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« Le PLF 2024 consacre l'inflation et affaiblit davantage le pouvoir d'achat du citoyen »
Publié dans Albayane le 15 - 11 - 2023

Un constat sans équivoque des experts à l'occasion d'un débat organisé par le CERAB
« L'inflation et le Pouvoir d'achat du citoyen », tel a été le thème de la rencontre organisée, lundi, au siège national du Parti du Progrès et du Socialisme à Rabat, par le Centre d'Etudes et de recherches Aziz Belal (CERAD) au cours de laquelle les participants ont débattu des rôles et missions respectifs de Bank Al Maghrib et du gouvernement dans la lutte contre la tendance inflationniste et les ravages qu'elle engendre aux plans économique et social.
Dès l'ouverture de cette table ronde, à laquelle ont pris part de nombreux économistes et experts ainsi que le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah, le président du CERAB, Mohamed Chiker, en sa qualité de modérateur de la rencontre, a donné le ton à ce débat en rappelant la conjoncture actuelle marquée par un renchérissement des prix qui n'est pas sans impacter gravement le pouvoir d'achat des Marocains. Pour lui, « même le projet de la loi de finance 2024 consacre l'inflation ».
Le PLF 2024 consacre l'inflation
« C'est un projet de la consécration de l'inflation », a martelé M. Chiker, soulignant que le PLF prévoit dans sa version initiale « une augmentation annuelle du prix de de la bonbonne de gaz, des taux de la TVA relative à l'eau et à électricité » alors qu'au niveau économique aucune véritable réforme n'est prévue.
Plus grave, « lorsqu'on parle de la réforme de la caisse de compensation, par exemple, il s'agit en réalité du démantèlement de cet instrument », a-t-il estimé avant de passer la parole à Abdelouahed El Jay, membre du bureau exécutif de la CERAD, ancien haut cadre de Bank Al Maghrib et professeur universitaire.
Dans son exposé introductif, M. El Jay, qui a centré son intervention sur les prérogatives de la banque centrale marocaine et son statut de régulateur indépendant, a rappelé que l'inflation a refait son apparition au Maroc après 25 années de stabilité des prix. « Depuis le milieu des années 90, grâce à Bank Al Maghrib, le niveau d'inflation était maîtrisé autour de 2% en moyenne avec de rares pics au-delà de 3% », a-t-il enchaîné.
Et d'ajouter que lors de la crise sanitaire de covid19, et « par crainte d'une déflation », la banque centrale marocaine avait même pris des mesures en abaissant le taux directeur jusqu'à 1,5 et en libérant les quelques points de la réserve monétaire obligatoire ». Il a également précisé que c'est à partir de l'année 20021, année de la reprise, qu'on a rattrapé la récession que l'économie marocaine avait subie en compensant la décroissance de 7% par une croissance du même niveau (+7% à peu près) avant que n'éclate la guerre russo-ukrainienne, vers la fin du premier trimestre de 2022, conflit qui a provoqué sur les marchés internationaux le renchérissement de certaines denrées indispensables et stratégiques comme l'énergie et les céréales.
Cette situation a entrainé la flambée des prix de plusieurs produits, et par ricochet des secteurs importants comme les transports ce qui a provoqué un mouvement inflationniste au niveau mondial et, naturellement, le Maroc n'a pas été épargné, selon lui.
Dans ce contexte, a poursuivi M. El Jay, certaines banques centrales, à savoir la FED (Réserve fédérale des Etats Unis) et la BCE (Banque centrale européenne), qui sont des références pour le Maroc, ont réagi rapidement dès les premiers mois de l'inflation, en recourant à la méthode classique de réhausser les taux directeurs pour lutter contre l'inflation alors que la banque centrale marocaine a maintenu le statu quo, le taux directeur étant resté à 1,5%, alors que de nombreux observateurs ont reproché à Bank Al Maghrib de ne pas avoir suivi la tendance internationale. Il faut dire que par crainte de rompre l'élan de la reprise par une politique monétaire restrictive, la banque centrale marocaine avait jugé qu'il faudrait voir si la tendance allait persister, s'aggraver ou, peut-être, s'atténuer avec un probable arrêt des hostilités entre la Russie et l'Ukraine.
