La session parlementaire d'automne, qui sera ouverte vendredi, présage d'ores et déjà d'un débat houleux entre les composantes de l'Hémicycle en raison de l'importance des dossiers économiques et sociaux et de l'agenda législatif, notamment le projet de budget 2013 et les projets de lois organiques relatives aux prochaines échéances électorales. Le prochain projet de budget, le premier à être présenté par le Cabinet Abdelilah Benkirane, devrait en fait traduire les orientations de la majorité et décliner la teneur de la Déclaration gouvernementale, contrairement à la loi de finances 2012 qui était déjà élaborée par l'ancien gouvernement. Sur le front social, les débats devraient s'articuler autour de la capacité du gouvernement de répondre aux attentes de plus en plus pressantes des citoyens, particulièrement celles prévues par le projet de budget en matière d'emploi, de santé et d'enseignement. A ce sujet, nombre de chefs de groupes au Parlement ont affirmé à la MAP que la prochaine rentrée sera «exceptionnelle» de par l'importance des débats devant ponctuer les questions d'actualité, dont l'élaboration du projet de budget et des lois organiques relatives à la mise en œuvre des dispositions de la Constitution de juillet 2011. Pour le président du groupe PJD à la Chambre des représentants Abdelaziz Lamari, cette session revêt un caractère particulier du fait qu'elle vient parachever le chantier de la mise en øuvre des dispositions constitutionnelles avec à la clé les lois organiques afférentes, l'élaboration du cadre juridique devant organiser les prochaines élections et l'ouverture du chantier de la régionalisation avancée. Il a assuré que les débats s'articuleront évidemment autour du projet de budget, qui intervient dans un contexte marqué par les attentes sociales et les contraintes liées à la crise économique internationale, outre l'amélioration du rendement législatif de l'Hémicycle, à travers une réforme globale des statuts de la première Chambre et l'élaboration d'une série de mesures visant à optimiser les actions de l'institution législative. Cette session, a-t-il expliqué, devra aussi consolider les passerelles d'échange et de communication avec le gouvernement, particulièrement avec son chef à travers la séance mensuelle des questions orales et la séance annuelle d'évaluation de l'action du cabinet, en plus d'une séance mensuelle consacrée à l'examen des projets de propositions de loi et autres initiatives émanant des députés. Le président du groupe istiqlalien pour l'unité et l'égalitarisme à la Chambre des conseillers Mohamed Al Ansari a, de son côté, soutenu que cette rentrée politique «sera d'une saveur singulière», au vu de l'importance des lois organiques devant être élaborées et compte tenu des attentes nourries à l'égard du gouvernement sur les plans politique, économique et social. Il a émis l'espoir de voir la prochaine session traduire dans les faits, à travers les débats devant accompagner l'examen du projet de budget, la consistance de la Déclaration gouvernementale, notamment les mesures à entreprendre pour améliorer les conditions de vie des citoyens et plus précisément la réforme de la Caisse de compensation et le soutien des PME. Même son de cloche du côté du président du groupe progressiste et démocratique à la Chambre des représentants Rachid Roukbane, qui a mis l'accent sur l'intérêt à accorder au volet socioéconomique lors de cette session, en raison des répercussions de la crise mondiale sur l'économie nationale, comme en témoignent le recul de la croissance, la régression des recettes du tourisme et de l'artisanat, la baisse de l'investissement ou encore la diminution des transferts des MRE. L'examen du projet de loi de finances sera assurément l'occasion d'évaluer ces contraintes et de jauger les mesures préconisées par le gouvernement face à ces challenges, a-t-il dit, relevant «l'urgence» de procéder à une révision de la loi organique du budget pour lui permettre d'être en phase avec les dispositions de la Constitution. Il a aussi plaidé pour plus de célérité dans la mise en œuvre de la loi organique relative à la régionalisation dans la perspective des prochaines élections (les communales comme celles de la deuxième Chambre) qui ne devraient pas, selon lui, «aller au-delà de 2013» afin d'être en conformité avec la Constitution, outre la mise en œuvre de la loi organique relative à la langue amazighe. Idem pour le président du groupe haraki à la Chambre des représentants Mohamed Moubdie, qui a relevé le caractère «singulier» de la prochaine rentrée parlementaire, du fait que l'élaboration de la loi de finances 2013 s'inscrit dans un contexte de crise économique mondiale, exacerbé par l'importance des attentes sociales sur fond de régression des recettes et d'élargissement des dépenses, notamment celles induites par la lourdeur de la facture énergétique. A cet effet, il a souligné l'importance de renforcer la coordination entre les composantes du cabinet et de la synergie des efforts et de «dépasser les hésitations ayant marqué l'action de l'Exécutif dans le traitement de certains dossiers, comme ce fut le cas avec les cahiers des charges des médias publics, la lutte contre l'économie de rente ou encore l'enseignement privé». Car, a-t-il expliqué, «proposer des initiatives et les retirer ensuite donne au citoyen marocain l'impression que le gouvernement est hésitant et n'aborde pas les choses avec connaissance et sérieux». Pour le président du groupe Authenticité et modernité à la Chambre des représentants Abdellatif Ouahbi, la prochaine étape, qui «sera éminemment économique et politique», devra aussi montrer si le gouvernement est en mesure «d'examiner le fond des questions intéressant les citoyens ou s'il se contentera d'échanger slogans et accusations». «Nous estimons qu'il est temps d'examiner les grandes questions intéressant le citoyen et l'avenir du pays, dès lors que l'échange des accusations, des slogans et des communiqués ne changera rien à la réalité des choses», a-t-il poursuivi, précisant que son groupe examinera avec objectivité le projet de loi 2013 lors de sa présentation devant le Parlement. Il a également prédit une rentrée parlementaire «chaude de confrontations», soutenant que son groupe, porté par les questions sociales et économiques des citoyens, prépare une série de propositions de lois et de questions qu'il compte soumettre au débat au sein de l'Hémicycle. La présidente du groupe socialiste à la Chambre des conseillers Zoubida Bouâayad a, quant à elle, estimé que la prochaine rentrée porte une série d'interrogations qui interpellent le gouvernement, notamment celles ayant trait au devenir et à la composition de la deuxième Chambre ou à l'examen de plus de 15 lois organiques qui ne sont pas encore prêtes. «Il y a pleines d'interrogations au sujet de la gestion législative de cette session», a-t-elle noté, faisant observer que la rentrée sera entamée alors que le prochain projet de loi de finances n'est pas encore ficelé, ce qui laisse entendre, selon elle, que le budget 2013 sera élaboré conformément à l'ancienne loi organique, «contrairement à l'engagement précédent du gouvernement à préparer une nouvelle loi organique». Mme Bouâayad a, par ailleurs, estimé que les partis d'opposition sont «exclus» de toute concertation relative à l'avenir politique et au devenir des lois organiques portant sur les prochaines élections (communales, chambres professionnelles, Chambre des conseillers), considérant que le gouvernement «n'émet aucun avis au sujet des grandes questions en rapport avec ces échéances».