Algérie. Les Aârouch de Kabylie ont appelé samedi au rejet des élections législatives du 30 mai prochain, alors que le gouvernement parle de contacts avec toutes les composantes du mouvement. Cette décision, contenue dans un texte publié samedi par le quotidien algérien Le Matin, a été prise par la «Coordination inter-wilayas des Aârouch, dairas et communes» (CADC), lors d'une réunion tenue vendredi à Bechloul, 120 km à l'Est d'Alger. Le mouvement qualifie ainsi la situation dans le pays de « ramatique à tous les niveaux». «Peut-on réellement croire que ces élections apportent un quelconque changement au quotidien de l'Algérien ?», interroge le communiqué de la CADC qui estime que cette «énième farce électorale » constitue une « opération spectacle ». Le mouvement des Aârouch appelle ainsi « l'ensemble de la société civile» à « participer activement et massivement à l'action de rejet et de discrédit de cette énième mascarade ». Lors d'une intervention télévisée vendredi dernier, le ministre de l'Intérieur algérien, Yazid Zerhouni, avait pourtant laissé entendre que l'Administration était en contact avec les Aârouch, même les plus «radicaux». Ce que le mouvement a démenti le lendemain, estimant qu'il n'y a aucun dialogue possible sans une satisfaction de la plate-forme d'El Kseur. Le ministre de l'Intérieur a également déclaré ne pas douter de la réussite de la démarche du président Bouteflika, dont une rencontre avec les Aârouch est toujours à l'ordre du jour. « Je lui fais confiance, il réussira », a-t-il dit en soulignant que l'administration est en contact avec les « dialoguistes » et l'aile radicale. La CADC continue quant à elle sa campagne de boycott et prépare à cet égard une série de meetings d'information, dont une dizaine sont déjà prévus cette semaine à Tizi Ouzou. La coordination des Aârouch, issue des événements du «Printemps noir» 2001 - après la mort d'un lycéen à la gendarmerie de Béni Douala, près de Tizi Ouzou (100 km à l'Est d'Alger) -, exige l'application intégrale de la Plate forme d'El Kseur. Celle-ci comprend 15 revendications, dont la reconnaissance de tamazight en tant que langue nationale et officielle et le départ total de la gendarmerie de la région.