Passer le Ramadan ailleurs que dans sa patrie peut signifier pour certains solitude, absence de traditions et de coutumes connues pour ce mois sacré ainsi que de climat et d'ambiance spirituels, mais au Nigeria les jeûneurs étrangers ne se sentent aucunement dépaysés et profitent de cette occasion comme s'ils étaient chez eux adossés à la même table avec leur familles, amis et compatriotes. C'est également le cas de la communauté marocaine établie dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest qui partage plusieurs points de ressemblance avec le Maroc. Deux pays et deux peuples liés par une histoire qui remonte à plusieurs siècles. Les membres de la communauté marocaine font le Ramadan dans un climat de recueillement, de piété, de sérénité et de paix, un moment qu'ils passent avec leur frères musulmans du Nigeria qui prônent les bonnes et meilleures valeurs de l'islam. Entre son travail et les tâches qu'incombe le mois de Ramadan, Hafida écoule sa journée de jeûne en toute tranquillité. A la rupture du jeûne, elle se met à table, entourée de sa petite famille, pour déguster les mets purement marocains qu'elle a confectionnés avec amour. « Je n'éprouve aucun sentiment de dépaysement. Je ne trouve pas de grande différence entre le Ramadan ici à Abuja et au bled », nous confie celle qui s'est établie au Nigeria il y a plus de 10 ans. « C'est presque kif-kif », affirme-t-elle, notant notamment qu' »on constate fortement l'avènement du mois béni au Nigeria, un pays où vivent ensemble musulmans et chrétiens en toute paix durant cette période sacrée de l'année ». Cependant, elle ne cache pas que la seule habitude qui lui manque est bel et bien les visites et les soirées ramadanesques. Une activité que Mohamed n'hésite pas à accomplir en organisant des réceptions, où la culture, la gastronomie et l'ambiance marocaines sont présentes en force, au profit de ses amis et connaissances nigérians, et aussi en enchaînant des visites chaleureuses aux Marocains du Nigeria. Le doyen de la communauté marocaine au Nigeria, comme il aime s'appeler, vu qu'il s'est installé dans le pays en 2004, dit que ces instants précieux lui rappellent à quel point les cultures nigériane et marocaine se ressemblent. Ceci confirme l'absence de différence et favorise encore plus le sentiment d'être chez-soi, même si le chez-soi pour Mohamed est maroco-nigérian. Ce rapprochement culturel, Mohamed le consolide et le fortifie en offrant dans son restaurant marocain des plats et des gâteaux… dont raffolent aussi bien les Nigérians que les Marocains, tels que la « Bstilla », « Sellou » ou encore « Chebakia ». « On reçoit tout au long du mois de Ramadan un nombre important de commandes notamment pour ces aliments de la part de Nigérians et de Marocains », lance-t-il fièrement. Au volet religieux et spirituel qui distingue Ramadan, Mohamed est bien plus que satisfait. « Les prières connaissent l'affluence de plusieurs fidèles. Les causeries et les prêches religieuses marquent plusieurs temps de la journée. Des séances de psalmodie et du Tafsîr du Saint Coran, de conseils et de débat, font plonger les croyants dans un climat de quiétude, de calme et de spiritualité indescriptible, et les rapprochent de leur créateur », raconte-t-il. En sillonnant les grandes artères de la capitale Abuja, de belles voix psalmodiant et déclamant le Saint Coran retentissent des plus hauts minarets de majestueuses mosquées faisant régner un apaisement nocturne sur la ville, à l'occasion notamment de la prière de Tarawih. Les fidèles musulmans s'y rendent en plusieurs groupes d'hommes, femmes et enfants, de vieux et jeunes, pour maintenir et renforcer leur lien sacré avec le Tout-Puissant durant le Ramadan. Côté soirées ramadanesques bien animées et conviviales, les restaurants ont embelli leurs façades et leurs terrasses de lampes à la forme de croissant de lune et garni leur menus de nouveaux plats dans l'objectif de plaire et satisfaire les commandes de leurs clients. Et le tout est aussi pour se sentir « home » !