Les factions palestiniennes du Fatah -au pouvoir en Cisjordanie- et du Hamas -qui contrôle Gaza- ont célébré mercredi au Caire leurs retrouvailles et la fin de la «page noire de leur division», Israël dénonçant pour sa part un «coup dur pour la paix». «Nous annonçons que nous tournons pour l'éternité la page noire de la division», a déclaré le président palestinien et chef du Fatah Mahmoud Abbas lors d'une cérémonie marquant la conclusion d'un accord de réconciliation interpalestinen. M. Abbas a également mis en demeure Israël, très hostile à cet accord, de «choisir entre la colonisation et la paix». Le chef du bureau politique du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaal, a déclaré pour sa part lors de cette cérémonie solennelle que «notre seul combat est contre Israël», et que le temps des antagonismes et des violences qui ont miné le camp palestinien était «derrière nous». La dernière rencontre entre les deux frères ennemis remonte à avril 2007, quelques semaines avant la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, qui avait marqué la rupture entre les deux mouvements rivaux. L'accord a été célébré par des manifestations de joie de jeunes Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie brandissant des drapeaux. Une étudiante a assuré qu'il s'agissait «d'un des jours les plus importants de la cause palestinienne». L'accord, paraphé la semaine dernière par le Fatah et le Hamas et signé mardi au Caire par l'ensemble des factions palestiniennes, prévoit la constitution d'un gouvernement composé de technocrates, en vue d'élections présidentielle et législatives d'ici à un an. L'accord est depuis son annonce vivement dénoncé par Israël, qui y voit un renforcement du Hamas, considéré par l'Etat hébreu comme une organisation terroriste. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en visite à Londres, a dénoncé «un coup dur pour la paix et une grande victoire pour le terrorisme». M. Netanyahu a à de multiples reprises affirmé que l'entente Fatah-Hamas était une menace pour la reprise de pourparlers de paix avec Israël, actuellement bloqués par les divergences sur la question de la colonisation israélienne Cisjordanie. Il estime également que cet accord doit dissuader la communauté internationale de reconnaître un Etat palestinien sans accord préalable avec l'Etat hébreu. M. Abbas a répondu à ces critiques en déclarant que «nous sommes certains de réussir tant que nous serons unis (...) la réconciliation ouvre la voie non seulement à la remise en ordre de la maison palestinienne, mais aussi à une paix juste». M. Mechaal a de son côté plaidé pour l'«établissement d'un Etat palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avec Jérusalem pour capitale, sans renoncer d'un pouce au droit au retour» des Palestiniens. La cérémonie s'est déroulée en présence de représentants d'une dizaine de factions palestiniennes, en plus du Fatah et du Hamas. Malgré les promesses d'unité retrouvée, elle a débuté avec environ une heure de retard, en raison, selon des sources palestiniennes, de questions de protocole entre MM. Abbas et Mechaal. La cérémonie s'est tenue en présence du secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa et des deux principaux médiateurs égyptiens, le ministre des Affaires étrangères Nabil al-Arabi et le chef des renseignements Mourad Mouafi. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a annoncé y avoir dépêché son émissaire pour le Proche-Orient, Robert Serry. Trois députés arabes israéliens ont également assisté à cette cérémonie. Depuis les Etats-Unis, l'ancien président américain et prix Nobel de la paix Jimmy Carter a appelé Washington et la communauté internationale à soutenir cet accord, estimant qu'il pouvait conduire à la paix au Proche-Orient.