Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé jeudi qu'il espérait se rendre dans la bande de Gaza, mais aussi en Cisjordanie en juin, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche avec le président américain Barack Obama. La visite de M. Erdogan dans les Territoires palestiniens, à laquelle le dirigeant turc avait déjà fait allusion ces derniers mois, interviendrait au moment où Israël et la Turquie essaient de normaliser leurs relations à la demande des Etats-Unis, après l'assaut meurtrier contre un bâtiment turc au large de Gaza par un commando israélien en 2010. Les Etats-Unis ont tenté ces derniers mois de dissuader M. Erdogan de se rendre à Gaza, une visite un temps évoquée pour fin mai par le Premier ministre turc. Le secrétaire d'Etat John Kerry avait appelé M. Erdogan à «retarder» ce déplacement en attendant «des conditions plus favorables». Le Fatah, le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas, rival du Hamas qui contrôle la bande de Gaza, avait critiqué ce projet, estimant qu'il renforçait la division entre les Palestiniens. «Selon mes projets, je vais probablement me rendre en visite à Gaza en juin», a déclaré M. Erdogan, dans des propos traduits du turc par un interprète. «Mais il ne s'agira pas seulement d'une visite à Gaza. J'irai aussi en Cisjordanie» où le Fatah laïque est au pouvoir, a souligné le Premier ministre. «J'attache beaucoup d'importance à cette visite en terme de paix au Proche-Orient. J'espère qu'elle contribuera à l'unité en Palestine». Dans le passé, M. Erdogan, dont le parti est issu de la mouvance islamiste, avait affirmé qu'il s'efforcerait lors de sa visite à Gaza d'obtenir la levée de l'embargoisraélien sur ce territoire. M. Obama n'a pas fait de commentaire à ce sujet. Sollicitée jeudi, la porte-parole du département d'Etat a rappelé la position énoncée par M. Kerry dans le passé: «Comme nous l'avons dit régulièrement, nous nous opposons à des relations avec le Hamas, une organisation terroriste étrangère qui reste une force déstabilisante à Gaza et dans la région», a indiqué Jennifer Psaki. M. Obama, qui s'était rendu fin mars en Israël et dans les Territoires palestiniens, avait obtenu du Premier ministre de l'Etat hébreu, Benjamin Netanyahu, qu'il présente ses excuses à M. Erdogan pour la mort de neuf Turcs à bord d'une flottille pour Gaza en 2010, ouvrant la voie à une normalisation des relations. Déjà tendues depuis l'opération israélienne meurtrière «Plomb durci» dans la bande de Gaza (décembre 2008/janvier 2009), les relations entre la Turquie etIsraël, alliés stratégiques dans les années 1990, se sont brutalement dégradées le 31 mai 2010 lors de l'assaut israélien contre cette flottille tentant de briser le blocus israélien du territoire palestinien gouverné par le Hamas. Début mai, Israël avait affirmé qu'un accord sur l'indemnisation des victimes turques pourrait être conclu «dans un proche avenir» à la suite des progrès enregistrés lors d'une réunion entre des responsables des deux pays. De premières discussions s'étaient tenues le 22 avril à Ankara sur ces indemnisations dont la Turquie a fait une condition sine qua non à la normalisation de ses relations diplomatiques avec Israël.