Arrêt d'activité, nouvelles opportunités... Le Covid-19, qui a perturbé le bon fonctionnement de l'économie, a différemment impacté l'écosystème des startups au Maroc. Leur résilience et leur adaptation varient selon le stade de développement commercial ou des secteurs d'activités. D'un côté, il y a Moldiag, la startup créée par the Moroccan Foundation for Advanced Science (MAScIR), qui a pleinement profité de la conjoncture en développant et en lançant en quelques mois seulement, la production à grande échelle du test PCR Covid-19 100% marocain. Elle a reçu une première commande de 100.000 unités du ministère de la Santé et dispose d'une capacité de production de 1.000.000 tests par mois. De l'autre, les startups forcées d'arrêter leurs activités. « La plupart des startups incubées ont dû arrêter leur activité pendant le confinement, notamment ceux qui opèrent dans le domaine de l'artisanat et la restauration. Toutefois, il y a une minorité qui a pu développer son activité. Ce sont celles qui opèrent dans le domaine de la technologie et du web », souligne Salma Ould-Dada, responsable Communication de Espace Bidaya. Depuis le début de l'état d'urgence sanitaire au Maroc, la quasi-totalité des entrepreneurs (87%) assurent avoir sans grande difficulté adapté leur travail au contexte, souligne une étude menée par StartupSquare. Parmi elles, Pomm'it, startup sociale spécialisée dans la production de produits agroalimentaires et cosmétiques à base de pommes semi-détériorés. « L'impact du coronavirus est négatif puisque les flux de matières premières de nos fournisseurs, ainsi que les flux de nos produits de Midelt à Casablanca et Rabat ont été perturbés. Aussi, le coût de transport et de quelques parties de l'emballage ont évolué. Pour ne rien arranger, quelques revendeurs ont fermé et cela nous a impactés puisque nous ne recevons plus de demandes de la part du marché. Nous avions prévu de lancer une nouvelle gamme de produits à la fin de l'année 2020 mais vu la situation actuelle qui est instable à cause des décisions du gouvernement prises au jour le jour, cela ne pourrait pas marcher », explique Walid Ijassi, président-fondateur de Pomm'it. « C'est un peu triste que cela soit arrivé juste après avoir investi de l'argent, l'effort, et la passion dans une nouvelle image de marque avec deux nouveaux produits lancés fin 2019 et de nouveaux partenariats à Rabat, Casablanca et Fès, en plus de l'initiation de commercialiser en Europe de l'ouest puisque je travaille sur un projet de recherche complémentaire dans le développement durable avec un laboratoire en France », se désole le jeune entrepreneur. Lire aussi | Tim Cordon: « Les voyageurs tiennent toujours à partir en vacances, mais la sécurité est devenue une priorité absolue » Pour sa part, la crise sanitaire constitue pour Pip Pip Yalah une « opportunité fonctionnelle et citoyenne ». « Nous avons lancé avec les médecins du CHU de Fès en assurant la partie technique, la solution de dépistage en ligne du Covid-19 ‘‘Docteur24.ma'', que nous avons par la suite déployée dans notre application Pip Pip Yalah afin de permettre à nos membres de savoir si quelqu'un a été infecté par le Covid-19 avant d'entamer le voyage. Nous avons aussi lancé le module de paiement en ligne par carte bancaire il y a quelques jours et nous comptons en plus de cela récompenser et payer les membres qui font un covoiturage tout en respectant les gestes barrières », explique Hicham Zouaoui, CEO de la startup de covoiturage. À noter que l'étude de StartupSquare révèle que les Startups mid-stage (1-2 ans) qui, contrairement à ce l'on aurait pu envisager, sont moins impactées que les startups matures dont le processus de développement est avancé. Cela s'expliquerait par leur forte croissance et la faible structure de leurs coûts. Certains secteurs ont connu une importante croissance durant cette période. C'est bien connu : toute crise est source d'opportunité. Une opportunité que les startups actives dans l'industrie du e-commerce, l'edtech et la fintech, ont su saisir. À l'inverse, 13% des startups interrogées (dont une sur cinq ayant plus de 2 ans) ne pensent pas pouvoir survivre à la crise. En somme, nous observons donc un paysage disparate qui reste marqué de manière générale par un ralentissement ou arrêt de l'activité commerciale, un besoin d'ajuster son organisation au contexte du confinement (management à distance, télétravail)… Lire aussi | Tarik Haddi, DG associé d'Azur Partners : « il est temps de renégocier certains accords de libre échange » Quant aux solutions pour faire sortir les Startups de cette crise, ces dernières demandent en priorité des aides financières, qu'elles prennent la forme de subventions (40 % des sondés) ou de prêt à taux 0 (23 % des sondés) d'une part ou de réduction des coûts (charge sociales-10 % des sondés et loyer -66 % des sondés). StartupSquare explique que les Startups matures, dont une part importante font face à la faillite, cherchent activement des solutions pour ne pas licencier tout en allégeant leurs structures de coûts, tandis que les early stages également fortement impactés espèrent pouvoir continuer à développer leurs produits avec un minimum de revenu.