La fermeture des internats des écoles d'ingénieurs a causé de nombreux effets négatifs aux étudiants ainsi qu'à leurs familles. En conséquence de quoi, les étudiants de cinq écoles d'ingénieurs à Rabat ont décidé de s'unir afin d'exprimer leurs griefs communs. Les start-up se profilent depuis plusieurs décennies comme des locomotives du développement technologique au monde. Au Maroc, bien qu'une dynamique positive se fait remarquer depuis 3 ans, un long chemin reste à parcourir pour arriver à booster les start-ups. A la veille de la Journée internationale des start-up, lancée en 2017 et depuis, célébrée le 11 mars de chaque année, il convient de mettre en relief l'importance et la valeur de la start-up dans le développement économique de tout pays ambitionnant d'encourager l'innovation et de renforcer le progrès technologique et digital vers lequel tend la planète. Par ailleurs, l'impact de la pandémie sur les économies du monde entier est un fait réel et flagrant et tous les opérateurs de l'économie à l'international, notamment au Maroc, mènent des réflexions sérieuses quant aux pistes susceptibles de garantir une relance économique à même de permettre aux citoyens de retrouver leur mode de vie habituel. Dans ce sens, « les start-ups ont un rôle vital à jouer », nous affirme, Mehdi Alaoui, le fondateur et CEO de « LaStartupFactory.co », plateforme dont la mission est de dynamiser les start-up, permettre l'innovation des entreprises et être le catalyseur de leur coopération. Depuis quelques années, et particulièrement suite à la levée du confinement, le Maroc a fait quelques efforts dans l'encouragement de la création de ces jeunes pousses. Un effort confirmé par Mehdi Alaoui, fondateur par ailleurs de plusieurs start-ups dont ScreenDy, Media Mobility, PubOnline, EMA et Play&Meet, qui parle d'une « dynamique positive qui est à maintenir et à encourager, et qui aboutit jusqu'à présent à un nombre de start-ups au Maroc établi à plus de 1500 », alors qu'ils étaient près de 500 pendant le confinement. Par ailleurs, comme toutes les autres structures, les start-up ont eu leur part de difficultés durant la période du confinement. C'est ce qui ressort d'une étude de « « StartupSquare ». L'impact du Covid-19 sur les start-up La pandémie du Covid-19 n'a épargné aucune structure. Les start-ups marocaines ont toutefois fait preuve d'agilité et de résilience et ont démontré leur capacité à évoluer dans les contextes les plus contraignants. D'ailleurs 87% des entrepreneurs sondés par StartupSquare ont assuré avoir adapté leur travail aux aléas de la pandémie et aux mesures restrictives imposées. Mais bien que ces dernières aient pu s'adapter à la conjoncture, elles ont rencontré une difficulté financière sans précédent. A la fin du confinement, 64% d'entre elles déclaraient disposer de moins de 3 mois de trésorerie et concevaient leur stratégie de développement à flux tendu commercialement. À l'exception des start-up proposant des solutions de substitution à la mobilité, toutes les autres ont été confrontées à des problèmes de trésorerie, de financement et à un manque cruel de perspectives. « Plus de la moitié des start-ups en situation de levée de fonds ont été soumises au report des négociations avec les investisseurs », peut-on lire dans l'étude en question. Par ailleurs, toute crise est source d'opportunité. Du fait que certains secteurs ont connu une importante croissance durant cette période, les start-ups actives dans l'industrie du e-commerce, l'edtech et la fintech, ont su saisir cette opportunité. Un écosystème varié et innovant Les solutions innovantes que proposent les start-ups dans plusieurs secteurs s'imposent aujourd'hui comme un atout nécessaire capable d'augmenter la chaîne de valeur de l'économie nationale. Dans les secteurs de l'agriculture, de l'énergie, des mines et de la greentech, bon nombre de start-up sont arrivées à profiter du savoir de pointe du Royaume dans le domaine et ont de ce fait acquis une maturité avancée. Les jeunes pousses Agroop, HydroBarley, Atlan space, Lombrisol, Evaptainers - et la liste n'est pas exhaustive – en sont la parfaite illustration. En outre, les différentes solutions proposées par les startups dans l'industrie 4.0, telles que SmartOn, Aiotech, Weworkup, hsabati, Nextwi, Benatna ... permettent aux entreprises de bénéficier de solutions d'IA et de Data. Ces solutions permettent non seulement aux entreprises d'industrialiser et de dématérialiser leurs process dans l'ensemble de leurs Workplace, mais également d'assouplir et de flexibiliser leurs coûts, notamment dans les domaines marketing et de la mobilité. D'autre part, actuellement, les institutions publiques font également appel à des solutions digitalisant santé, accès à la justice et à l'éducation, proposées par des start-ups marocaines, dont Tbib, Docdoc.ma, Juris.ma, Clubs.ma ... « L'innovation dans ces services de première nécessité est d'ailleurs la clé de succès de ce cycle et assurera les innovations de demain », nous explique Mehdi Alaoui. Un autre aspect social important de la valeur significative apportée par les start-ups au Maroc se matérialise dans les usages des Marocains qui évoluent avec toute la génération internet arrivant à maturité de consommation : les pépites de e-commerce, fintech et d'immobilier sont là pour répondre aux besoins de cette classe de la société. Dans ce