Pour le climat et la planète Moins de méthane, plus d'arbres: les dirigeants de la planète sont venus au secours du climat mardi à la COP26 avec deux accords phare ambitionnant de contenir les très néfastes gaz à effet de serre. Avec dans le viseur un réchauffement de la planète limité à +1,5°C, ils sont sous pression pour en faire davantage contre le dérèglement climatique, lors de la conférence climatique de l'ONU du 12 novembre à Glasgow (Ecosse) et considérée comme cruciale. Une centaine d'entre eux, représentant plus de 40% des émissions mondiales de méthane, se sont engagés à réduire drastiquement les émissions de ce puissant gaz à effet de serre d'au moins 30% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2020. S'il y a parmi eux les pays de l'Union européenne et les Etats-Unis, de gros pollueurs comme la Chine, la Russie et l'Inde manquent toutefois à l'appel. « Le méthane est l'un des gaz que nous pouvons réduire le plus vite. Ce faisant, cela permettra de ralentir immédiatement le changement climatique », a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, soulignant que ce gaz est responsable d' »environ 30% » du réchauffement de la planète depuis la révolution industrielle. C'est « un engagement qui change la donne », a renchéri le président américain Joe Biden, assurant que les signataires représentaient 70% du PIB mondial. Moins connu que le CO2, le méthane (CH4) est le deuxième gaz à effet de serre lié à l'activité humaine, principalement issu de l'élevage, des combustibles fossiles (surtout des fuites remédiables dans l'industrie) et des déchets. Surtout, s'il subsiste moins longtemps dans l'atmosphère, son effet de réchauffement est bien supérieur que celui du dioxyde de carbone, jusqu'à plus de 80 fois. « C'est un moment historique », a salué le patron de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol. En dix ans, l'engagement pris équivaut, selon lui, à éliminer les émissions de « tout le secteur des transports » dans le monde. Pour le centre de réflexion Ember, « cela montre que le monde prend conscience de l'impressionnant impact climatique du méthane ». A court terme, le méthane ayant fuit des seules mines de charbon pèse plus que toutes les émissions de CO2 de l'Europe, selon lui. L'ONG Greenpeace souligne toutefois que ce pacte doit marquer « le début et pas la fin » des ambitions concernant la réduction du méthane. Malgré cette annonce, et celle d'un engagement à arrêter la déforestation, le Premier ministre britannique Boris Johnson, dont le pays accueille la COP26, s'est dit « prudemment optimiste » sur les chances de réussite de la COP26. « Il y a encore un très long chemin à parcourir » pour aboutir, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse, assurant que « les yeux du monde » étaient désormais « rivés » sur les négociateurs qui restent après le départ des chefs d'Etat. Au difficile menu des discussions figurent notamment la question de l'aide financière, promise mais toujours inaboutie, aux pays pauvres déjà affectés par le changement climatique, ou celle d'une décarbonation accélérée de l'économie. La promesse d'enrayer la déforestation a été adoptée mardi par une centaine de pays abritant 85% des forêts mondiales, dont le Brésil, très critiqué pour sa politique environnementale. L'initiative bénéficiera d'un financement public et privé de 19,2 milliards de dollars (16,5 milliards d'euros) sur plusieurs années. Poumons de la planète avec les océans, les forêts jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique en absorbant une partie importante des milliards de tonnes de gaz à effets de serre libérés chaque année dans l'atmosphère par les activités humaines. « On ne peut faire face au changement climatique sans protéger notre environnement naturel et respecter les droits des peuples autochtones », avait souligné le Premier ministre britannique Boris Johnson en présentant cet engagement. Les forêts reculent actuellement au « rythme alarmant » de 27 terrains de football chaque minute, selon la présidence britannique de la COP26. Et d'après l'ONG Global Forest Watch, la déforestation dans le monde a accéléré ces dernières années. Le nouvel engagement contre la déforestation rappelle toutefois la Déclaration de New York sur les forêts de 2014, souscrite par de nombreux pays, entreprises et peuples autochtones. Pour des ONG comme Greenpeace, l'objectif de 2030 mis en exergue reste beaucoup trop lointain et donne le feu vert à « une décennie supplémentaire de déforestation ». Global Witness a dit craindre de voir se répéter « les échecs de précédents engagements » similaires, en raison d'un financement insuffisant et d'un suivi incertain de la parole donnée.