le pouvoir d'interdire les partis politiques soutenant « des activités terroristes ». Une mesure qui vise directement Herri Batasuna, parti assez proche d'ETA pour ne jamais en avoir condamné les attentats. «Le texte interdit les partis qui soutiennent ouvertement ou tacitement le terrorisme », a déclaré le ministre de la Justice, Angel Acebes, vendredi dernier, sans nommer le mouvement basque. Le Premier ministre José Maria Aznar avait aussi récemment laissé entendre que « H.B » était dans le collimateur du gouvernement. Il avait déclaré ce mois-ci que « si les tribunaux le jugent nécessaire, (en vertu de la nouvelle loi) ils peuvent décider de rendre Batasuna illégal ». Ce à quoi le porte-parole du mouvement, Arnaldo Otegi, a répondu que cette mesure voulait placer l'Espagne dans un état de « guerre permanente » et pas sur la voie que Herri Batasuna affirme privilégier - celle de la recherche d'une solution durable au conflit… Après les attentats du 11 septembre, le gouvernement espagnol était parvenu à faire inscrire ETA et plusieurs organisations de jeunesse qui lui sont directement liées sur la liste des organisations terroristes établie par Bruxelles. Mais il n'avait pas pu y intégrer Herri Batasuna. Ce lundi, le parti nationaliste basque Eusko Alkartasuna (EA, « Solidarité basque ») et quatre autres petits partis nationalistes ont appelé ETA à un « cessez-le-feu immédiat et illimité ».