...engourdissement. Oui, je suis d'accord, ce n'est pas génial comme titre, mais j'espère au moins que vous avez deviné la source d'inspiration. En plus, découpé comme ça, je reconnais qu'il doit paraître un peu bizarre. En fait, même je ne suis pas obligé de vous donner d'explication, puisque, à ce que sache, je suis protégé à la fois par toutes les Conventions de Genève et par les résolutions pertinentes de notre CCDH local, dont je salue au passage les heureux et bien chanceux dirigeants, je vais vous dire quand même qu'il y a deux raisons à ce titre plus que biscornu. Il y a, d'abord, une contrainte d'ordre technique, mais dont la rédaction m'a assuré du caractère exceptionnel ; ensuite, je n'ai pas trouvé mieux pour exprimer, avec, je le reconnais, une cynique arrière-pensée, mon sentiment le plus profond sur ce qui est en train d'arriver à un des ex-plus grands partis de notre pays, et qui fait tout naturellement la Une de quasiment tous les journaux de ce mercredi. Etant un lecteur assez embêtant mais assidu de notre presse nationale, qui devrait d'ailleurs se presser de se remettre en question, je puis vous assurer que ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance d'avoir du titre aussi sympa – je ne parle pas du mien bien sûr – et, surtout, aussi... comment dire... aussi bouleversant : «Trois membres du Bureau politique de l'USFP gèlent leur participation dans cette instance». «Gèlent» ? Vous vous rendez compte ? Ça donne froid dans le dos. Et puis, ce n'est pas un, pas deux, mais trois ! Trois ? D'un coup ?!? Je n'en reviens pas ! De mémoire de billettiste qui n'en a presque pas, je n'ai jamais vu ça ! Non, bien entendu, c'est déjà arrivé chez d'autres, et d'une manière encore plus massive, comme, par exemple, chez ces fameux «partis de l'administration»... Mais, là, c'est très différent. Ailleurs, les gens claquent la porte ou bien on la leur claque dans la tronche, quittent le foyer partisan pour rejoindre les voisins, ou, carrément, pour en fonder un autre juste à côté. Or, dans le cas d'espèce, nos éminents mécontents, vraisemblablement conscients de la lourde responsabilité qui est la leur - et qui n'est, entre nous, qu'un leurre - n'abandonnent pas le navire chavirant - même si, à mon humble connaissance, ce ne sont ni eux ni les autres «frères» qui tiennent le gouvernail, et encore moins, le gouvernement - mais décident seulement de «geler» leur participation au Bureau politique, et plus précisément, à ses réunions, devenues d'ailleurs, de plus en plus rares et de plus en plus consensuelles. En vérité, je pense que ça doit être encore plus subtil. Il ne faut pas que nous soyons primaires et interprétions ce «gel» comme un acte de cuisine, comme, par exemple, une mise au frigo d'un poulet pour qu'il garde sa fraîcheur. Tout d'abord, je crois que nos trois «gelés» ne sont pas ce qu'on peut appeler des «surgelés», sauf, peut être, un, et pour lequel personnellement j'ai toujours eu beaucoup d'affection du temps où «La Maison du Maroc» de Paris était particulièrement chaude, mais néanmoins chaleureuse. En tout cas, je dois le reconnaître, je n'ai pas toujours été très tendre avec eux, mais ce ne sont pas des givrés. D'ailleurs, le communiqué qu'ils ont publié à cette occasion est éloquent. Ne pouvant pas tout mettre, je vais me contenter de quelques mots qui sont plus que parlants : «le mode de «consensus» (je vous l'avais bien dit...) au sein de l'USFP est une «entrave» à l'évolution de l'action politique » et sert «des intérêts personnels». Eh ben ! Ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère ! Je ne sais pas où tout ça va nous mener, mais, moi, ces gels, ça me fait vraiment chaud au cœur.