Une quarantaine de pays et d'organisations membres du groupe de contact sur la Libye créé dans la foulée de frappes militaires se retrouvent mardi à Londres pour tenter de définir l'avenir du pays après Kadhafi. La principale force d'opposition, le Conseil national de transition (CNT), est invitée dans la capitale britannique sans pour autant siéger à la conférence, pour au moins trois raisons. Le CNT n'est pas reconnu par la communauté internationale. La résolution 1973 de l'ONU -- qui autorise l'intervention militaire pour protéger les civils libyens -- ne donne aucun mandat en vue d'un changement de régime. L'opposition libyenne apparaît largement divisée. Arrivée de bonne heure, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a immédiatement rencontré Mahmoud Jibril, responsable des affaires internationales du CNT, qualifié de «gouvernement» de la rébellion. L'entourage de Mme Clinton a aussi confirmé l'envoi «très rapidement» d'un diplomate, Chris Stevens, à Benghazi, le fief de la rébellion dans l'est de la Libye, en vue d'établir un canal de communication avec l'opposition. M. Jibril a par ailleurs été reçu par le chef de la diplomatie britannique, William Hague. «Le CNT est un interlocuteur important et légitime, et le Royaume-Uni s'est engagé à renforcer nos contacts avec un éventail de membres de l'opposition libyenne», a commenté M. Hague. Le Foreign office a insisté ces derniers jours sur la nécessité «de mieux connaître» l'opposition, en se gardant d'emboîter immédiatement le pas au président français Nicolas Sarkozy, premier à reconnaître officiellement la CNT. La réunion de Londres, qui commence mardi à 14H00 GMT, vise un triple objectif: afficher l'unité la plus large possible après une semaine d'atermoiements avant que soit confié le commandement des opérations à l'Otan, discuter des besoins humanitaires de la population libyenne, et plus délicat encore, envisager la suite politique des événements. Le président Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron ont insisté dans une déclaration conjointe sur le fait que le colonel Mouammar Kadhafi «a perdu toute légitimité», appelant l'opposition à s'unir et les caciques du régime à faire défection. Le départ de Kadhafi n'étant pas un but de guerre reconnu, les participants évoquent souvent son départ de manière elliptique, prenant soin de préciser qu'il appartient au peuple libyen de se déterminer. Le président américain Barack Obama a ainsi réaffirmé lundi soir qu'il n'était pas question de réitérer l'erreur de l'invasion irakienne, en reconnaissant qu'une transition démocratique serait une «tâche difficile». Le sort de Kadhafi reste quant à lui largement tabou. L'Italie a envisagé une formule d'exil. Plusieurs capitales, dont Londres, sont d'abord apparues hostiles à toute formule qui permettrait au dictateur d'échapper à des poursuites mais elles pourraient infléchir leur position. «Bien entendu, je crois qu'il devrait faire face à la Cour pénale internationale (CPI, dont le siège est à La Haye) mais là où il va, s'il s'en va, dépend de lui», a déclaré mardi M. Hague. Un exil reste «juridiquement» une possibilité, étant donné que Kadhafi n'est «pas encore» accusé ou recherché par la CPI, a pour sa part déclaré la ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez. La liste des participants communiquée en fin de matinée par le Foreign Office fait état de la présence de 36 pays, dont le Koweït, la Jordanie, le Liban, le Maroc, Qatar, la Tunisie, la Turquie et les Emirats arabes unis. Mais si l'Otan et l'ONU sont représentés au plus haut niveau, la Ligue arabe -- dont le soutien est jugé critique -- n'a dépêché qu'un ambassadeur, Hesham Youssef. L'Union africaine n'est pas représentée.