Pour survivre, la Koutla démocratique est condamnée à changer de peau. Des sources dignes de foi parlent déjà d'une large coalition qui comprendrait l'USFP, l'Istiqlal, le PPS, la GSU, le FFD et le PSD. Dans les rangs de la Koutla démocratique, l'accord de principe est acquis, mais encore faut-il que la nouvelle démarche puisse prendre forme et se concrétiser sur le terrain de l'action réelle et palpable. Il s'agit, en fait, non seulement d'une opération de réincarnation de cette instance qui sommeille depuis plusieurs mois, mais, plus encore, d'un élargissement de ses rangs et d'une ouverture qui implique de nouveaux partenaires. Au vu de l'expérience passée et des résultats électoraux acquis, il y a lieu de dire, conformément à une opinion largement partagée par les différentes composantes de la Koutla démocratique, que le besoin d'une coordination plus poussée se ressent de plus en plus fort, y compris chez les dirigeants de la gauche radicale. L'avancée de l'islamisme n'est plus une spéculation théorique abstraite, mais un fait établi et quantifiable en termes de voix électorales. Depuis avril 1992, date de la création du bloc démocratique, et en dépit de quelques tentatives timorées et timides allant dans le sens de la coordination des positions et surtout des démarches, rares sont les moments d'unité d'action qui font date. Hormis, les instants d'unité des rangs qui ont marqué les élections législatives de 1993, et qui ont donné une nette avancée aux partis de l'Istiqlal et de l'Union socialiste des forces populaires, le processus de coordination a été constamment perturbé. D'abord, par certaines attitudes sectaires, comme c'est le cas pour la ville de Nador en 1993, lorsque le candidat de l'USFP avait refusé de céder la place à un candidat de l'Istiqlal, suggéré par les instances dirigeantes des deux partis, et par le retrait du PPS et de l'ex-Organisation de l'action démocratique populaire ( OADP). Ces deux dernières formations n'ont jamais été intégrées sérieusement dans un élan réel d'action unitaire. Celle-ci s'est souvent limitée à un désistement mutuel des uns et des autres devant la candidature d'un dirigeant (n° 1) d'une des composantes de la Koutla. Mais, généralement, c'est la compétition et la concurrence qui priment dans les batailles politiques. Lors des échéances législatives du 27 septembre 2002, le bloc démocratique s'est avéré incapable de résister aux tentations segmentaires et sectaires de ses membres. Pis encore, au lieu de faire face aux dangers qui les guettaient, ses dirigeants ont accentué sa fragilité. La participation de l'USFP, l'Istiqlal et le PPS au gouvernement lui a porté un coup dur. Du moins en ce qui concerne la régularité de ses réunions. Alors que l'OADP voulait s'ériger en tant que tour de contrôle orientant les commandants de bord qui siégeaient à l'Exécutif, pour l'USFP, il était impératif de traverser les zones de turbulences avec le moins de dégâts possible, c'est-à-dire en ménageant l'ensemble des composantes de la coalition du gouvernement d'alternance. Finalement, des fausses manœuvres d'apparence radicale ont poussé l'OADP à tourner le dos à «l'option stratégique de la Koutla», l'USFP a privilégié, à son tour la raison quantitative, alors que l'Istiqlal a continué son double jeu, en étant à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la majorité dirigeante. Seul, le PPS était loin de peser lourd sur les donnes de l'équation des alliances. Entre temps, les Islamistes du Parti de la justice et du développement gagnaient de plus en plus du terrain. Finalement, les résultats des élections l'ont placé en troisième position, juste derrière l'USFP et l'Istiqlal. Réel ou fictif, le danger existe et la Koutla en est certainement consciente. Ainsi, à la veille des élections communales, l'on parle du nouveau look de la Koutla. Un bloc qui comprend, outre ses composantes constitutives - moins l'UNFP de Abdellah Ibrahim -, le FFD (Front des forces démocratiques) et le PSD (Parti socialiste démocratique). Le premier, après avoir abandonné la thèse taxant la Koutla d'archaïsme, et le second en bénéficiant de l'extinction de l'OADP et de la levée de son veto ainsi que de la naissance d'une GSU (Gauche socialiste unifiée) qui a montré ses limites le 27 septembre dernier.