La diplomatie américaine vient de perdre l'un de ses serviteurs les plus anciens. Richard Holbrooke – envoyé personnel du président Barack Obama pour l'Afghanistan et le Pakistan – est décédé lundi dans un hôpital de Washington. Samedi dernier il avait subi une opération de l'aorte suite à une complication subite, survenue la veille. Surnommé «le bulldozer», Holbrooke était surtout connu comme l'artisan des accords de Dayton, qui avaient mis fin en 1995 à 43 mois de guerre en Bosnie-Herzégovine. Son surnom il le doit autant à sa carrure, qu'à sa ténacité autour d'une table de négociation. L'ancien secrétaire d'état Henry Kissinger le décrivais en usant de l'anecdote suivante : «si Richard vous appelle pour vous demandez quelque chose, répondez oui, tout de suite ! Car si vous dites non, vous allez – de toute façon - finir par dire oui ; mais après un petit détour qui aura été très douloureux pour vos nerfs» ! Souvent décrit comme «le tacticien le plus coriace de la diplomatie américaine» et comme «le diplomate de la dernière chance», Holbrooke connaissait les arcanes diplomatiques de Washington sur le bout des doigts. Il avait à peine 21 ans quand il a commencé sa carrière comme attaché diplomatique au Vietnam en 1962. C'était juste après la fin de ses études à l'université de Brown. Par la suite il sera le plus jeune membre de la délégation américaine aux pourparlers de paix au Vietnam, tenus à Paris à la fin des années soixante. La secrétaire d'état Hillary Clinton lui a rendu un hommage appuyé, en disant qu'il était l'un des piliers de la diplomatie américaine durant presque un demi-siècle. Et d'ajouter que ceux qui avaient fait l'expérience de s'assoir en face de Holbrooke pendant une négociation, l'ont souvent regretté, car «il ne s'avouait jamais vaincu» ! En 1976 Holbrooke avait intégré l'administration du président Jimmy Carter comme adjoint au secrétaire d'état chargé des affaires asiatiques. Il a également était ambassadeur en Allemagne et représentant permanent de son pays aux Nations Unies. Né en 1941 à New York, Holbrooke était marié à la journaliste et écrivaine Kati Marton. Il avait été nominé à sept reprises pour le prix Nobel de la Paix.