Le texte en question fixe à 16 ans l'âge d'accès au travail domestique, ce que dénonce le Collectif «pour l'éradication du travail des petites bonnes». Ce dernier qui regroupe une cinquantaine d'associations appelle les parlementaires à voter un amendement portant à 18 ans l'âge d'accès au travail. Le Collectif estime qu'il s'agit là d'«une obligation sociétale, légale et morale» contre l'exploitation de ces jeunes filles. Dans un communiqué, il rappelle que le maintien de l'âge de 16 ans est contraire à l'esprit et à la lettre des conventions 138 et 182 de l'Organisation internationale du travail (OIT) et à la Convention internationale des droits de l'enfant, toutes ratifiées par le Maroc ainsi qu'à la Constitution. Cette disposition va également à l'encontre des avis du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE), de l'Unicef, l'Agence des Nations Unies chargée du suivi de la Convention internationale des droits de l'enfant, ainsi que les organisations de la société civile investies dans la protection de l'enfant. Par ailleurs, le Collectif appelle le ministre de l'emploi et des affaires sociales à faire preuve «d'audace politique» et d'éviter aux filles mineures d'être condamnées de choisir entre le mariage précoce et l'exploitation dans le travail domestique, voire les deux. Dans sa requête dirigée vers le gouvernement, le Collectif insiste sur la mise en place d'une politique intégrée et multisectorielle de protection de l'enfant contre toutes formes de privation de droits et toutes pratiques qui leur portent atteinte. Le Collectif estime que le travail des mineurs doit être gravement sanctionné. «Il faut donner un caractère pénal à l'emploi des mineur(e)s dans le travail domestique et se doter des instruments et des moyens efficaces pour sa mise en œuvre, dont le flagrant délit», indique-t-il dans son communiqué. Dans leurs revendications, les ONG jugent qu'il est primordial de mettre en œuvre les dispositions, les instruments et les moyens humains et matériels pour extraire les «petites bonnes» des maisons et les réinsérer en famille et à l'école. Rappelons que le Collectif a contesté à maintes reprises ce projet de loi qui présente, selon lui, plusieurs défaillances pour garantir la protection des enfants et la promotion de leurs droits. D'après lui, il s'agit d'un texte juridique global et non d'une loi spécifique pour protéger les filles mineures. Et par conséquent, il ne constitue pas une stratégie pour abolir cette pratique. Parmi les autres limites figure le fait que le texte en question n'oblige pas les personnes au courant de cas de «petites bonnes» à informer les instances ayant l'autorité d'intervenir sur le lieu de leur «exploitation». En outre, le projet de loi ne traite pas du mode et des conditions de retrait et d'accueil des «petites bonnes» retirées du lieu d'exploitation pour les préparer à leur réinsertion dans des structures adaptées. Le texte ne traite pas des dispositions légales et pratiques de réinsertion des domestiques dans leur famille et dans l'école.