Quelques semaines seulement après le premier forum «à contenu général» qui a été tenu à Libreville, le Maroc et le Gabon ont eu, lundi à Rabat, une deuxième rencontre dédiée à la relance de leur partenariat. Intitulée «Forum Maroc-Gabon des affaires». la rencontre a revêtu cette fois-ci un caractère «éminemment sectoriel». En effet, si un certain nombre de cadres de la fonction et des secteurs publics y ont participé, il s'agit en priorité de permettre aux opérateurs privés des deux pays de prendre langue directement afin de donner un contenu économique à la volonté politique que les deux pays ont réaffirmée au plus haut niveau de l'Etat lors de la visite effectuée par SM le Roi en mars dernier à Libreville. Les représentants de la Fondation diplomatique et ceux de l'ambassade du Gabon au Maroc l'ont dit clairement: «Il est grand temps de dépasser le niveau des discours pour entrer résolument dans le concret». Grand temps de donner du volume au partenariat stratégique maroco-gabonais et de l'ériger en exemple de la coopération Sud-Sud, ont déclaré ensemble les intervenants à la séance inaugurale. Car, en dépit des nombreuses opportunités politiques et économiques, les échanges bilatéraux, qui pourtant bénéficient des synergies d'une solide et plusieurs fois séculaire tradition, ne sont «pas au niveau souhaité». Au cours des cinq dernières années, ils auraient même accusé une décroissance de 2,6%. Une situation qui interpelle quand elle ne préoccupe. Des intervenants ont, en effet, dit leur crainte de voir la prolongation de cette situation retarder l'évolution du partenariat «vers le point d'exemplarité auquel le désigne la qualité des relations politiques bilatérales». Mais pas seulement, ont renchéri les experts qui se sont prononcés sur les perspectives de la coopération. Si en effet les structures de la production et des échanges des deux pays avec l'étranger recèlent des similitudes, les deux économies sont néanmoins complémentaires. Interrogé à ce sujet, le ministre du transport, Aziz Rabbah, s'est montré plus optimiste en affirmant qu'à son avis tous les secteurs sont porteurs de coopération bilatérale approfondie. Opportunités que Paulette Mengue M'Owono, son homologue, a confirmées en déclarant que les potentialités de relance de partenariat existent, mais que c'est aux opérateurs du secteur privé de les saisir. Les deux responsables ont ainsi appelé les industriels et les financiers des deux pays à mettre à profit la dynamique créée par les 24 accords signés entre les deux Etats lors de la visite royale de mars pour donner plus de force à la coopération bilatérale. Mais également, ont-ils jugé, de préfigurer celle qui ne manquera pas de s'instaurer entre la partie nord du continent et la Zemac, la Zone économique et monétaire de l'Afrique centrale, «dont le Gabon est indéniablement le pivot». Car, pour le moment, le partenariat est à peine honorable. Des multiples potentialités offertes par l'économie du Gabon, seules la pêche, l'agriculture, l'agroalimentaire et la finance sont réellement exploitées. L'investissement marocain n'a réalisé que 13% de plus l'année écoulée quand l'habitat et le tourisme, «pour ne prendre que ces exemples», présentent de grandes perspectives de développement. En même temps que ces potentialités, le Gabon offre de grandes possibilités dans le domaine forestier – il est qualifié de deuxième poumon de la planète-, sur le plan des énergies -dont les renouvelables- et sur celui des minerais. C'est en particulier dans ce dernier secteur que le partenariat a enregistré l'un de ses résultats les plus marquants. Et le forum s'en est félicité en citant comme exemple à suivre le contrat qui a été signé entre OCP et l'entité chargée de l'exploitation et de la valorisation des phosphates au Gabon. Parmi ses retombées, celle-ci qui a particulièrement retenu l'attention : participer à assurer la sécurité alimentaire dans la région centrale de l'Afrique. Ce message, c'est sans doute la marque de fabrique de ce deuxième forum dont les travaux dureront deux jours. Il a non seulement pour objectif de mettre les opérateurs des deux pays en situation de «B2B» afin de préciser les accords de Libreville, mais sans doute aussi, de les convaincre que ce faisant, ils s'engagent dans la réalisation d'un destin plus vaste.