Les deux centrales syndicales, l'UGTM et l'UMT, se livrent à une bataille sans précédent à travers leurs syndicats respectifs au sein de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) allant jusqu'au recours à la violence. La guerre qui oppose, depuis quelques mois, les deux syndicats qui représentent les salariés de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) est en train de prendre des dimensions très graves. Ce qui était, jusqu'à il y a une semaine, une simple course au monopole de la représentativité des employés de cet organisme s'est développée en confrontation directe allant jusqu'à l'usage de la violence entre les partisans des deux syndicats. En effet, la semaine dernière lundi 17 janvier, à "Dar Al Mouammine" (Maison de l'assuré) à Casablanca, alors que les représentants de l'Union syndicale du personnel de la sécurité sociale (USPSS) affiliée à l'UGTM avaient débarqué au siège de la Maison de l'assuré pour distribuer aux employés des tracts, les partisans de la Fédération nationale des employés de la CNSS affiliée à l'UMT ont essayé de les empêcher de s'acquitter de leur mission. Résultat : une bagarre éclate entre les militants des deux syndicats où l'on va jusqu'à l'usage de bombes lacrymogènes par certains syndicalistes. Cet incident, le premier du genre dans l'histoire de l'activité syndicale au sein de la CNSS serait derrière l'appel à la grève lancé par la Fédération nationale des employés de la CNSS (FNEC) et qui a eu lieu le mercredi 19 janvier. Selon l'USPSS, cette grève n'est qu'une exhibition de force et une tentative de l'UMT de faire pression sur la direction pour s'imposer en tant qu'unique interlocuteur de cette dernière. Du côté de l'UMT, il s'agit d'une action syndicale légitime visant à protester contre "les agissements indignes du directeur général de la CNSS" dont "les abus qui ont conduit au suicide" d'un cadre de cet organisme. Il s'agit de Abderrahmane El Harti, 55 ans, comptable à la direction générale qui s'est dernièrement suicidé trois mois après avoir volontairement quitté son emploi. Pour le syndicat affilié à l'UMT, le défunt aurait été contraint par la direction générale à quitter son poste d'emploi en simulant un départ volontaire. « Les employés de la CNSS vivent dans un climat marqué par les abus de la direction générale de la caisse qui ont conduit au suicide de notre frère El Harti chef de division à la direction financière suite aux pressions de la direction générale qui l'a obligé à "un départ volontaire" qu'il n'avait pas demandé », dit le communiqué de la FNEC appelant à la grève générale du 19 janvier. Du côté de l'UGTM, cette action n'est qu'une "exploitation malencontreuse du suicide d'un frère à des fins syndicalistes ce qui est regrettable". Pour Mustapha Khlafa, secrétaire général de l'USPSS, "l'agression" dont ont été victimes les militants de son syndicat au siège de la Maison de l'assuré "entre dans le cadre des tentatives de l'UMT de monopoliser par la force l'action syndicale au sein de la CNSS". « À l'UGTM, nous n'avons jamais opté pour la confrontation et l'attitude adoptée par l'UMT nous surprend mais ne nous étonne pas », souligne-t-il. S'agissant de l'affaire du suicide qui a été "exploitée" par l'UMT, M. Khlafa explique que "feu El Harti avait demandé officiellement et volontairement de bénéficier de la politique de départs volontaires lancée par la direction et n'a à aucun moment été contraint de le faire. En effet, une source autorisée à la direction générale a expliqué à ALM que "le défunt avait formulé volontairement la demande de départ volontaire et sa demande avait été acceptée par la direction". La même source précise que, selon les procédures, la demande passe par trois étapes à savoir le dépôt de la demande, l'acceptation par la direction générale et enfin le retrait du pécule. "La demande de feu El Harti est passée par ces trois étapes et, à aucun moment, il n'a été question de pression ou de harcèlement", précise la direction générale. S'agissant de la grève, la même source souligne son étonnement quant au fait que l'appel à la grève a été lancé en l'absence d'une revendication précise". Par ailleurs, les employés de la CNSS affiliés à l'UGTM expliquent que l'UMT essaye par tous les moyens de renforcer son monopole de l'action syndicale au sein de la caisse rappelant que l'appel à la grève a été lancé par l'UMT au lendemain de l'inauguration du nouveau siège de l'USPSS sis à l'ancien siège de la délégation régionale à Roches-noires. Or, du côté de l'UMT, on accuse la direction générale de vouloir privilégier l'UGTM et de renforcer sa présence sur la scène syndicale à la CNSS. En tout cas, ce qui est certain est que les confrontations entre les deux syndicats ne servent aucunement les intérêts des salariés de la CNSS au moment où cet organisme vit au rythme des réformes et de l'assainissement après plusieurs décennies de mauvaise gestion et de malversations.