Hommage à légende vivante du 7ème art mondial DNES à Marrakech: Mohamed Nait Youssef Il a été reçu comme il se doit ; dans la joie et l'hospitalité habituelles de la cité heureuse. La ville rouge et son festival international du film ont rendu, lundi 02 décembre, un hommage mémorable et époustouflant à David Cronenberg, une légende vivante du 7ème art mondial et maître du cinéma d'horreur corporel, dans le cadre de la 21ème édition du festival international du film de Marrakech. Un condensé d'émotions. Un tonnerre d'applaudissements pour l'immense acteur et cinéaste. La salle des ministres du palais des congrès a abrité, lundi soir, l'un des hommages émouvants et singuliers du FIFM. Un hommage pas comme les autres... « Cela fait des années que j'entends dire que le festival du film de Marrakech est merveilleux, et maintenant les étoiles se sont enfin alignées et je suis ici à Marrakech. Mais pas seulement pour vivre le festival, mais pour recevoir l'étoile d'Or. Ce prix prestigieux qui couronne mon travail d'un demi-siècle.», a déclaré David Cronenberg dans son mot solennel prononcé lors de son hommage. Le ténor du cinéma n'a pas caché sa joie et son émotion forte et sincère. « Quel plaisir et quel honneur ! Et en parlant d'étoiles alignées, la liste de ceux qui ont reçu ce prix avant moi est absolument fabuleuse. C'est pour moi un grand honneur et une grande fierté de faire partie de ceux qui, par leur art cinématographique, ont tenté de donner un sens à ce monde et à nos existences mutuellement dépendantes. », a-t-il révélé. Et d'ajouter : « pour tout cela, et pour la magnifique hospitalité de ce pays, je dois remercier Sa Majesté le Roi Mohammed VI et son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid. » Il est inutile de le présenter en deux mots. Il est à la fois réalisateur, acteur, producteur et scénariste dont l'œuvre et la filmographie ont traversé les temps et les générations. Un visage unique, un charisme hors-pair Un visage unique, un charisme exceptionnel, ses rôles incarnés avec beaucoup de talent, d'audace et de maîtrise technique et artistique ont fait de lui un nom essentiel de la scène artistique et cinématographique internationale. Durant les longues années de sa carrière, l'acteur et réalisateur a tant exploré l'horreur corporelle pour donner le meilleur au grand écran et aux amoureux du cinéma. « La Mouche », «Cabal» (Nightbreed de Clive Barker), «Prête à tout», «Mesure d'urgence», «Jason X », «Cosmopolis», puisé du roman éponyme de Don DeLillo, «Maps to the Stars» ou encore «Les Linceuls » (The Shrouds) ont marqué sa carrière longue, riche, distinguée et prolifique. Mêler le grotesque à la profondeur ... « C'est avec beaucoup d'émotion que je me tiens ici ce soir pour honorer un homme et un réalisateur que j'admire depuis toujours et avec qui, par miracle j'ai eu la chance de travailler : David Cronenberg. », a témoigné l'actrice allemande, Diane Kruger. L'œuvre de David, dit-elle, a laissé une marque indélébile sur l'industrie cinématographique définissant une ère qui mêle le grotesque à la profondeur et remet en question nos perceptions de la réalité et de l'identité. La liste de ses films exceptionnels est longue et riche. « Si l'on peut considérer ses films comme des explorations de l'horreur corporelle et des thrillers psychologiques, ils sont également ancrés dans la profondeur émotionnelle laissant souvent le public aux prises avec des thèmes complexes. », a-t-elle expliqué. Allier le malaise à la clairvoyance... D'après Diane Kruger, David Cronenberg a cette capacité à allier le malaise à la clairvoyance en créant une expérience visuelle inoubliable nous amenant à nous interroger sur la nature même de l'humanité. «Prenons l'exemple brillant de «la mouche» où une histoire d'amour tragique se déroule au milieu d'une transformation horrifique. Ici, nous ne découvrons pas seulement la peur, mais aussi une profonde connexion émotionnelle qui résonne longtemps après le générique. « A History of Violence » présente un récit qui traite tout autant de l'identité personnelle et de l'obscurité cachée en nous que la violence elle-même. », a-t-elle fait savoir. L'absurdité de la condition humaine... Si l'humour n'est peut-être pas la première chose qui nous vient à l'esprit lorsque nous pensons aux films de David, il est pourtant bien présent au long de son œuvre, a rappelé Diane Kruger. Des moments d'humour noir, poursuit-elle, ponctuant ses récits révèlent l'absurdité de la condition humaine. « Même dans les profondeurs de l'horreur, David nous rappelle qu'il peut y avoir une lueur d'ironie et de vérité. », a-t-elle souligné. De l'amour avant tout... Aux côtés de l'horreur, il y a l'amour, l'amour de l'humanité et des humains. Telle l'essence de l'œuvre de David Cronenberg. « Tous mes films sont basés sur l'amour. Ils reflètent la situation de l'humain. », a-t-il souligné juste avant la projection de son nouveau thriller , « les linceuls ».
