Conférence de presse des partis de l'opposition parlementaire M'Barek TAFSI Poursuivant leur coordination depuis la présentation et l'adoption de la Loi de Finances 2022, les groupes parlementaires du progrès et du socialisme (PPS), socialiste (USF), Haraki (MP) et le groupement de la justice et du développement (PJD) ont organisé, lundi, une conférence de presse à l'occasion de la clôture de la session parlementaire d'automne, soulignant que la domination, l'hégémonie, les dérapages et les dérives de la majorité nécessitent de leur part davantage de coordination et d'action commune pour la sauvegarde du processus démocratique dans le pays et du rôle du Parlement. Et ce ne sont pas les points de convergence qui manquent à ces composantes pour renforcer davantage leurs concertations et leur action commune pour contrer la domination et les dérives de la majorité, a indiqué le président du groupe du progrès et du socialisme, Rachid Hamouni, qui animait cette rencontre avec la presse en présence des présidents des autres groupes Abderrahim Chahid (socialiste), Idriss Sentissi (Haraki) et Abdellah Bouanou (PJD). Après avoir salué la présence en grand nombre de journalistes à cette conférence, qui témoigne de l'intérêt particulier qu'accorde la presse sérieuse aux préoccupations du pays et du peuple, Hamouni a estimé que ceci est à même d'encourager l'opposition parlementaire de chercher à renforcer son action commune. Un gouvernement de technocrates avec des ministres qui se comportent comme des hauts fonctionnaires Réagissant aux questions des journalistes, Hamouni n'a pas manqué de souligner la contradiction entre les résultats des élections sensés donner lieu à un gouvernement « politique » composé essentiellement de capacités politiques d'une part et l'existence en grand nombre de technocrates ou de membres « empruntés » à des partis politiques d'autre part, selon la remarque d'un intervenant. La coordination entre les groupes et le groupement s'est imposée, suite à la formation du gouvernement composé de trois partis politiques mais dont sept (7) ministres seulement sont issus de ces formations, alors que 17 autres n'ont rien à voir avec ces partis politiques, selon le président du GPS. C'est un gouvernement technocrate, dont les membres se comportent non pas comme des titulaires de portefeuilles ministériels et politiques mais comme de hauts fonctionnaires de l'administration publique. A travers la présentation de son programme, le gouvernement dont les composantes se targuent d'être de tendance libérale ont fait savoir qu'ils se sont fixés pour objectif d'œuvrer pour la promotion d'un Etat social, une annonce saluée par le PPS, qui appelle depuis une longue date à un Etat providence qui joue pleinement son rôle au service de la société. Malheureusement, a-t-il dit, cette orientation a été vite abandonnée à travers la Loi de Finances, par laquelle le gouvernement s'est rétracté des engagements pris dans la déclaration gouvernementale. Après la présentation de la Loi de Finances, on s'est aperçu au niveau de tous les groupes et du groupement de l'opposition, qu'il y a une contradiction entre celle-ci et ce qui a annoncé dans la déclaration gouvernementale. L'Etat social scandé par le gouvernement n'est qu'un leurre, un slogan creux L'Etat social annoncé manque de ressources et de moyens pour sa réalisation. Rien n'est prévu pour son financement à travers la réforme fiscale, tant attendue ou l'augmentation des ressources et la mise en place d'un impôt sur la fortune. Au niveau de la justice spatiale, le budget prévu a été revu à la baisse. Il a été ramené à 2 milliards de Dirhams au lieu de 3 milliards lors du dernier mandat gouvernemental. Pour un débat politique national A travers l'organisation de cette rencontre avec la participation de la presse nationale, les groupes ici présents cherchent à initier un débat national qui fait défaut, après que le chef du gouvernement ait choisi de s'adresser à l'opinion publique nationale à travers les médias publics (Al Oula et 2M) au lieu de venir défendre devant les parlementaires le bilan d'étape des 100 premiers jours du mandat de son gouvernement. En agissant de la sorte, il a empêché tout débat au sein du parlement à propos de ce bilan somme toute très maigre. Le secret imposé sur les travaux des commissions parlementaires Ceci est également lié au secret imposé sur les travaux des commissions parlementaires décidé par le président de la Chambre des Représentants pour marginaliser le parlement et ses composantes. On a même refusé de lever ce secret sur les travaux de certaines commissions parlementaires en violation flagrante du règlement intérieur pour empêcher d'informer