Le nombre de grossesses non désirées explose au Maroc. Oubli de la pilule, accident de préservatif, absence de contraception, viol, inceste… sont autant de circonstances qui aboutissent à ces grossesses. Les statistiques de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC) font état de plus d'un millier de grossesses non désirées par jour. Sur ces 1.000 grossesses, 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc dont 600 médicalisés et 200 non médicalisés. «Quant aux 200 grossesses poursuivies, certaines mères après l'accouchement se suicident. D'autres sont prêtes à vendre leur bébé, à l'abandonner, voire à le tuer», affirme à ALM le Pr Chafik Chraïbi, président de l'association. Cette situation inquiétante a poussé l'association à lancer une campagne nationale de sensibilisation et de prévention sur ce phénomène. Cette opération placée sous le thème «Grossesses non désirées: mieux connaître pour mieux prévenir» a débuté mardi 22 juillet et se poursuit jusqu'à la fin de l'été. Le choix de cette période n'est pas un hasard. «L'été est par excellence la période où les risques sont le plus élevés. Durant la période estivale, les rapports sexuels ont tendance à augmenter et on relève une recrudescence de grossesses non souhaitées», note le Pr Chraïbi. La presse écrite, la radio et l'audiovisuel ont été mobilisés dans le cadre de cette opération. Un intérêt particulier est porté à la contraception. Pour le Pr Chraïbi, la prévention passe par la contraception d'urgence qui permet d'éviter une grossesse non désirée après un rapport sexuel non ou mal protégé. La pilule du lendemain est présente sous deux types : le Norvelo et EllaOne. Le Norvelo existe au Maroc depuis plus de deux ans. Cette pilule du lendemain permet de prévenir une grossesse jusqu'à 3 jours après le rapport sexuel non protégé. Quant à la seconde, elle peut être utilisée jusqu'à 5 jours après le rapport. Ce type de contraception permet ainsi aux femmes de se prémunir des graves répercussions d'une grossesse non planifiée. La pilule du lendemain est loin d'être ancrée dans les habitudes des Marocaines. Seule une minorité connaît son existence. L'autre moyen de prévention est l'éducation sexuelle. «Mais au-delà de la sensibilisation biomédicale et psychologique que nous visons à travers notre campagne de sensibilisation et de prévention, c'est à l'éducation sexuelle de nos citoyens et citoyennes que nous aspirons. Une éducation dont la base est le développement d'une certaine culture en concert avec toutes les parties concernées par la question, et fondée, entre autres, sur un équilibre harmonieux entre la garantie des droits fondamentaux des femmes et nos spécificités arabo-islamiques», conclut le président de l'AMLAC. Aujourd'hui, tout le problème réside au niveau de l'article 453 du code pénal. Selon le Pr Chraïbi, la question de l'avortement pourrait être facilement réglée si l'article 453 était mieux interprété et plus précis. Ainsi, selon cet article, l'avortement n'est autorisé que dans le cas où la vie ou la santé de la mère sont mis en jeu sans tenir compte de sa santé psychique. Cela dit, si l'on se réfère à la définition de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il est possible d'observer que la définition de la santé prend en compte à la fois l'aspect physique et mental: «La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité».