Mohamed Khalidi, membre du secrétariat général du PJD, estime que la dernière sortie médiatique de Mustapha Ramid, inopportune en raison de son timing à quelques jours du congrès du parti, n'engage que lui. Entretien. ALM : Quel commentaire faites-vous de la dernière sortie médiatique de Mustapha Ramid à travers un document publié dans cette semaine dans l'hebdomadaire « Assahifa » ? Mohamed Khalidi : C'est une initiative personnelle qui n'engage que son auteur. Cette initiative n'en demeure pas moins inopportune puisqu'elle intervient à quelques jours de la tenue du congrès du Parti de la Justice et du Développement. C'est que le document publié par l'hebdomadaire « Assahifa » n'a pas été soumis à la Commission préparatoire du congrès. C'est comme si M. Ramid voulait imposer à 2000 congressistes qui se réuniront la semaine prochaine de discuter un point qui ne figure pas à l'ordre du jour de notre congrès. Pour ce qui est du timing de cette sortie médiatique, j'estime qu'il est un peu prématuré de parler d'un amendement de la Constitution dans la situation actuelle. Le dit document met en exergue des idées personnelles exposées par M. Ramid à plusieurs reprises depuis 1996. Une prise de position que le parti a rejetée à plusieurs occasions d'ailleurs. Le document publié discute en long et en large de l'institution d'Imarat Al Mouminine. Qu'en pensez-vous ? Nous avons toujours déclaré qu'Imarat Al Mouminine est le symbole de l'unicité de la nation. Le Roi doit gouverner surtout en prenant en considération la période actuelle très délicate que traverse notre pays. Les Marocains connaissent l'institution d'Imarat Al Mouminine depuis plusieurs siècles déjà. Ce n'est donc pas une situation qui leur est nouvelle. En plus, si on se réfère à l'Islam, Amir Al Mouminine intervient, en plus de ses prérogatives religieuses, dans la gestion des affaires courantes de la nation. Ceci était très palpable dans la manière dont le prophète Sidna Mohammed et les khalifs après lui ont toujours gouverné en ayant en main les rênes du pouvoir que ce soit sur le plan économique, social que politique ou militaire. Cependant, je pense que ce ne sont que de faux problèmes qui ne doivent pas nous faire oublier les vrais défis auxquels notre pays doit faire face pour assurer un bon développement socio économique dans le respect de la démocratie. Quelle est votre réaction aux critiques formulées par le document vis-à-vis de la séparation des pouvoirs telle qu'elle est actuellement au Maroc ? Le concept de la séparation des pouvoirs, auquel le document de M. Ramid a consacré une grande partie, n'est pas, comme je l'ai signalé auparavant, mis en cause dans notre pays. Au Maroc existent trois pouvoirs dont les prérogatives sont déterminées par la Constitution. L'Exécutif, au même titre que le Législatif ou le Judiciaire, sont régis par des lois qui s'inspirent directement du principe de la séparation des pouvoirs. En outre, la scène politique nationale connaît l'existence de plusieurs institutions, gouvernementale et parlementaire entre autres, démocratiques et qui sont le fruit d'une évolution politique que le Maroc connaît depuis plusieurs années. Il ne faut pas oublier que le Maroc est un pays musulman. Essayer d'importer un régime occidental, comme celui de la Grande-Bretagne, par exemple est une entreprise qui ne pourrait réussir dans un contexte arabo-musulman pareil au nôtre.