Pourrait-on toujours parler de la Koutla démocratique? La nostalgie de ce front est si véhémente qu'elle émeut tout rêveur à la délivrance. En fait, certains diraient que ce serait utopique d'en parler encore et que le bloc n'est plus qu'une relique du paysage politique national. En revanche, d'autres rétorqueraient que ce n'est qu'un simple passage à vide qui a, tout de même, hiberné une éternité. Depuis le 17 mai 1992, date de l'adoption solennelle de sa charte constitutive, cette alliance avait ébranlé, de bout en bout, le cours de la scène politique marocaine. Ses apports substantiels y sont encore enracinés, car ils ont permis, sans conteste, d'introduire, à un moment crucial du parcours politique, une nouvelle phase de l'histoire du Maroc d'aujourd'hui. Cette coalition émanant du mouvement national avait ardemment combattu pour la mise sur orbite de nombre de réformes institutionnelles, couronnées par la mise en place du gouvernement de l'Alternance, avec un noyau à obédience nationale et progressiste. Cependant, au fil des ans, le bloc se faisait «désavouer», petit à petit, par son principal allié historique, au profit d'un «nouveau venu», sans légitimité ni référence. Il se fait alors, damer le pion, en cours de route, par des partis de la réaction et de l'Islam politique, en appui complice du régime conquérant et précautionneux. Au-delà de ces assauts en externe, la Koutla bat aussi de l'aile en interne, puisque des dissonances ont, par la suite, émaillé sa procession. Réduit à seulement trois formations, du fait de la dissolution de la défunte OADP et l'abandon de l'UNFP, le bloc se désagrège davantage, avec les disharmonies qui ont affecté son évolution. Aujourd'hui encore, les trois composantes de cet assortiment traditionnel sont en vie, quoique disparates et fragmentés. Faut-il convenir que les raisons pour lesquelles la Koutla a vu le jour, s'avèrent caduques et désuètes? A voir la situation chaotique dans laquelle se débat la vie politique nationale, on est plutôt tenté d'affirmer que le raffermissement d'un bloc national tel que fut la Koutla démocratique est plus que jamais vivement souhaité. Il serait encore plus loisible de se faire renforcer par d'autres forces nationales constituant un front élargi, en vue de contrecarrer tout plan de renversement des acquis obtenus, durant des décennies de lutte pour la liberté, le progrès et la justice sociale. Et c'est au noyau dur de ce second souffle démocratique de la Koutla que revient, à coup sûr, l'initiative de se ressaisir et de se faire entourer par des entités de la même trempe. Pourvus que ce noyau descende de sa tour d'ivoire, de résorber ses discordances internes et de s'attaquer fermement aux véritables ennemis de la Nation, en quête du salut tous azimuts!