Cependant, a relevé l'ancien haut cadre de Bank Al Maghrib, durant l'été 2022, l'inflation s'est aggravée ce qui a fait que la banque centrale a pris l'initiative en septembre d'augmenter, elle aussi, son taux directeur, de 0,5% en faisant passer ainsi le taux directeur de 1,5% à 2%, avant qu'il ne décide d'augmenter de nouveau ce taux en constatant que la tendance inflationniste s'est poursuivie et s'est accentuée, en décembre, en y ajoutant un demi-point. Mais, l'inflation s'est encore accélérée et est devenue, en janvier et pour la première fois, à deux chiffres, en s'établissant à plus de 10% ce qui a amené la banque centrale à revoir encore le taux à la hausse, en mars 2022, d'un demi-point. Le taux directeur a ainsi doublé après ces trois augmentations successives.
Selon lui, l'inflation a diminué d'intensité au Maroc, en ce sens qu'à partir des mois d'avril et de mai, elle s'est décélérée en revenant à un niveau de 8% environ. La Banque centrale s'est ainsi, en juin 2023, abstenue de persister dans les augmentations du taux directeur comme ses homologues de la FED et de la BCE. Ces dernières avaient continué le mouvement à la hausse, 5% pour la FED et 4,5% environ pour la BCE. Pour le Maroc, on est passé de 1,5% à 3%, soit le taux directeur qui était en vigueur juste avant la crise sanitaire.
Pourquoi tant d'hésitations de Bank Al Maghrib à augmenter le taux directeur de manière significative ?
Au départ, la banque avait jugé que l'inflation était le résultat d'une cause exogène, c'est -à -dire une inflation importée ne nécessitant pas une réponse de politique monétaire classique, a expliqué M. El Jay, ajoutant que cette analyse, qui était vraie au départ, s'est, par la suite, un peu dissipée, la cause de l'inflation n'étant plus une cause fondamentalement externe.
« C'était devenu une inflation domestique par effet de contagion, car même les produits non échangeables ont été touchés à cause du transport, de la flambée des prix de certaines matières premières, en plus de la sécheresse et de l'exportation d'un certain nombre de denrées alimentaires, exportations qui avaient déséquilibré le marché, l'offre étant devenue insuffisante par rapport à une demande qui était restée quasiment la même », a-t-il souligné.
Il a, en outre, rappelé que le gouvernement avait essayé de suspendre l'exportation de certaines denrées alimentaires, comme la tomate et les pommes de terre, et soutenu certains secteurs et produits, dont l'électricité et les transporteurs à qui des subventions ont été accordées. Ce qui a permis, « plus au moins, de passer cette étape sans trop de revendications ».
« Finalement, on a pu dépasser ce problème, pas entièrement, puisqu'à partir du mois d'avril 2023, après le pic de février, d'un taux d'inflation à deux chiffres, on est revenu à un niveau d'inflation plus acceptable », le dernier chiffre d'inflation, de septembre dernier, s'étant établi à 4,9% environ par rapport au même mois de l'année précédente.
Relevant que depuis février le taux d'inflation a été divisé par deux, passant de plus de 10% à moins de 5%, M. El Jay a estimé que la promesse de revenir à un taux d'inflation de l'ordre de 3% en 2024 serait plausible, sauf en cas de nouvelles imprévues comme des tensions au niveau international et une flambée des prix des biens et des matières premières sur le marché mondial.
Pour lui, « si la tendance est à l'apaisement et si tout va bien au niveau international, il est possible de tabler sur un retour à la normalité de 3 ou 4% au début de l'année 2024 et aller à une moyenne annuelle de 2,5 à 3% ».
Le recours à la hausse du taux directeur était-il adéquat ?
Selon M. El Jay, certains pensent qu'il ne fallait pas recourir à l'augmentation du taux directeur, puisqu'il ne s'agissait pas d'une inflation d'ordre monétaire. En ce sens que l'augmentation de ce taux est de nature à entraîner l'augmentation des taux des crédits et impacter négativement la demande émanant des ménages en termes de demandes de logements et de consommation, car les taux d'intérêt vont subir à leur tour une augmentation et donc se traduire par une diminution de l'élan de la reprise par la demande, mais aussi par l'offre puisque les entreprises auront, elles aussi, un coût d'exploitation plus important et, par conséquent, elles vont diminuer leur offre, ce qui sera problématique pour la croissance.
