Des dirigeants politiques du monde entier se sont retrouvés lundi à la COP27, sous pression pour renforcer leurs engagements climatiques face à un réchauffement qui s'emballe et apporter un soutien financier aux pays pauvres, qui en souffrent le plus. « Toutes les crises sont importantes, mais aucune n'a autant d'impact », a martelé dimanche, lors de l'ouverture formelle de la COP27, Simon Stiell, le patron de l'ONU-Climat. « La crainte est que nous perdions un autre jour, une autre semaine, un autre mois, une autre année: nous ne pouvons pas nous le permettre ». Les engagements actuels des pays sont pourtant loin d'être à la hauteur des objectifs de l'accord de Paris de 2015, pierre angulaire de la diplomatie climatique. Soit contenir le réchauffement de la planète « nettement » sous +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, et si possible à +1,5°C. Les dernières « contributions nationales », si elles étaient pour une fois pleinement respectées, laisseraient au mieux le monde sur une trajectoire de +2,4°C d'ici la fin du siècle, selon l'ONU. Et avec les politiques menées actuellement, c'est même un catastrophique +2,8°C qui se profile. Symbole de la « reculade » que beaucoup disent craindre, seuls 29 pays ont déposé depuis la COP de 2021 des plans de réductions rehaussés, alors même qu'ils avaient adopté un « pacte » les appelant à le faire. Les éventuelles annonces de réductions supplémentaires à Charm el-Cheikh seront donc scrutées de près. Les deux principaux pollueurs mondiaux, Chine et Etats-Unis, dont la coopération est cruciale, ne s'exprimeront pas lors du sommet. Le président chinois Xi Jinping ne viendra pas en Egypte, et son homologue américain Joe Biden, retenu par les élections de mi-mandat, passera rapidement à la COP le 11 novembre. MM. Xi et Biden pourraient toutefois se rencontrer à Bali la semaine suivante en marge du G20. Le président français Emmanuel Macron, en marge de la COP, les a appelé lundi à être « vraiment au rendez-vous », sur la réduction des émissions et la solidarité financière. Plus globalement il faut « mettre la pression sur les pays riches non européens, leur dire +vous devez payer votre part+ », a-t-il estimé. L'aide au pays pauvres, souvent les plus exposés aux effets du réchauffement, même s'ils n'y ont presque pas contribué, est un autre enjeu crucial de cette COP27. Dans un premier geste, les délégués ont décidé dimanche de mettre pour la première fois à l'agenda officiel de la conférence la question épineuse du financement des dommages déjà causés par le réchauffement. Ils se comptent déjà en dizaines de milliards de dollars – plus de 30 par exemple pour les récentes inondations qui ont mis sous l'eau un tiers du Pakistan – et devraient croître fortement. Les pays vulnérables réclament un mécanisme de financement spécifique, à quoi rechignent les plus riches, qui craignent de voir leur responsabilité mise en cause et arguent que le financement climat est déjà suffisamment complexe. La COP27 ne débouchera pas sur une décision, les discussions devant se poursuivre à horizon 2024. Le président brésilien élu Lula, dont la victoire a redonné espoir aux défenseurs de l'Amazone, un des « poumons » de la planète, pourrait de son côté faire un passage à Charm el-Cheikh avant la fin de la conférence le 18 novembre.