Le 2 avril de chaque année, journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, l'on se rappelle qu'il existe parmi nous des enfants «différents» car atteints de cette pathologie que la communauté scientifique définit comme un trouble envahissant du développement. Faut-il encore rappeler que l'autisme apparaît avant l'âge de 3 ans, avec comme syndrome une altération des interactions sociales, de la communication verbale, non verbale, de l'imagination, doublée d'un caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, intérêts et activités. Dans le sillage du mot d'ordre de cette année, l'autisme met les parents et les médecins devant le défi du diagnostic précoce qui est à même de permettre le règlement d'un bon nombres d'obstacles à l'insertion des enfants autistes dans la société. Les statistiques de prévalence au Maroc démontrent qu'un enfant sur 66 ou 100 serait atteint d'autisme, selon une association active dans ce domaine «Vaincre l'autisme». Un chiffre difficile à vérifier en l'absence de consensus parmi les différentes parties concernées. Quoi qu'il en soit, le parcours des parents d'enfants autistes reste un «parcours de combattant», tantôt dirigé vers un pédiatre, un psychiatre, tantôt vers un neurologue. Leur seul souhait est d'obtenir un diagnostic clair et définitif de la pathologie. «L'enfant autiste viendra complètement déstabiliser la famille et l'environnement familial», comme le souligne, avec résignation, le psychiatre Mohamed Benchekroun. La vie des familles devient «pénible», poursuit-il, car l'enfant autiste ne jouit pas forcément d'une assistance médicale spécialisée et ses parents n'ont pas forcément les moyens de subvenir aux charges élevées qu'implique la prise en charge pédagogique, éducative et thérapeutique de l'enfant. Un avis que partage la directrice du centre «la passerelle» de l'association des parents et amis d'enfants psychotiques à Rabat, Mme Amina Idrissi, qui constate un manque au niveau «de la formation d'un personnel qualifié pour ce genre de pathologies, l'absence d'assistance pour les familles nécessiteuses et de centres spécialisés dans les régions les plus reculés du pays». Cette militante associative, qui œuvre depuis 1994 pour la cause des personnes atteintes d'autisme, insiste sur l'insertion des malades dans la société et la nécessité du respect de cette pathologie et d'acceptation de l'autre, du fait que les enfants «sont capables de produire et de réaliser des progrès», mais seulement si «des personnes qualifiées et une volonté d'insertion apparaissent dans la société». Abondant dans le même sens, la présidente du collectif Autisme Maroc, Mme Mina Maad, déclare qu'»il n'existe malheureusement pas encore de structures adaptées pour accueillir les personnes autistes». L'annonce du handicap est «une épreuve douloureuse et l'errance pour trouver une +solution+ l'est encore plus», relate Mme Maad. «L'idéal pour tout parent serait de recevoir pour son enfant un diagnostic fiable avec un projet éducatif individualisé» qui pourrait regrouper des activités récréatives, sportives ou professionnelles selon les capacités et l'âge», explique-t-elle, estimant que cela permettrait à l'enfant autiste d'être autonome mais aussi accepté dans la société. Pourquoi le principe de diagnostic précoce revient avec insistance? «Plus, il est précoce et affiné, plus les chances d'insérer l'enfant dans la société sont plus importantes», répond le docteur Benchekroun, qui insiste sur la nécessité d'assurer une «étroite collaboration entre les familles et les professionnels dans l'intérêt de l'enfant et pour une meilleure compréhension de la pathologie». Donc, prendre un enfant autiste par la main est la réponse citoyenne à un mal qui déchire des familles et qui peut fatalement s'abattre sur n'importe qui. Raison pour laquelle la société se doit de trouver un cadre normal pour des enfants «différents». (MAP).