Le livre noir de l'UMT sur la CNSS aurait pu susciter une levée de boucliers auprès de la direction de la Caisse. Il n'en est rien. L'heure est à une restructuration laborieuse. On préfère s'abstenir de tout commentaire. «Aucune disposition ne permet de contraindre la direction générale à améliorer la qualité et la fiabilité de l'accueil des usagers de la CNSS. Aucune procédure ne permet aux administrateurs d'orienter la gestion des priorités d'une vraie sécurité sociale». A la lecture des lignes extraites du «livre noir» concocté par la centrale de l'UMT, c'est véritablement l'anarchie qui prévaut au sein de cet établissement public. Au fil des pages, le directeur général de la CNSS tient le rôle d'un super dirigeant, trônant au-dessus des lois, des règlements et des autres administrateurs. A cela la réponse est on ne peut plus claire, pour Mounir Chraïbi, directeur général de la CNSS : « les attributions du directeur général sont établies par la loi. Elle pose également les types de contrôle qui sont mis en place par l'Etat. Il ne faut pas inventer un rôle qui n'existe pas ». Ce n'est un secret pour personne. L'UMT a toujours contribué à installer une certaine tension entre ses affiliés et la direction générale de la Caisse. En parallèle, « ses hommes » ont bénéficié de fonctions importantes au sein de l'entité. Il se trouve aujourd'hui que cette sortie médiatique de la centrale syndicale, coïncide avec la remise prochaine des conclusions de la commission d'enquête parlementaire consacrée au dossier de la CNSS. La commission a atteint la phase sensible de la détermination des responsabilités. A l'heure actuelle, c'est un tableau noir qui est dressé, indique-t-on. La progression des travaux de la commission pourrait être évaluée par le nombre des documents requis par les enquêteurs. «Chaque semaine une importante quantité de documents nous est demandée. A travers chaque nouvelle requête, nous suivons la progression des travaux», confie volontiers le DG de la Caisse. Pendant que les membres de la commission d'enquête continuent à s'activer, la direction de la caisse a lancé un vaste programme de restructuration. Le diagnostic a été confié à un expert externe EMC. « Il consiste en la réorganisation de la CNSS, demande formulée durant le dernier conseil d'administration du mois de juillet dernier. Il représente l'un des chantiers d'accompagnement du processus de mise à niveau répondant au projet d'entreprise. Aujourd'hui, nous atteignons l'étape relative à la présentation des scénarii de restructuration, qui seront proposés au conseil d'administration au mois d'avril prochain par le comité de gestion », souligne M. Chraibi. Le dernier comité de gestion en date s'était intéressé à trois principaux dossiers. Ont figuré au planning, l'allocation pour perte d'emploi, l'amélioration du système de production et l'assainissement financier. Pour l'heure, les principales orientations prônées par le diagnostic penchent vers une polarisation des départements. De même, elles s'inscrivent dans une démarche intensive de décentralisation s'articulant autour de délégations régionales. Elles optent également pour un système d'affiliation, reposant désormais sur des agences. Les polycliniques, en revanche, ont été exclues du diagnostic de la réorganisation. Elles font l'objet d'audits stratégiques pour aboutir à un plan de redressement. Parmi, les objectifs du projet d'entreprise à l'horizon 2005, figure la mise en place d'un certain équilibre financier dans le cadre d'une stratégie médicale visant à mieux servir les assurés. En somme, le refus de commenter le « livre noir » par la direction générale de la Caisse semble être un choix que l'on maintiendra. Tant que ce document n'entrave pas la poursuite du plan d'action.