A l'heure où je suis en train de commettre ces lignes que je souhaiterais roses parce que les rouges – dont, d'ailleurs, personne ne connaît les bornes - ne sont pas très loin, j'ignore si le nouvel-ancien gouvernement est nommé ou pas encore. Personnellement, je n'en attends pas grand-chose, mais, et que son annonce se fasse aujourd'hui, demain ou dans un mois, je n'en fais pas une fixation. C'est vrai que c'est un peu embêtant pour le citoyen que j'essaye d'être d'avoir conscience de naviguer dans un navire sans gouvernail, mais, gouvernement ou pas, je vois que ça marche quand même. Enfin… quand je dis «ça marche», je veux dire que ça n'arrête pas. D'ailleurs, au moment où on nous parle de négociations musclées sur le nombre de postes ministériels à préserver ou à accorder à chacun des partis en lice, les ministres toujours en poste ne laissent pas tomber les affaires dites courantes. La preuve, c'est qu'ils n'ont pas attendu d'être reconduits dans la nouvelle équipe - ou reconduits vers la porte – pour prendre une décision, sans doute légitime et justifiée, mais, franchement, je ne pense pas que ça soit vraiment le moment. Bien entendu, je parle de l'augmentation, la 2ème du mandat, des prix des carburants. Vous vous rappelez sûrement du boucan qui a été déclenché par la première hausse. Je suis peut-être bien naïf ou bien je ne connais rien aux stratégies mystérieuses de pouvoir, mais je vous assure que je n'arrive pas à comprendre pourquoi on n'a pas attendu que le gouvernement remanié soit désigné et opérationnel, avant de prendre une initiative, certes très audacieuse, mais surtout très impopulaire. Je ne voudrais pas jouer une fois encore mon populo-démago, mais j'ai bien peur que ce dirham de plus ne soit le dirham de trop. J'espère vraiment que certains faux frères ne vont pas en profiter pour sortir leurs discours enflammés sur le «peuple en détresse», alors qu'ils sont les premiers à le stresser avec leurs arguments biscornus et leurs bagarres de chiffonniers. A ce propos, je dois dire que certains de nos prétendus dirigeants manquent affreusement d'étoffe. Un jour, ils disent une chose, et le lendemain, ils affirment le contraire. Et pour se justifier, ils ressortent une formule aussi vieille qu'éculée : «la politique, c'est l'art du possible». Bof ! D'abord, je ne vois pas ce que l'art vient faire dans cette galère, et puis, messieurs les politiciens, s'il vous plaît, la prochaine fois que vous ferez une promesse alléchante et salivante, empressez-vous de préciser que vous n'allez la tenir que si, et seulement si, cela serait possible. Je sais bien que beaucoup d'entre vous finissent toujours leurs discours par un «inchallah» émouvant et démagogique, mais là aussi, je vous prie de bien vouloir ne plus mêler notre bon Dieu à vos fausses promesses. Et qu'est-ce qu'ils parlent, ces gens-là ! Chiffres à l'appui: selon la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle) le gouvernement a accaparé 56,35% du temps de parole dans les médias audiovisuels publics, avec une durée de 29 heures, 52 minutes et 58 secondes, et ce, durant le seul 1er trimestre de l'année 2013. Le chef de gouvernement a occupé, à lui seul, 4,49% du temps de parole avec 2 heures, 23 minutes et 1 seconde. Et tout cela pour dire quoi ? Que tout va très bien, et si jamais ça va très mal, c'est tout simplement parce que «la politique, c'est l'art du possible» et patati et patata… Oui, d'accord, je ne suis pas très gentil avec ce pauvre gouvernement qui n'arrive pas encore à trouver son chemin, mais je me demande parfois si vraiment il sait où il veut nous mener. En attendant le prochain qui, nous promet-on, ne saurait tarder, espérons qu'avec celui-là, on saura au moins à quelle sauce on sera bouffés. Ça serait toujours ça de gagné. Bon vendredi 13, bon week-end et bonne chance à tous et à toutes. Inchallah.