registre, plusieurs start-up sont en activité au Maroc, notamment CreaSouk, Saweblia, UPAY, PAYBY, TINDY, Mubawab, Sarouty ... Il est vrai que l'effort des opérateurs économiques et des investisseurs se fait de plus en plus sentir et que les initiatives d'encouragement s'accumulent pour donner un coup de main à ces locomotives du développement (voir l'article annexe), « toutefois, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour leur garantir un environnement propice à l'innovation », explique le jeune entrepreneur, notamment en matière de législation. Nabil LAAROUSSI 3 questions à Mehdi Alaoui « Les start-up marocaines ont su démontrer leur résilience et leur adaptation durant cette période de crise » Mehdi Alaoui, vice-président de la Fédération marocaine des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring (APEBI) et fondateur de « LaStartupFactory.co » dresse le tableau des start-ups au Maroc et nous explique les problèmes que ces dernières rencontrent. - Comment l'écosystème des startups a vécu la période COVID ? - La majorité des start-ups marocaines ont su démontrer leur résilience et leur adaptation durant cette période pour le moins difficile. L'étude menée par « StartupSquare » a relevé que les start-ups mid-stage (1-2 ans) qui, contrairement à ce l'on aurait pu envisager, sont les moins impactées. À l'inverse, 13% des start-upers interrogés durant le confinement (dont une sur cinq ayant plus de 2 ans) ont exprimé leurs incertitudes quant à la survie de leurs boites. J'explique cette distinction par leur forte croissance et la faible structure de leurs coûts. D'autre part, le financement a été un grand frein aux start-ups lors de la pandémie. 2 start-ups sur 3 sondées ont perdu au moins un marché à cause de la pandémie, et estiment à 39% la baisse de leur chiffre d'affaires, et ce, à cause de la nature même, éminemment innovante, de leurs projets, qui inquiète en temps de crise les décideurs rétifs au changement. - Comment aider les start-ups impactées à rester dans la course ? - En écartant les start-ups pour lesquels l'épidémie a été synonyme de croissance, il apparaît que ce que demandent les start-ups en priorité pour essayer de survivre à la crise sont des aides financières, qu'elles prennent la forme de subventions ou de prêt à taux 0 ou de réduction des coûts. En effet, les start-ups matures dont une part importante estiment faire faillite cherchent activement des solutions pour ne pas licencier tout en allégeant leurs structures de coûts, tandis que les early stages également fortement impactés espèrent pouvoir continuer à développer leurs produits avec un minimum de revenu. - Quid de l'aspect législatif ? - Les start-ups n'ont pas leur propre législation et c'est un grand problème du fait que la réglementation appliquée les bloque et ne leur permet pas d'avancer correctement, d'où l'importance de la mise en place du « Startup Act » marocain que la Fédération marocaine des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring (APEBI) encourage depuis plusieurs années. Nous ne voulons pas réinventer la roue, on peut reproduire le modèle de la Tunisie, rassemblant 18 lois qui permettent entre autres de moins taxer la création d'emploi dans les start-ups, la facilité de change à l'international, la possibilité de pouvoir donner aux salariés des actions dans la start-up pour les motiver. Et il faut dire que le Maroc est en retard dans ce sens. Encadré Initiatives : une mobilisation en accélération, mais à renforcer A partir de la levée du confinement, dans le paysage des start-ups au Maroc, plusieurs initiatives d'accompagnement et d'incubation de jeunes prêts à se lancer dans le monde de l'entrepreneuriat, ont vu le jour. Dans ce sens le nouvel incubateur de start-up IsraMaroc qui sera opérationnel le 10 mars et qui vise à renforcer les relations Israël-Maroc. La signature d'une convention de partenariat, lundi 15 février à Rabat, par le ministre de l'Industrie, Moulay Hafid Elalamy, le directeur général de l'Agence nationale pour la Promotion de la PME (Maroc PME), Brahim Arjdal, et le membre fondateur de la Fédération de l'écosystème start-up du Maroc (MSEC), Amine Al-Hazzazle, pour le lancement du programme d'appui aux start-ups industrielles « Tatwir-Startup », dans le cadre du déploiement du Plan de relance industrielle 2021- 2023, s'inscrit dans la même dynamique. Des initiatives qui sont en phase avec « une dynamique qui date de plus de 2 ans et qui commence à s'accélérer dernièrement, grâce à l'effet positif qu'ont joué les start-ups », avance Mehdi Alaoui. « Nous avons pu inspirer et montrer au monde que nous avons beaucoup de talents au Maroc, et ça a donné aux opérateurs l'envie d'investir dans les start-ups », ajoute-t-il. Cependant pour le jeune entrepreneur, la mobilisation des acteurs de l'écosystème, étatiques, institutionnels ou privés, n'est toujours pas suffisante pour protéger les emplois du secteur. « Or la crise a montré que le Maroc se devait d'acquérir une autonomie technologique de nature à lui permettre de dépasser les crises futures », souligne-t-il. Il convient de souligner que, lors de la crise, seul un entrepreneur sur 10 a été aidé selon l'étude de « LaStartupFactory », alors que tous ont contribué à la lutte contre le SARS-Cov-2. Et le privé, souvent plus sensible aux nouvelles technologies y a contribué à hauteur de 50%.