Le secrétaire général de l'Union général des Travailleurs du Maroc (UGTM), Abderrazak Afilal, estime que c'est la mentalité de Mahjoub Benseddik qui pose problème. ALM : Que répondez-vous aux accusations formulées par l'UMT à l'encontre de votre syndicat à l'occasion du bras de fer qui oppose vos deux centrales à la CNSS? Abderrazak Afilal : Vous savez, l'UMT n'accepte pas la liberté syndicale. Là où ce syndicat est implanté, il essaie par tous les moyens d'exclure les autres pour sauvegarder son monopole. La CNSS n'est pas un cas isolé. Nous avons toujours eu ce genre de problème avec l'UMT. On résiste à notre corps défendant, pendant un an ou deux. Et en définitive, l'un de nous finit par remporter la partie. Soit on gagne, soit on est carrément exclu. Vous voulez dire que l'UMT a effectivement fait preuve de violence contre vous à la CNSS? Absolument. Lors de la grève décrétée mercredi par l'UMT, une employée m'a assuré qu'elle a été physiquement menacée par les militants de l'UMT. Ces derniers interdisent aux employés de travailler. C'est contraire aux us du syndicalisme et à l'éducation civique. Et nous allons justement militer pour que la liberté du travail soit totalement protégée dans le projet de loi organique régissant l'exercice du droit à la grève. Mounir Chraïbi facilite-t-il réellement l'implantation de l'UGTM à la CNSS, sachant que le DG de la Caisse est un proche d'Abbas El Fassi, patron de l'Istiqlal? C'est totalement faux. Vous savez, quand Feu Allal El Fassi m'a demandé de diriger l'UGTM, je lui ai posé une question claire: l'UGTM est-il un syndicat des Istiqlaliens? Il m'a répondu: “Non, il doit défendre les droits de tous les travailleurs marocains”. C'est ce que je suis en train d'appliquer. Aujourd'hui, tous les militants de l'UGTM ne sont pas des Istiqlaliens. Certes, nous avons les mêmes affinités idéologiques que l'Istiqlal. Nous ne sommes ni socialistes, ni communistes, ni capitalistes. Mais lors des élections communales ou législatives, nous distinguons entre les syndicalistes et les militants du parti. Pour revenir à Chraïbi, il a vu que l'UGTM était réellement représentative du personnel de la CNSS. Il y a des cadres de la CNSS parmi nous. C'est très important, car l'UGTM veut toujours que ses militants soient convaincus par ses idées. Pourquoi pensez-vous que l'UMT veut vous écarter de la CNSS? C'est la mentalité de Mahjoub Benseddik qui est à l'origine de cela. Il n'accepte pas d'être dans une situation autre que le monopole. Mais je peux vous assurer que l'UMT est finie. Et ce depuis 1963. A l'époque, le Maroc a clairement choisi le pluralisme syndicale. Moi-même, je suis l'un des fondateurs de l'UMT, mais à un moment donné, il fallait qu'on choisisse notre voie. Que pensez-vous du suicide de Abderrahmane El Harti? On ne peut que déplorer sa mort. Mais le suicide de cet homme a été honteusement exploité par l'UMT. Pourtant, El Harti avait déposé deux demandes pour son départ volontaire. Il semble qu'il avait de graves problèmes familiaux.