Nabil El Bousaadi En représailles à l'attaque de la mosquée Al-Aqsa d'Al Qods et à la violence croissante exercée par les colons israéliens contre les Palestiniens, le Hamas a lancé, samedi 7 Octobre, une attaque-surprise contre l'Etat hébreu par l'entremise d'une salve de tirs de roquettes et de plusieurs infiltrations en « territoire israélien » par les voies terrestre, maritime et aérienne. Il n'en fallait pas plus pour que toute la communauté internationale – Etats-Unis et Union européenne en tête – se soulève, comme un seul homme, pour dénoncer cette attaque et pour encourager le régime de Benjamin Netanyahou à lancer, dès le lendemain, un assaut de grande envergure dans la bande de Gaza appuyé par des coupures d'eau, d'électricité et de nourriture aggravant, encore plus les très difficiles conditions d'existence d'une population vivant dans une enclave territoriale de près 360 kilomètres carrés soumise à un blocus depuis 2007. Confronté à un isolement diplomatique croissant et à de grandes difficultés économiques, le président turc Recep Tayyip Erdogan qui avait commencé, dès 2020, à afficher sa volonté de se rapprocher de l'Etat hébreu après plusieurs années de brouilles, s'est immédiatement emparé de ce dossier avec l'espoir de parvenir à jouer au parfait équilibriste comme il n'a eu de cesse de le faire – parfois avec succès – dans le conflit opposant Moscou à Kiev. C'est à ce titre qu'en s'adressant, mercredi, aux élus de son parti, le président turc Recep Tayyip Erdogan est monté au créneau pour dénoncer les « méthodes honteuses » de l'Etat hébreu dès lors que le fait de « bombarder des localités civiles, tuer des civils, bloquer l'aide humanitaire et tenter de présenter cela comme un exploit » n'est rien d'autre que « le réflexe d'une organisation et non d'un Etat ». De là à traiter Israël d'organisation « terroriste », il n'y a qu'un pas que le président turc franchirait allègrement, lui qui a toujours qualifié d'« organisation » le Parti des Travailleurs du Kurdistan qu'il considère comme étant une « organisation terroriste ». Recep Tayyip Erdogan ajoutera, par ailleurs, qu'« Israël ne devrait pas oublier que s'il se conduit comme une organisation plutôt que comme un Etat, il finira par être traité comme tel ». Mais en voulant, malgré tout, s'offrir le luxe de rapprocher les deux belligérants, le président turc, réputé comme étant un fervent soutien de la cause palestinienne, a rappelé à son homologue israélien, Isaac Herzog, lors d'une conversation téléphonique, que le fait de « frapper collectivement et de manière indiscriminée les habitants de Gaza ne ferait qu'accroître les souffrances et renforcer la spirale de la violence dans la région » et invité les Palestiniens à « cesser de harceler » les Israéliens. Aussi, tout en dénonçant « les meurtres de civils sur le territoire israélien », et en rappelant « que la guerre doit avoir une éthique que les deux parties se doivent de respecter », le président Recep Tayyip Erdogan a déploré que « ce principe a(it) été gravement violé aussi bien en Israël qu'à Gaza ». Il est vrai que rien n'indique que le président turc va être entendu par les deux protagonistes du moment que vendredi matin, l'armée israélienne a recommandé aux gazaouis de « ne pas tarder » à évacuer leurs habitations de Gaza-City et d'aller vers le sud du territoire palestinien, dans la zone de Wadi Gaza, avant le lancement d'une grande offensive militaire alors que, de son côté, Hamas les a exhortés à ne pas le faire mais attendons pour voir…