Pour faire face aux alliances préélectorales, l'USFP, le PPS et l'Istiqlal font une dernière tentative pour relancer leur coalition. Les tentatives d'opérer un grand rassemblement de gauche n'ayant donné aucun résultat, l'USFP et le PPS se tournent à nouveau vers leur allié de la Koutla, l'Istiqlal. On se rappelle qu'au mois d'août, les trois partis n'avaient pas pu trouver d'accord quand il s'agissait de développer une position commune vis-à-vis des projets de lois électorales. La nouvelle tentative aura-t-elle plus de chance ? En tout, les trois partis s'apprêtent à faire une déclaration commune dans les jours qui viennent. Réunis jeudi dernier à Rabat, ils se sont mis d'accord pour intensifier et accélérer les discussions dans les prochains jours. La rencontre qui a été organisée par la commission de suivi a élaboré un projet de déclaration commune transmis aux secrétaires généraux des trois partis. Concrètement, l'Union socialiste des forces populaires (USFP), l'Istiqlal et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) déclarent étudier les possibilités de travailler en commun lors des prochains jours au sein du Parlement. Ils envisagent également de faire campagne commune pour appeler les citoyens à s'inscrire sur les listes électorales lors de l'opération de révision des listes. D'autres points feront l'objet de coordination comme l'alliance électorale ou la participation dans le prochain gouvernement. La réunion du jeudi dernier de la Koutla a vu la participation de Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS, en compagnie des membres du bureau politique Amine Sbihi et Mohamed Salem Latafi. Du côté de l'USFP, il y avait la présence de Abdelouahed Radi, Fathallah Oualalou et Habib El Malki. Pour l'Istiqlal, le Premier ministre Abbas El Fassi a été absent et seuls deux membres du comité exécutif, en l'occurrence Mohamed Soussi et Saâd Alami, représentaient le parti. Pourtant Abbas El Fassi n'a cessé d'appeler à ce que la Koutla demeure toujours une structure de coordination entre les partis issus du mouvement national. Dimanche 25 septembre, lors d'une rencontre de la jeunesse istiqlalienne, Abbas El Fassi, accompagné de Mohamed Elyazghi, avait tenu à annoncer le rôle prépondérant que joueront la Koutla et les partis du bloc national dans les prochains jours. Selon Amine Sbihi, «les partis de la Koutla vont faire dans quelques jours une déclaration commune sur la situation politique que traverse le Maroc. La Koutla a depuis sa constitution en 1992 été présente dans tous les moments forts du pays. Aujourd'hui nous vivons un moment fort et nous n'allons pas laisser passer l'occasion afin de donner au pays des institutions représentatives fortes et crédibles», affirme la même source. Interrogé sur la discrétion de ces rencontres, Amine Sbihi explique que les composantes de la Koutla ne veulent pas refaire les erreurs du passé, chaque déclaration sera coordonnée avec les autres composantes. Concernant le contenu de la déclaration commune, une source au sein de la Koutla a affirmé à ALM que cette annonce serait forte, renouvelée, crédible et ouverte sur l'avenir. «La Koutla n'est pas une structure fermée, elle peut s'ouvrir sur d'autres structures crédibles et sérieuses». Les chefs de l'USFP, de l'Istiqlal et du PPS ont convenu aussi lors de la dernière rencontre de se retrouver dans quelques jours pour débattre du grand dossier électoral. Les dernières réunions de la Koutla font figure de dernière chance, notent les observateurs de la scène politique. La réanimation de la Koutla vient aussi au moment où la réunion avec les partis de la gauche, tenue le mois d'août, entre le Parti socialiste (PS), le Front des forces démocratiques (FFD ), l'USFP et le Parti de la gauche verte n'a pas abouti à grand-chose. Pire encore, ce rassemblement de la gauche a démontré encore une fois une grande tendance à l'éclatement puisque le Parti socialiste unifié (PSU) et le Conseil national ittihadi (CNI ) avaient boycotté la rencontre. Des partis comme l'USFP, le PSU ou le PS ont émis des réserves sur l'invitation du Parti travailliste, du CNI ou de la Gauche verte. Tous ces partis sont issus des formations citées en premier ; ces dernières considèrent que les partis qui ont fait scission à des périodes différentes sont des égarés. En outre, l'USFP avait depuis toujours une vision assez particulière de l'unification de la gauche. Elle se considère comme le seul parti habilité à devenir le grand pôle de la gauche ou le grand parti socialiste, une vision réfutée par d'autres formations comme le PSU ou le PPS. À rappeler que l'Istiqlal a vu d'un mauvais œil la tentative de rapprochement du PPS et de l'USFP avec le bloc de la gauche et la coordination du MP et du RNI avec le PAM et l'UC. Le 13 septembre, Abbas El Fassi avait organisé chez lui à Rabat un dîner auquel étaient conviés les patrons des autres partis de la majorité actuelle, pour convaincre le MP et le RNI de se conformer aux positions de la majorité jusqu'à la fin du mandat du gouvernement. De la Koutla nationale à la Koutla démocratique La Koutla démocratique a été constituée en 1992 par une coalition de cinq partis qui faisaient partie de l'opposition avant le gouvernement d'alternance en 1998. Elle remonte au début des années 1970 avec la Koutla nationale, lorsque l'UNFP et l'Istiqlal avaient décidé de former un front d'opposition. En 1992, la Koutla démocratique englobait l'USFP (Union socialiste des forces populaires), l'Istiqlal, le PPS (Parti du progrès et du socialisme), l'OADP (Organisation de l'action démocratique et populaire) et l'UNFP (Union nationale des forces populaires). Reformée en 1998, elle ne comptera finalement que le parti de l'Istiqlal, l'Union socialiste des forces populaires et le PPS. L'OADP et l'UNFP vont quitter la Koutla après l'alternance, laissant l'Istiqlal, l'USFP et le PPS constituer une Koutla qui participera à tous les gouvernements depuis cette date.