Le Fondateur et CEO de Mahali Group Africa (MGA), Mehdi Laraki, a accordé une interview à la MAP sur l'évolution de l'écosystème marocain des startups, ses opportunités et ses contraintes. Tout d'abord, pouvez-vous présenter la plateforme « Mahali Group Africa »? Depuis 2017, Mahali Group Africa est une solution marketplace qui permet à n'importe quelle entreprise ou entrepreneur marocain de digitaliser ces produits. Grâce à la plateforme Mahali, n'importe qui peut commencer à vendre en ligne, livrer dans plus de 150 villes au Maroc ainsi que générer des revenues en quelques clics. Notre objectif sur la troisième version (stage3), prévue pour 2023, est d'apporter encore plus de digitalisation et d'automatisation concernant les services Mahali. A travers d'autres entités de MGA, notre réseau bénéficiera d'un accompagnement au-delà d'une simple digitalisation. Une économie se structure avant de se digitaliser. Et même digitalisée, celle-ci aura toujours besoin de promotion, développement et d'accompagnement. En tant que startupper, quel état des lieux faites-vous à l'écosystème des start-ups au Maroc? Je vois un écosystème florissant, plein d'ambition, de créativité et de talent. Bien au-delà du startup ecosystem, c'est tous les entrepreneurs marocains et tous ceux qui y contribuent. On commence à sentir un réel mouvement digital et entrepreneurial dans notre pays. Beaucoup de nouveaux projets ont vu le jour au Maroc, mais sont dans l'incapacité de prospérer, compte tenu des difficultés administratives et du manque de financement. Des programmes d'incubation existent mais sont beaucoup trop prématurés et inexpérimentés pour accompagner les startups marocaines. Prenons l'exemple d'un incubateur qui pour un prêt d'honneur de 500.000 dirhams vous prend 240.000 dhs pour 12 journées sur différents thèmes. Je constate souvent dans ces programmes l'absence d'interventions sur des thèmes clefs dont dépend la souveraineté technologique marocaine. Il faut mentionner le manque de synergie et de coopération entre les entités d'accompagnement. En effet, chacune d'entre elles a des exigences différentes. Pour répondre à ces exigences, les entrepreneurs mettent en péril leur financement précédent, ou encore doivent se transformer en une entreprise de recherche et développement. Les conflits que cela provoque génèrent des ralentissements de financement inacceptables de plusieurs années pour des startuppers qui doivent au contraire être rapides pour survivre, réussir et exporter leur projet à l'international. – Quelles sont les opportunités et les contraintes rencontrées par les start-ups au Maroc? Un marché extrêmement bien positionné à l'international, des entrepreneurs et des projets révolutionnaires. D'après les rapports, on compte plus de 250 startups au Maroc, ce qui représente une réelle opportunité à saisir pour les financiers qui eux aussi sont bloqués par des cellules risques incompétentes et avec zéro suivi. Pour Mahali, INTELAK a pris plus de 8 mois à se débloquer ce qui a coûté à l'entreprise près de 3.000.000 DH. Pour notre incubateur, c'était deux financements annoncés depuis déjà 2019: un prêt d'honneur de 500.000 DH dont 240.000 pour l'incubateur ainsi qu'un financement allant jusqu'à 15.000.000 DH avec un apport autour de 20% sur votre HT. Et même avec un apport de 20%, une recommandation ministérielle et les validations du gouvernement, nous n'avons reçu aucune réponse de cette banque après 1 an. Il faut que dans un effort conjoint nous parvenions à créer un écosystème prospère et attractif qui puisse retenir nos talents, qu'ils soient des ingénieurs, docteurs, ou entrepreneurs. Tout marocain est un talent à préserver, accompagner et à enrichir. Quelles sont vos recommandations pour améliorer cet écosystème? En 3 ans, 3 financements et 16.700.000 dhs promis, nous avons reçu moins de 3% de ces montants. Ayant présidé MGA presque 6 ans dans l'écosystème marocain, voici mon humble avis. La première des choses et qui est cruciale aujourd'hui sans perdre de temps c'est de faire un état des lieux. Il faut que le gouvernement annonce les résultats de tous ces programmes abandonnés par les entrepreneurs. Oui, de l'argent à été déployé pour l'écosystème mais nous voulons maintenant le résultat du revenu ou du retour que ceci à généré. Deuxièmement c'est de faire un contrôle de satisfaction ou suivis non pas par un e-mail mais par des rendez vous ou des appels. Récemment la dotation en devise a augmenté à 100.000 dhs mais en contrepartie on augmente les taxes sur le e-commerce international. Oui, on veut booster la consommation marocaine mais pour cela il faut investir dans l'industrielle, les startup, l'artisanat marocains mais surtout par la promotion de notre culture et cela inclut nos réalisateurs de contenu ou cinéma, par nos artistes et nos musiciens. Combien allouons-nous réellement à ces bienfaiteurs de notre culture ? Il faut que l'investissement sous toutes ses formes, dans un nouvel élan, reflète les ambitions de notre pays. J'en profite pour annoncer officiellement cette fois, l'arrêt prompt de tout nos partenariats financiers avec les autorités de régulations ainsi que le début de ma carrière dans l'associatif en parallèle de Mahali Group Africa, avec pour but de réunir les entrepreneurs, conseillers et mentors sous une même mission et un même drapeau. Réunir les femmes et les hommes d'affaires marocains ensemble pour faire savoir et faire valoir notre pays dans la diplomatie la plus absolue.