« C'est une analyse, qui vaut ce qu'elle vaut, mais il faut signaler que la banque centrale, même si elle a augmenté ses taux, n'a pas diminué les quantités livrées au marché bancaire. C'est à dire que le refinancement qui était le sien en faveur des banques n'a pas diminué d'un iota, donc le montant des liquidités mises à la disposition des banques est resté le même, sinon il a même augmenté. Elle a même adopté au début de l'année 2023 des mesures en vue de faciliter aux banques le renouvellement des bons du trésor », a-t-il poursuivi. Et de souligner qu'il y a une autre analyse, selon laquelle, les taux d'intérêt ne constituent pas un des premiers critères importants de décision pour les investisseurs. De plus, il faut savoir que la transmission, les canaux de transmission et les délais de transmission de la politique monétaire sont plutôt lents et n'ont un plein effet qu'au bout de 12 à 18 mois environ. Et c'est encore plus lent au Maroc, car « nous avons une caractéristique c'est que le patrimoine des ménages, par exemple, est dominé par les dépôts à vue qui ne sont pas rémunérés et ne sont pas ainsi liés aux taux d'intérêt et ne pouvaient donc pas compter sur cette politique monétaire pour stabiliser les prix ».
La question de la mission de Bank Al Maghrib et son statut continuent d'alimenter les débats, à savoir si les législateurs pouvaient changer son statut, qui a consacré, en 2006, son indépendance en s'inspirant du modèle de la BCE, et non pas de la FED, avec l'objectif unique de mener une politique monétaire en vue de veiller à la stabilité des prix.
La question, qui se pose, concerne l'indépendance de l'institution et si elle ne devrait pas être responsable devant le gouvernement ou le parlement. D'ailleurs, selon lui, personne ne comprend pourquoi la banque centrale échappe au contrôle démocratique par le gouvernement ou les représentants de la Nation.
SUITE
Est-il possible de neutraliser ou de limiter l'impact de l'inflation ?
Relançant le débat, le président du CERAB, s'est interrogé s'il était possible de neutraliser ou du moins limiter l'impact de l'inflation ? Car le phénomène a commencé, en premier lieu, par la hausse des prix des carburants que l'on disait due au marché international.
Pour rappel, a-t-il enchaîné, jusqu'au gouvernement Benkirane les carburants étaient encadrés par le régime de compensation. La question qui se pose est de savoir si le gouvernement Benkirane en décidant de lever la main sur les carburants avait anticipé ce qui pourrait survenir dans le futur. La réponse serait dans une mesure positive parce qu'à cette époque aussi le gouvernement avait décidé de réserver une certaine somme pour les carburants au cas où les prix venaient à dépasser les 100 dollars le baril. Un mécanisme qui n'a pas été, à ce jour, mis en œuvre.
Et de se tourner vers M. Benabdallah, en sa qualité d'ancien membre du gouvernement de Benkirane pour savoir comment l'exécutif avait pris cette décision, sachant que les islamistes sont des « libéraux radicaux » pour qui la société comprend uniquement, d'un côté, les pauvres et, de l'autre, les riches alors que dans leur pensée les classes moyennes n'existent pas d'autant que, selon la même logique idéologique, Benkirane avait appelé à la vérité des prix.
Nabil Benabdallah : le PPS tenait à préserver les orientations démocratiques et sociales
En réponse, M. Benabdallah a indiqué qu'il y avait un débat à ce sujet au sein du gouvernement, relevant, par ailleurs, que le courant libéral était dominant au sein du PJD en ce qui concerne les questions économiques.
Le chef du gouvernement à l'époque allait dans le sens de plus de libéralisation mais, au même moment, il tenait compte des questions sociales et des effets de toute politique publique sur les larges couches populaires, y compris les classes moyennes, et il tenait aussi compte du fait qu'il n'était pas seul au gouvernement, a souligné le secrétaire général du PPS.
« Nous avons joué un rôle. Nous tenions à la préservation des orientations démocratiques et sociales. Il y a eu ce débat autour du régime de compensation, dont la question de la réforme était posée depuis des années, depuis au moins le gouvernement de feu Abderrahmane El Youssoufi en passant par celui de Driss Jettou mais sans que la réforme ait pu avoir lieu ».
Le chef de l'exécutif de l'époque, vu la force électorale de son parti, estimait qu'il pouvait revoir le régime de compensation sur la base de la libéralisation, « mais nous avions une discussion forte avec lui, en lui signifiant qu'il était hors de question de procéder à la libéralisation sans garantir certaines conditions. C'est-à-dire qu'il ne pouvait être question d'aller vers une libéralisation absolue. Car cela conduirait à une véritable catastrophe. Deuxième condition, qu'il y ait un mécanisme de contrôle des prix d'où l'adoption d'une loi à ce sujet et dont l'article 2 permet au gouvernement d'intervenir à travers le plafonnement conjoncturel pour une durée renouvelable de 6 mois. Puis enfin, ce qui est important pour nous, et comme le défendait avec nous feu Mohamed El Ouafa, en tant que ministre des affaires générales, c'est qu'une telle réforme ne pouvait pas réussir sans la mise en place de l'aide directe ».
