Rachid Hamouni, président du Groupe parlementaire du progrès et du socialisme Fairouz EL Mouden Rachid Hamouni, député et chef du Groupe parlementaire du progrès et du socialisme, ne veut pas y aller par quatre chemins. Son intervention, lors de la discussion de la première partie du projet de loi des finances 2022, a mis la lumière sur les grandes faiblesses du prochain budget. Il pointe du doigt les hypothèses sur lesquelles se base le projet de loi des finances, ainsi que les mesures et les modes de financement proposés pour réaliser les objectifs tracés dans le cadre du PLF 2022. Le président du Groupe parlementaire du progrès et du socialisme qualifie le gouvernement actuel de gouvernement « exceptionnel » puisque c'est pour la première fois qu'un gouvernement est constitué de trois partis politiques uniquement. Il est, d'abord, « exceptionnel » car la majorité de ses ministres ne sont affiliés à aucun parti politique. L'autre caractère exceptionnel renvoie à l'attitude négative de l'Exécutif actuel à vouloir ignorer le « hirak » lié aux revendications et à la mobilisation des citoyens dans les villes marocaines pour dénoncer la hausse des prix et la dégradation du pouvoir d'achat. Rachid Hamouni, qui se veut dans l'opposition constructive et qui tient compte des conditions difficiles actuelles liées au Covid-2019, juge le prochain budget d' « inapproprié et en deçà des objectifs fixés dans le cadre du programme gouvernemental et encore moins de ceux arrêtés dans le cadre du modèle de développement ». Pour le chef du Groupe du progrès et du socialisme à la première Chambre, les hypothèses retenues dans le PLF 2022 restent « trop modestes » et malgré tout « irréalisables ». C'est le cas pour l'hypothèse basée, par exemple, sur un prix de gaz butane à 450 dollars la tonne alors qu'il revient actuellement à 850 dollars la tonne ! La même logique s'applique sur la prévision d'une récole céréalière moyenne, quand le gouvernement prêche par précipitation notamment, lorsqu'on constate déjà le retard des pluies alors que nous sommes la mi-novembre. D'où l'urgence pour le gouvernement d'intervenir pour venir en aide aux agriculteurs et éleveurs qui se trouvent dans des régions sèches et qui ont subi les effets de l'absence des pluies ces dernières années dont notamment Boulmane, Zagoura, Jerrada, figuig, et Errachidia… Par ailleurs, Hamouni s'interroge sur les raisons qui ont amené le gouvernement à ignorer complètement les revenus du secteur touristique et les recettes des RME, qui ne figurent pas sur le PLF. Et de répliquer que le taux de croissance prévu à 3,2%, s'il peut-être réalisé, il sera, toutefois, sans répercussions positives sur le plan social. Malheureusement, estime le député PPS, le PLF 2022 ne propose pas des mesures efficaces comme l'impôt sur la richesse, ou encore la baise de l'IS et de l'IR et les exonérations d'ordres sociales. La réforme fiscale reste limitée à des secteurs peu productifs et ne garantit pas le financement du chantier de la protection sociale. D'ailleurs, la baisse des fonds consacré à la FDR (Fonds pour le financement des disparités sociales) de 3 à 2 milliards de dirhams est une mesure qui va aggraver les inégalités sociales et spatiales, plus particulièrement dans les régions éloignées et dans les zones rurales et montagneuses. Pour le député progressiste, intervenant « en tant que groupe représentant l'opposition et en coordination avec les autres groupes de l'opposition », « nous soutenons des mesures qui permettent une meilleure protection du consommateur et une protection de son pouvoir d'achat ». Le groupe demande aussi et surtout la justice spatiale et le renforcement du tissu productif et la protection de la production nationale. « Nous avons, par ailleurs, plaidé pour la préservation du pouvoir d'achat des retraités en les exonérant d'impôts. Ce qui a été refusé par l'actuel gouvernement. Sur un autre volet, le gouvernement a décidé de revoir les taxes de certains produits électroménagers... Aussi, dans le cadre du programme gouvernemental il a été prévu de créer 1 million d'emplois. Ce chiffre a été revu à la baisse dans le PLF pour ne porter que sur 125.000 postes d'emplois... ! Or, même ce nouveau chiffre requiert un budget de plus de 4 milliards de dirhams alors que le gouvernement ne va mobiliser que 2 milliards de dirhams à cet effet. Ce montant divisé par le nombre prévu de postes d'emplois ne permettra qu'un revenu limité à 400 dirhams par emplois. La même situation s'applique sur les personnes âgées de plus de 65 ans qui regroupe selon les derniers chiffres du HCP 1 million 800 personnes. Le gouvernement actuel, rappelle Hamouni, n'envisage même pas d'engager le processus de dialogue social avec les contractuels et s'interroge sur les sources de financement pour leur accorder les 2500 dirhams programmés dans le PLF 2022. Le chef du Groupe du progrès et du socialisme souligne enfin que la conviction du PPS est ferme et constante pour que la justice sociale aille de pair avec la démocratie. Et que la mise en œuvre des chantiers de réformes exige une volonté politique, la réhabilitation de l'action politique et la responsabilité, ainsi que la réédition des comptes et la moralisation du champ politique. A cela s'ajoute l'élargissement du champ des libertés, l'égalité et la création d'un climat de confiance et une détente sur le plan politique et des droits de l'homme. Chose qui ne peut se faire qu'a travers des initiatives positives et la libération des détenus des mouvements sociaux ( Jerrada, Rif) et ce dans le respect de la liberté d'expression et des médias.