Les forces d'occupation de l'Etat hébreu ont de nouveau bombardé jeudi la ville de Gaza où les combats au sol font rage entre soldats israéliens et combattants du Hamas, poussant des dizaines de milliers de civils à fuir vers le sud du territoire palestinien assiégé. Après plus d'un mois de bombardements, plusieurs centaines de milliers de civils, selon l'ONU, restent piégés dans une situation humanitaire désastreuse dans le nord de la bande de Gaza, en particulier dans la principale ville du territoire. L'armée de l'entité sioniste a annoncé qu'un nouveau « couloir » serait ouvert jeudi, après le départ la veille de 50.000 civils vers le sud. Mercredi, beaucoup plus nombreux que la veille, des milliers de Palestiniens désespérés ont fui vers le sud, à pied ou en charrette, les mains vides ou n'emportant que le strict nécessaire. Selon l'ONU, 1,5 million de personnes sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre. « C'est une situation difficile », a dit Ehsan Abu Sleem, qui portait son bébé d'à peine deux mois. « Nous sommes épuisés, nous venons de loin et nous ne savons pas combien de temps il nous reste à marcher. » « Nous avons pris la décision de partir parce que les bombardements étaient très intenses », a-t-il ajouté. « Les enfants et les femmes étaient terrifiés et nous ne pouvions plus le supporter. » Dans le sud s'entassent déjà des centaines de milliers de réfugiés dans des conditions déplorables. Un chirurgien du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Tom Potokar, a décrit une situation « catastrophique » à l'Hôpital européen de Khan Younès, une grande ville du sud de la bande de Gaza. « Durant les dernières 24 heures, j'ai vu trois malades avec des asticots dans leurs blessures », a-t-il raconté. Crimes contre l'humanité La surpopulation dans les abris de l'ONU, avec pour corollaire la dégradation des conditions sanitaires, « reste une préoccupation majeure », selon le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), qui souligne que « les produits alimentaires essentiels tels que le riz, les légumineuses et l'huile végétale sont presque épuisés ». La situation humanitaire s'aggrave de jour en jour, selon les ONG, alors que l'aide internationale arrive au compte-gouttes depuis l'Egypte par le poste-frontière de Rafah, dans le sud du territoire. Par ailleurs, un avocat français a annoncé jeudi avoir adressé au nom de trois ONG palestiniennes une communication à la Cour pénale internationale (CPI) pour dénoncer notamment des « crimes de guerre » et des « crimes contre l'humanité » commis selon elles par l'armée israélienne dans la bande de Gaza. Les faits dénoncés par Al-Haq, le Centre Al Mezan et le Centre palestinien pour les droits de l'homme sont « intention génocidaire, incitation au génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre », selon cette communication adressée mercredi soir au procureur de la CPI. Il est également demandé à la CPI d'émettre des mandats d'arrêt contre « les plus responsables de ces crimes », dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Isaac Herzog.