En 2011, le Centre d'assistance juridique anti-corruption de Rabat a reçu 547 plaintes contre 835 en 2010. Le constat est là : le Maroc continue de s'enliser dans une corruption endémique. Dans son rapport moral 2011, qui sera présenté, samedi 21 janvier, lors de l'assemblée générale élective de Transparency Maroc, l'association dresse un tableau plutôt sombre de la situation au Maroc. L'association ne manque pas de rappeler la mauvaise note du Royaume dans le cadre de l'Indice de perception de la corruption (ICP) 2011 ainsi que plusieurs affaires de corruption qui ont éclaté grâce au Mouvement du 20 février. A ce sujet, le rapport relève les conditions opaques de délégation de la gestion des services publics et de la protection dont continuent de bénéficier les concessionnaires au détriment des usagers en citant Amendis et la Lydec. Parmi les autres exemples cités figurent notamment l'attribution du TGV sans appel à la concurrence ou encore la crise du transport urbain à Rabat. Par ailleurs, le rapport mentionne que l'Observatoire de Transparency Maroc a suivi plusieurs autres affaires relatives à la corruption qui confirment l'impunité dont bénéficient les détenteurs du pouvoir tant au plan politique que juridique : ministre de la jeunesse et des sports, attribution de lots et de résidences, mutation simulée par le ministère des affaires étrangères….A travers ce document, Transparency Maroc dénonce la passivité dont font preuve les pouvoirs publics à l'égard de l'impunité et de l'aggravation de la corruption. Pour l'association, il est impératif d'identifier l'ensemble des causes de la corruption et d'engager une stratégie nationale pour combattre ce fléau. «Dans le contexte d'une corruption endémique, entretenue par l'impunité des dirigeants et une justice inefficace et subordonnée, les réformes constitutionnelles, législatives et institutionnelles ne peuvent porter une politique efficiente de lutte contre la corruption que pour autant qu'elles trouvent appui sur la confiance politique», note le rapport. S'agissant des chantiers publics de la gouvernance, Transparency Maroc relève que dans le secteur de la justice,les mesures de réforme adoptées depuis la nouvelle Constitution n'annoncent «aucun changement» dans la manière d'administrer la question judiciaire. Pour l'association, la réforme de la justice doit cesser de faire l'objet «de bricolage dans les arcanes du ministère de la justice» et elle doit prendre la place centrale qui lui revient dans le débat politique sur la gouvernance publique. Par ailleurs, le rapport dresse un bilan des actions menées par Transparency Maroc en 2011. A commencer par les plaintes reçues par le Centre d'assistance juridique anti-corruption ( CAJAC) de Rabat qui ont connu une baisse de 20% par rapport à 2010. En 2011, le centre a ainsi reçu 547 plaintes contre 835 en 2010. En août 2011,Transparency Maroc a mis en place un deuxième CAJAC dans la ville de Fès. Le nouveau centre de Fès, qui a démarré effectivement ses activités en septembre 2011, a reçu 35 plaintes et ouvert 15 dossiers. Après Rabat, et Fès, un troisième CAJAC ouvre ses portes à Nador. L'inauguration de ce nouveau centre a eu lieu, lundi 16 janvier, en présence de Jos Van Aggelen, ambassadeur des Pays-Bas au Maroc et Rachid Filali Meknassi, secrétaire général de Transparency Maroc. Parmi les autres actions menées par Transparency Maroc, il y a lieu de relever que l'association s'est aussi constituée partie civile dans une affaire de corruption flagrante relative au marché de gros des fruits et légumes de Casablanca.