La corruption continue de sévir. Les actions menées par le gouvernement pour lutter contre le fléau demeurent insuffisantes aux yeux de Transparency Maroc. Dans son rapport moral 2012, l'ONG pointe du doigt la politique «hésitante» du gouvernement en notant que celle-ci «tolère» et «cohabite» avec l'impunité. «Un an après son investiture, le gouvernement ne montre aucun signe de détermination dans la lutte contre la corruption et c'est plus un sentiment de scepticisme, voire de désillusion, qui domine dans l'opinion publique», indique le rapport. Transparency Maroc qui réclame des mesures concrètes et une stratégie nationale de lutte contre la corruption de la part de gouvernement. Telles sont les principales revendications qui avaient été adressées au chef du gouvernement dans une lettre ouverte en date du 7 décembre 2012. Pour l'ONG, il est clair que le lancement d'une campagne de communication quelques jours après la publication de cette lettre témoigne de l'absence d'une stratégie du gouvernement. Transparency Maroc ne manque pas de dénoncer dans son rapport une faible production législative en relevant l'adoption d'une seule loi organique : la loi relative aux nominations. Quant aux textes réglementaires, les décrets sur les marchés publics et sur l'organisation des nominations figurent parmi les textes les plus importants qui ont été adoptés en 2012. Par ailleurs, le rapport dresse un bilan des plaintes qui ont été reçues au niveau des différents centres d'assistance juridique anti-corruption (Cajac). Les statistiques montrent que les cas de corruption dénoncés sont en hausse. Le nombre de plaintes reçues en 2012 par le Cajac de Rabat a augmenté de 43% par rapport à l'année précédente. En 2011, 547 plaintes étaient parvenues au centre contre 780 en 2012. Néanmoins, les dossiers ouverts durant la même période ne représentent que 15% des cas reçus contre 79% en 2011. L'ONG explique cette baisse par une meilleure identification de la nature des plaintes par le Cajac qui ne traite que celles pour lesquelles le plaignant a fourni des informations ou des documents rendant vraisemblable la corruption. Notons que les Cajac de Fès et de Nador qui ont ouvert leurs portes en 2012, ont reçu respectivement 140 et 130 plaintes avec un taux de 21% de dossiers ouverts pour le premier et de 9% pour le second. Le Cajac continue de saisir les administrations concernées pour leur transmettre les plaintes reçues, mais le taux des réponses reste relativement faible (25%). Quant à la stratégie 2012-2016 de Transparency Maroc, celle-ci s'articule autour de six axes prioritaires. Il s'agit tout d'abord de faire de la lutte contre la corruption la cause de tous et de conduire les principales institutions ainsi que les entreprises (publiques et privées) à se fixer des objectifs pour l'amélioration de la transparence dans les marchés publics, le traitement des réclamations et la protection des personnes physiques et morales. Il est aussi question de renforcer l'action pour obtenir des résultats pour la réduction de l'impunité et l'édification d'un système judiciaire indépendant et équitable. L'ONG entend également promouvoir les comportements et les attitudes d'intégrité en ciblant particulièrement les jeunes, les universitaires et les futurs dirigeants. Cette stratégie vise également à développer la réactivité, la performance et l'impact de l'action de l'association à tous les niveaux par le recours approprié à l'interpellation.