Concernant la question de l'aide directe, « je peux vous assurer que celui qui la soutient aujourd'hui, au niveau du gouvernement, c'est celui qui s'y opposait fortement à l'époque pour des raisons non politiques mais politiciennes, à savoir que l'exécutif en place ne devait pas se prévaloir d'avoir réalisé un acquis social important », a souligné M. Benabdallah.
Selon lui, « il y avait aussi des confrontations avec une tierce partie, concernée directement par cette question et présente au gouvernement, et qui se préoccupait de l'amélioration des profits sur le marché des carburants. Malheureusement les choses ont évolué de manière plus favorable à cette tierce partie. De plus, la loi sur le contrôle des prix n'a pas été mise en œuvre durant toute cette période marquée par l'inflation ».
Pour le secrétaire général du PPS, il n'y a pas seulement la responsabilité de Bank Al Maghrib, il y a aussi celle du gouvernement qui est aussi importante en ce qui concerne le contrôle des prix. Et de relever que le gouvernement actuel n'a pas interagi face à la flambée des prix, exceptée la dernière mesure relative à l'aide directe.
Quant à Mohamed Benmoussa, économiste et membre du PPS, il a rappelé qu'en décembre 2015, le gouvernement avait, simultanément, décidé de lever la main sur la compensation et la subvention des prix des carburants et de libéraliser le marché, ce qui représentait une menace grave au pouvoir d'achat du citoyen.
Estimant qu'il était possible pour le gouvernement de libéraliser le marché et de maintenir la subvention des prix des carburants, il a relevé que cette décision était intervenue en décembre 2015 alors que l'activité du Conseil de la concurrence était en suspens et que la raffinerie marocaine de pétrole la SAMIR, qui jouait un rôle dans l'équilibre du marché, était aussi à l'arrêt. Pour lui, ces deux décisions sont passées inaperçues à l'époque et ont eu un impact négatif sur le pouvoir d'achat du citoyen.
Pour une approche économique et monétaire globale
Pour leur part, plusieurs intervenants ont plaidé, par ailleurs, lors du débat très animé qu'a connu cette table ronde, pour une approche globale en lien, notamment, avec les politiques des salaires, de l'emploi et de la croissance économique.
Pour eux, la politique monétaire restrictive a fait perdre au Maroc énormément d'opportunités et de points de croissance et l'a également privé de création d'emplois. Ils estiment que la question du maintien des prix est aussi liée à l'approvisionnement des marchés, à la nécessité d'une réserve stratégique concernant des produits essentiels comme les carburants, les denrées alimentaires et les médicaments, d'autant qu'il ne s'agit pas d'une inflation passagère mais qui va durer et qui a un impact très négatif sur le niveau de la consommation au Maroc comme le montrent les statistiques officielles du Haut-commissariat au plan (HCP).
Ils se sont, en outre, interrogé sur le statut d'indépendance de Bank al Maghrib, qui prive l'exécutif d'avoir sa propre politique en lui fixant les limites de la marge du déficit et de l'endettement.
L'indépendance de Bank Al Maghrib a été calquée, selon plusieurs intervenants, sur le modèle de la BCE alors qu'aux Etats Unis la FED n'est pas aussi indépendante et a pour mission, non seulement la maîtrise de l'inflation mais aussi la stimulation de l'activité économique et l'emploi.
De même, pour certains intervenants, l'indépendance de Bank Al Maghrib ne satisfait pas à plusieurs conditions, notamment la nécessité de garantir une transparence politique, économique et procédurale, sachant que dans le nouveau modèle de développement il est fait mention de prendre du recul par rapport à ce statut importé de la banque centrale et d'adaptation à la réalité, à la fragilité et aux spécificités du tissu économique marocain.
S'agissant de la politique monétaire de la banque centrale marocaine, certains intervenants ont expliqué que la rigueur de sa lutte contre l'inflation et son indépendance visent à empêcher que les gouvernements choisissent les solutions de facilité, dont le recours à la planche à billet, comme durant les années 70, ce qui pourraient s'avérer catastrophique, voire conduire à la faillite, d'autant plus que l'économie marocaine est exposée à la vulnérabilité et aux aléas.
Il a été retenu, à l'issue de ce riche débat, trois remarques essentielles, comme il a été souligné à la fin de la table ronde : la nécessité d'une cohérence en termes de politique économique, l'existence d'une stérilité en termes de création d'idées et d'un problème au niveau de la production des données, des chiffres et des statistiques.


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