Dix-neuf passagers ont été tués et 36 autres blessés lundi lorsque des commandos israéliens ont pris d'assaut dans les eaux internationales la flottille internationale de militants pro-palestiniens qui se dirigeait vers la bande de Gaza, a indiqué une télévision israélienne. Alors que l'ONU s'est dite «choquée» et que l'Union européenne demandait une «enquête complète» d'Israël sur les circonstances du raid, la Turquie, dont plusieurs ressortissants feraient partie des victimes, a prévenu Israël de «conséquences irréparables» sur les relations bilatérales. Dix-neuf passagers ont été tués et 36 autres blessés lors de l'assaut donné par des commandos israéliens, selon la chaîne 10 de la télévision israélienne. L'armée israélienne avait indiqué plus tôt que plus de dix passagers avaient été tués, ajoutant qu'au moins quatre soldats avaient été blessés, dont un par balle. Une ONG turque, qui a participé à l'opération humanitaire, a fait état d'au moins 15 morts, pour la plupart des ressortissants turcs. Après l'assaut, les six bateaux devaient être acheminés sous escorte vers Israël et le premier était arrivé en milieu de journée à Ashdod (sud d'Israël), selon les médias israéliens. La flottille acheminant des centaines de militants pro-palestiniens et de l'aide pour Gaza à bord de six bateaux avait appareillé dimanche après-midi depuis les eaux internationales au large de Chypre pour le territoire palestinien. Le gouvernement israélien a accusé les passagers de la flottille d'avoir «déclenché les violences». «Nous avons fait tous les efforts possibles pour éviter cet incident. Les militaires avaient reçu des instructions selon lesquelles il s'agissait d'une opération de police et un maximum de retenue devait être observé», a expliqué le porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Mark Regev. «Malheureusement, ils ont été attaqués avec une extrême violence par les gens sur le bateau, avec des barres de fer, des couteaux et des tirs à balles réelles», a-t-il souligné. Selon le porte-parole de l'armée israélienne, le général Avi Benayahu, l'opération de commando s'est déroulée dans les eaux internationales. Des images tournées depuis le bateau turc, mises en ligne sur internet, montrent des commandos vêtus de noir descendre d'hélicoptère sur le navire, puis des affrontements avec les militants, ainsi que des personnes blessées étendues sur le pont. «Sous le couvert de l'obscurité, les commandos israéliens ont sauté d'hélicoptère sur le cargo turc Mavi Marmara et commencé à tirer au moment où leurs pieds ont touché le pont», selon un récit mis en ligne sur le site du mouvement Free Gaza, à l'initiative de cette traversée. La Turquie, qui a prévenu Israël de «conséquences irréparables» sur les relations bilatérales, a rappelé son ambassadeur en Israël, a annoncé lundi le vice Premier ministre turc Bulent Arinc. Alors qu'à Istanbul, plusieurs milliers de personnes manifestaient aux cris de «Mort à Israël !», l'Etat hébreu a appelé ses ressortissants à ne plus se rendre en Turquie. En Grèce, où le gouvernement a annulé une visite du chef d'état-major de l'armée de l'air israélienne prévue mardi, une ONG faisant part à la flottille a indiqué qu'un bateau grec avait essuyé des tirs à «balles réelles» à partir d'hélicoptères et de canots gonflables israéliens. A Gaza, le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle l'enclave palestinienne, a appelé les Arabes et les musulmans à un «soulèvement» devant les ambassades d'Israël. Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a dénoncé une «attaque barbare» contre la flottille. De son côté, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a condamné le «massacre», réclamé la tenue de réunions urgentes du Conseil de sécurité de l'ONU et décrété trois jours de deuil dans les territoires palestiniens. La Ligue arabe a annoncé qu'elle allait tenir une réunion extraordinaire mardi. Dimanche dans la soirée, trois patrouilleurs lance-missiles israéliens avaient quitté le port septentrional de Haïfa pour aller intercepter la flottille, selon des journalistes à bord d'un bâtiment. La marine israélienne avait annoncé son intention d'empêcher, de force si nécessaire, la flottille de s'approcher des côtes de Gaza, soumise par Israël à un blocus strict --sauf pour les produits de première nécessité-- depuis la prise de contrôle du territoire par le mouvement islamiste Hamas en juin 2007. Ce raid intervient à la veille de la rencontre à Washington du Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le président américain Barack Obama.