l'opinion publique sur l'évolution de la situation épidémiologique (Omicron) et donner des éclaircissements sur le chantier des Awrachs. Les décisions prises par le bureau de la Chambre des Représentants à ce sujet privent les citoyennes et les citoyens de leur droit à l'information, a-t-il martelé. Le retrait des projets de loi visent la protection des privilèges et de la rente S'agissant de la question du retrait de certains projets de loi précis qui sont au nombre de quatre (4), il est à noter que personne ne conteste au chef du gouvernement son droit constitutionnel et légal de le faire. Toutefois, il faut souligner qu'il est tenu de s'expliquer et d'éclairer l'opinion publique sur leur sort. Les projets retirés ont été sélectionnés: Il s'agit du code pénal, qui a été bloqué par le RNI lors du dernier mandat pour un article consacré à l'enrichissement illicite. Il s'agit aussi du projet concernant l'occupation du domaine public, qui a été également bloqué lors du dernier mandat. Son retrait vise à protéger ceux à qui profite cette situation d'occupation du domaine public notamment maritime. L'opération de retrait ne vise donc à première vue qu'à la protection de la rente et de la prévarication et contredit totalement le slogan de l'Etat social du gouvernement. La coordination au sein de l'opposition Pour le renforcement de la coordination de leurs actions, les groupes et le groupement parlementaires, a-t-il rappelé, ont pris l'engagement d'œuvrer dans ce sens en axant leur action à propos de leurs points de convergence. S'agissant du traitement réservé par le gouvernement aux questions de l'opposition, il a rappelé que cette dernière a présenté diverses propositions pour stopper l'augmentation des prix et en particulier des carburants. Il a été proposé au gouvernement d'agir non pas pour arrêter ces prix à l'international mais pour soutenir les citoyens et en particulier la classe moyenne. Mieux encore, il lui est toujours possible d'exploiter les capacités de stockage de la SAMIR pour réduire les pertes dans ce domaine qui se traduisent par des augmentations vertigineuses des prix, qui impactent tous les secteurs de la vie. Le groupe du progrès et du socialisme a appelé au plafonnement des prix des carburants, mais le gouvernement a préféré ignorer cette demande. Le pays connait aujourd'hui une année de sécheresse. Le gouvernement tarde à intervenir pour soutenir les petits agriculteurs, a-t-il ajouté. Minute de silence à la mémoire de Rayan Au début de cette rencontre, rappelle-t-on, l'assistance avait observé une minute de silence et lu la Fatiha à la mémoire de feu Rayan, l'enfant resté coincé pendant cinq jours à 32 mètres de profondeur dans un puits et dont l'histoire tragique a suscité une vive émotion et un mouvement de solidarité aux niveaux national et international. Tous les présidents lui ont rendu hommage et élevé des prières pour le repos de son âme. Ils n'ont pas manqué d'exprimer aussi leur satisfaction à l'égard des efforts qui ont été déployés par tous les intervenants (autorités, forces de l'ordre, société civile et autres) pour tenter de sauver le défunt. Ils en ont également profité pour appeler au respect des lois relatives au creusage des puits et à l'exploitation des eaux souterraines et rappeler au gouvernement sa responsabilité d'agir pour assurer l'approvisionnement en eau potable de toutes les villes, les campagnes et les localités du Maroc tout entier, où les effets de la sécheresse se font déjà sentir. Bilan maigre de la session d'automne avec seulement trois projets de lois Dans un communiqué conjoint, les composantes de l'opposition parlementaire dénoncent en effet les tentatives de leur marginalisation pour les empêcher de s'exprimer, le refus du chef du gouvernement de venir répondre aux députés lors de la séance mensuelle consacrée à la politique générale du gouvernement, car il « préfère travailler sans parler », dit-il. Durant quatre mois, il n'est venu s'expliquer que deux fois seulement au lieu de quatre. Plusieurs ministres refusent également de venir répondre aux députés et quand ils viennent s'expliquer, ils répondent de manière générale et vague aux interrogations. Quant aux propositions de loi de l'opposition, elles sont systématiquement ignorées par le gouvernement qui assume la pleine responsabilité de la faiblesse du rendement législatif de la session d'automne qui vient de s'achever. La Chambre des Représentants n'a adopté en tout et pour tout, durant cette session, que trois textes législatifs (Loi de Finances 2022, loi d'apurement relative à l'exécution de la Loi de Finances 2019 et loi organique pour la nomination aux hautes fonctions), outre 14 conventions internationales.