Révoltée par les absences incessantes du chef du gouvernement M'Barek Tafsi Révoltés par les absences répétées et avec préméditation du chef du gouvernement pour répondre aux questions de politique générale, en violation de l'article 100 de la Constitution et du règlement intérieur de la Chambre des Représentants, les partis de l'opposition parlementaire ont fait savoir qu'ils envisagent de recourir à l'arbitrage royal pour faire respecter la loi et la dignité de l'institution parlementaires. Selon cet article 100 de la constitution, « une séance par mois est réservée à ces questions et les réponses y afférentes sont présentées devant la Chambre concernée dans les trente jours suivant la date de leur transmission au chef du gouvernement ». Faisant fi des dispositions de la Constitution, le chef du gouvernement ne vient qu'une fois tous les deux mois au lieu d'une fois par mois pour présenter ses réponses aux questions de politique générale. S'exprimant mercredi lors d'une conférence de presse conjointe, donnée à l'issue de la clôture de la dernière session d'automne du Parlement, les présidents des groupes et du groupement de l'opposition à la Chambre des représentants (le groupe Haraki, le groupe du progrès et du socialisme et le groupement de la justice et du développement) ont affirmé qu'ils envisagent de recourir à l'arbitrage royal pour faire respecter la loi et les institutions. A travers son comportement, le chef du gouvernement persiste dans la violation de la loi suprême et le mépris de l'institution législative, ont-ils souligné. Dans cette perspective, le président du groupe du progrès et du socialisme, Rachid Hamouni a indiqué que l'absence du chef du gouvernement à la session mensuelle constitue une violation flagrante de la constitution et du règlement intérieur. Outre ces absences, le gouvernement ignore toutes les initiatives de contrôle et les propositions soumises par l'opposition, a-t-il ajouté. Mais ce qui est inquiétant, c'est qu'un certain nombre de membres de ce gouvernement sont incapables de répondre aux questions des députés, a-t-il déploré. Excédé par cette incapacité de répondre à ses questions, le groupe du progrès et du socialisme a été amené à protester contre une telle attitude scandaleuse et à se retirer de la séance tenante, a-t-il rappelé. Et Rachid Hamouni d'expliquer que ces absences et le refus de répondre aux questions, propositions et initiatives de l'opposition attestent de la faiblesse du gouvernement et de son incapacité à répondre, à interagir et à communiquer avec les parlementaires et l'opinion publique. Au terme de la discussion du projet de loi de finances 2023, aucune proposition de l'opposition n'a été retenue, alors qu'elle avait présenté une série de propositions d'amendements visant à améliorer le contenu du texte. En général, a-t-il fait savoir, toutes les propositions et initiatives de l'opposition n'ont pour but que la défense du pouvoir d'achat des citoyennes et des citoyens et la lutte contre l'augmentation exorbitante des prix de l'ensemble des produits de consommation de base. C'est dans ce sens, que le groupe du parti du progrès et du socialisme avait présenté une proposition de loi relative au plafonnement des prix des carburants et une autre pour redémarrer la raffinerie de La Samir et/ou construire une autre raffinerie dans le but de créer les conditions nécessaires au renforcement de la sécurité énergétique du pays et contribuer à la baisse des prix, a-t-il noté. Sur un autre plan, le président du groupe du progrès et du socialisme a accusé le gouvernement de parrainer la prévarication et la rente en retirant du circuit d'adoption des lois d'importantes lois structurantes telles que le projet de code pénal et le projet de loi sur l'exploitation des carrières. Pour sa part, le président du groupe Haraki à la Chambre des représentants, Driss Sentissi, également coordinateur de l'opposition, a déclaré: «ce gouvernement ne possède pas le moindre sens de proactivité dans le traitement des problèmes majeurs ». Selon lui, celui qui veut conduire un gouvernement doit assumer ses responsabilités et avoir une vision claire. Il a rappelé lui aussi que l'opposition avait soumis un grand nombre d'amendements lors de la discussion de la loi de finances 2023 et que le gouvernement n'en a retenu aucune. Il a fait savoir aussi que les trois partis politiques présents ont présenté une série de propositions pour faire face à la flambée vertigineuse des prix. Malheureusement le gouvernement a refusé de les écouter et a avancé des arguments nouveaux comme le froid et la coupure des routes et des chemins par la neige pour justifier les dernières augmentations, a-t-il a dit. En invoquant de telles justifications farfelues, le gouvernement sous-estime voire insulte l'intelligence des Marocains en les prenant pour des ânes, a-t-il martelé. L'opposition avait notamment soumis une proposition de loi visant à suspendre temporairement les droits d'importation des hydrocarbures. Malheureusement cette proposition avait été rejetée par le gouvernement, qui a récemment publié un décret sur la suspension temporaire de la taxe sur la valeur ajoutée et des droits d'importation de la viande rouge, chose qu'il avait rejetée pour ce qui est des hydrocarbures, dont les prix élevés se répercutent sur toutes les chaines de production et de distribution. Et à l'instar de ses collègues, il a par ailleurs accusé le gouvernement d'ignorer les instructions royales concernant notamment la création d'un système des réserves stratégiques de produits de consommation, de santé et d'énergie. De son côté, le président du groupement parlementaire de la justice et du développement Abdellah Bouanou a affirmé que le bilan du gouvernement au cours de cette année législative n'est pas différent de celui de la dernière année législative. Pour lui, le gouvernement normalise avec la corruption et ne tient pas compte de l'avis de l'opposition. D'après lui, les composantes de l'opposition ont présenté plus de 4 600 questions et soumis plus de 136 propositions de loi dans le but d'améliorer les textes, mais le gouvernement a préféré ignorer toutes ces propositions à l'instar d'ailleurs de toutes les initiatives avancées par l'opposition pour contribuer à la baisse des prix des carburants et des produits de consommation de base, alors qu'on est à la veille du mois de Ramadan. Il a par ailleurs accusé le conseil de la concurrence de connivence avec le gouvernement, car il a refusé d'intervenir dans la question des hydrocarbures sous prétexte de l'absence de décrets d'application liés à la loi du conseil de la concurrence. Ce qui ne l'a pas empêché de prendre des décisions sur d'autres sujets, comme si les hydrocarbures constituent une ligne rouge dont on ne doit pas parler.