Le phénomène de la spoliation immobilière prend des proportions inquiétantes. Si des familles étrangères sont tombées dans les filets de quelques escrocs, une bonne partie de cas de biens spoliés aujourd'hui au Maroc est l'œuvre de mafias très organisées. Mustapha Ramid, ministre de la justice et des libertés, ne mâche pas ses mots. «Il s'est avéré à travers une analyse des dossiers que les actes de spoliation immobilière dépassent les simples agissements individuels en prenant la forme de crime organisé impliquant plusieurs parties qui bénéficient de l'expertise et de l'aide d'intervenants dans le système judiciaire, professionnel et administratif», a expliqué le ministre qui s'exprimait lors d'une rencontre organisée par son département sur la problématique de la spoliation immobilière touchant les biens des étrangers. Le crime organisé est si puissant dans ce domaine que le ministre révèle l'impuissance ou du moins l'inefficacité du seul département de la justice dans la lutte contre les mafias de la spoliation immobilière. «L'approche judiciaire seule reste insuffisante pour mettre un terme à ce phénomène en dépit de la dureté des sanctions, ce qui impose la coordination entre tous les intervenants afin de trouver des solutions efficaces et urgentes pour préserver les droits d'autrui et renforcer la sécurité foncière», a-t-il ajouté. Casablanca et Tanger en tête Alors que les mafias ratissent très large, certaines villes sont particulièrement affectées par le phénomène. Les villes de Casablanca et Tanger arrivent en tête. Kénitra et Rabat sont également touchées. D'ailleurs, les procureurs généraux de ces quatre villes étaient invités à prendre part à la rencontre. Si les hauts responsables de la justice ont été impliqués, c'est parce que les réseaux d'escrocs sont très rodés faisant preuve d'une grande imagination. D'une manière générale, la justice marocaine divise les dossiers de la spoliation en quatre grandes catégories. La première concerne les cas avec une présence physique du propriétaire mais qui se retrouve victime d'escroquerie. La deuxième est relative aux dossiers où le propriétaire se fait représenter par personne tierce munie d'une procuration. Les deux dernières catégories concernent respectivement l'utilisation de faux documents et la conclusion d'actes de vente hors du territoire national. Les ressortissants étrangers mais également les Marocains du monde sont donc une cible privilégiée pour les mafias actives dans ce domaine. Plusieurs cas avaient déjà fait scandale au Maroc ainsi qu'à l'étranger, notamment en France. Face à des réseaux parfaitement rodés et rompus aux dernières techniques dans l'escroquerie, les autorités compétentes sont toujours au stade du diagnostic. Reste à savoir si la rencontre du ministère de la justice permettra rapidement de trouver des mécanismes efficaces contre le phénomène.