Pourra-on encore parler de la fameuse Koutla démocratique ? La nostalgie de ce beau front est si véhémente qu'elle émeut tout rêveur de ces temps-là, ensevelis dans les ténèbres du passé. En fait, certains diraient que ce serait utopique d'y songer toujours et que le bloc n'est plus qu'un mirage estompé par l'usure de l'histoire nationale. En revanche, d'autres rétorqueraient que ce ne serait qu'une simple phase transitoire qui a tout de même, hiberné une éternité. Dès le 17 mai 1992, date de son annonce pompeuse de la charte constitutive, cette alliance avait ébranlé, de bout en bout, le cours de la scène politique marocaine. Ses apports substantiels y sont encore enracinés, car ils ont permis, sans conteste, d'introduire, à un moment crucial du parcours politique de la Nation, une nouvelle étape de l'identité du Maroc d'aujourd'hui. Cette coalition émanant du mouvement national avait eu le mérite de lutter ardemment pour la mise sur orbite des réformes institutionnelles, couronnées par la mise en place de l'Exécutif de l'Alternance, avec le noyau dur de l'obédience de la gauche progressiste. Cependant, au fil des ans, le bloc se faisait « désavouer», petit à petit au profit d'un «nouveau venu»,depuis l'an 2008 et se fait alors, damer le pion, en cours de route, par des partis dits de «l'Administration» et de «l'Islam politique» avec l'appui «complice» du régime. Au-delà de ces assauts en externe, la Koutla bat aussi de l'aile en interne, puisque des dissonances ont, par la suite, émaillé sa procession. Réduite à trois formations, du fait de la dissolution de la défunte «OADP» et l'abandon précoce de «l'UNFP», la coalition se désagrège davantage avec la disharmonie et la désunion qui ont affecté son évolution. A présent encore, les trois composantes de cet assortiment traditionnel sont en vie, quoique disparates et fragmentés, que sont l'USFP, le PI et le PPS. Faut-il convenir que les raisons pour lesquelles la Koutla a vu le jour, s'avèrent caduques et désuètes ou sont constamment utiles et fonctionnelles ? A voir la situation «chaotique» dans laquelle se débat la scène politique nationale, on est plutôt tenté de se faire sien la refonte d'un bloc national tel que fut la Koutla démocratique est plus que jamais vivement escompté. Il serait plus loisible de se faire renforcer par d'autres forces nationales constituant un front élargi, en vue de mettre à l'échec touts les plans de renversement des acquis, durant des décennies de combat pour la liberté, le progrès et la justice sociale. Et c'est au socle du second souffle démocratique de la Koutla que revient, à coup sûr, l'initiative de se ressaisir et de se faire entourer par des entités de la même trempe qu'on aimerait baptiser de grand «peuple de la gauche», en ce moment désenchanté de la «déchéance libérale», marquée par la paupérisation et la spoliation des droits rudimentaires du peuple. Pourvus que ce piédestal descende de sa tour d'ivoire, s'attelle à résorber ses discordances internes et s'attaque fermement aux grands maux des populations déshéritées et laissées- pour-compte !