Les résultats de l'Enquête sur la Population Active (EPA) du premier trimestre de 2011 ont révélé l'effondrement du marché du travail en Espagne, l'augmentation du nombre des jeunes en quête d'un emploi et celui des ménages dont tous leurs membres adultes sont en chômage. Ce qui peut être particulièrement retenu de l'EPA est que le taux de chômage des immigrés est 52% de plus que celui des autochtones, une donnée qui démontre clairement que ce collectif paie la facture de la crise économique. L'EPA a dévoilé d'autres carences de la politique sociale adoptée par les socialistes en dépit des divers remèdes appliqués depuis le déclenchement de la crise économique, au début de 2007. Actuellement, ce sont 1.380.000 ménages en Espagne dont tous les membres actifs sont en chômage. Comme un leitmotiv, les travailleurs revendiquent l'amélioration de leurs droits dans les négociations des conventions collectives entre syndicats et patronat pour préserver leur pouvoir d'achat. La grogne est énorme devant l'impact des résultats de l'EPA (réalisée par l'Institut espagnol de la Statistique, INE) sur l'ensemble de la société. Personne ne s'attendait à l'hécatombe du marché de l'emploi en l'espace d'un an avec 4.910.200 sans emploi (à fin mars) pour atteindre un taux de chômage de 21,29% de la population active. C'est un indice qui le triple de celui de l'Allemagne. En l'espace de dix ans, le taux de chômage a doublé. Il était de 10,6% en 2001 mais la destruction des emplois a pris un rythme frénétique depuis que les grandes compagnies de construction se sont déclarées en banqueroute. Au premier trimestre de 2008, il y avait 2.174.200 sans emploi (9,63% de la population active), chiffre qui allait atteindre 4.010.700 personnes en chômage au premier trimestre de 2009 (17,36% de la population active) et 4.612.700 à la même période de 2010 (20,05%). Cette évolution exponentielle a résisté à toutes les formules testées par le gouvernement socialiste qui a dû recourir à l'application de réformes impopulaires, drastiques et coûteuses en termes politiques. Dans l'immédiat, elles lui ont coûté une cuisante défaite aux dernières élections locales et régionales. Outre les mesures d'austérité, l'augmentation de la pression fiscale et des tarifs de carburants, gaz et de l'électricité, le gouvernement a supprimé certaines prestations dont bénéficiaient les chômeurs de longue durée. Les jeunes occupent désormais les places centrales des grandes villes pour protester contre l'indifférence des partis politiques et les hauts taux de chômage qui touchent les moins de 34 ans, particulièrement les diplômés universitaires. L'EPA apporte, en réalité, des données qui donnent à réfléchir. Le pays se place dans un véritable état d'alerte à cause d'une crise économique qui fouette impitoyablement les catégories sociales vulnérables (jeunes lauréats des universités et centres de formation, immigrés et retraités), torpille l'état du bien-être social et attise le déficit public. Que dit la dernière Enquête sur la Population Active en Espagne? De janvier à mars, le total de la population active occupée en Espagne (l'ensemble des travailleurs cotisant à la Sécurité Sociale) s'est élevé à 18.151.700, soit 256.500 personnes de moins en comparaison avec le quatrième trimestre de 2010. Le taux interannuel de variation de l'emploi (mars 2010 – mars 2011) est de - 1,32%. D'autant plus, la population active a diminué de 42.900 personnes durant le premier trimestre de l'année en cours alors que le nombre des chômeurs a augmenté de 213.500 personnes, ce qui porte le total des sans-emploi à 4.910.200, soit un taux de 21,29%. Selon les catégories d'âge, l'emploi augmente au sein des personnes de plus de 50 ans et diminue parmi les jeunes. Tous les secteurs ont souffert de la perte d'activité: l'industrie (- 82.200), le bâtiment (- 78.500), les services (- 74.600) et l'agriculture (- 21.300). Par nationalité, le nombre d'occupés étrangers descend de 78.000 et celui des espagnols le fait avec 178.500. Néanmoins, le taux d'activité des espagnols est supérieur de 18 points par rapport à celui des étrangers dont le taux de chômage est de 32%, soit 12 points au-dessus du taux moyen national (21,29%). La dégradation du marché du travail a eu immédiatement une incidence sur le pouvoir d'achat au sein de la société puisque le total des ménages dont tous leurs membres actifs en chômage s'est renforcé avec l'arrivée de 58.000 nouvelles unités pour atteindre 1.386.000 ménages. En un an, le nombre des ménages dont tous leurs membres actifs sont occupés s'est réduit de 154.600 unités pour être ramené à 9.066.000 unités. C'est la donnée la plus douloureuse que puisse analyser tout chercheur, décideur politique ou journaliste. Au niveau régional, les taux de chômage oscillent entre 11,61% au pays basque (Nord) et 29,68% en Andalousie (Sud). Cependant, le taux de chômage juvénile a atteint 45%. A titre d'exemple, l'Espagne compte 867.200 de moins de 24 ans en chômage ont été recensés au premier trimestre de 2011, soit 26.700 de plus depuis fin décembre dernier. Face à ce panorama, l'Espagne est appelée à relever le défi de la crise économique. La meilleure voie passe par la mise en marche d'un modèle de croissance durable basé sur la protection des sans - emplois, l'égalité en termes de protection des droits et prestations sociales, et, sur la garantie d'un emploi digne pour tous les citoyens (autochtones et immigrés).