Nabil Bousaadi La guerre russo-ukrainienne qui fait rage en ce moment a tellement ébranlé l'équilibre de la planète que le Secrétaire Général de l'Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, s'est trouvé contraint de prendre son bâton de pèlerin et de se rendre à Moscou et à Kiev afin d'y rencontrer les responsables des deux pays pour la mise en place de « couloirs humanitaires ». Arrivé ce mardi à Moscou, le Secrétaire général de l'ONU a, d'abord, été reçu par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avant de se rendre au Kremlin pour y rencontrer le président Vladimir Poutine puis après à Kiev pour un entretien avec le président Volodymyr Zelensky. Lors de sa rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères, Antonio Guterres a fait part de l'entière disposition des Nations-Unies « de mobiliser pleinement leurs ressources humaines et logistiques pour aider à sauver des vies à Marioupol » et proposé que l'ONU, le Comité International de la Croix Rouge ainsi que les forces ukrainiennes et russes travaillent en coordination à l'effet de « permettre l'évacuation, en toute sécurité des civils qui veulent quitter l'aciérie Azovstal et la ville de Marioupol » et de leur « apporter toute l'aide humanitaire nécessaire ». Bien qu'étant favorable à un règlement de la crise ukrainienne par le biais de négociations, le chef de la diplomatie russe estime, néanmoins, que celles-ci auraient peu de chances d'aboutir si l'Ukraine campe sur ses positions et continue à recevoir des armes de toutes catégories et de toutes provenances. Sergueï Lavrov ajoutera, par ailleurs, qu'étant donné que le principal objectif est « de protéger les civils », la Russie est prête « à coopérer avec l'ONU comme avec le Comité International de la Croix Rouge, en termes d'efforts supplémentaires pour soulager la souffrance et le sort des civils ». Lors de la rencontre que le Secrétaire général de l'ONU a eu, par la suite, avec le président russe Vladimir Poutine, ce dernier a immédiatement concédé un accord de « principe » concernant la mise en place de couloirs humanitaires avec la participation des Nations-Unies et du Comité International de la Croix Rouge (CICR) pour l'évacuation des civils ukrainiens coincés dans l'usine d'Azovstal. Le président russe a signalé, par ailleurs, au secrétaire général de l'ONU – dont c'est la première visite à Moscou depuis le déclenchement de l'offensive russe, il y a deux mois – qu'en dépit de la guerre qui fait rage entre les deux pays, il reste persuadé que les négociations russo-ukrainiennes peuvent encore avoir une issue positive quand bien même il a imputé leur « blocage » aux allégations mensongères véhiculées par Kiev à propos des prétendues atrocités qui auraient été commises par les forces russes dans la ville de Boutcha. Rappelant à son interlocuteur que l'armée russe « n'a rien à voir » avec ce qui s'est passé à Boutcha et que Moscou sait pertinemment « qui a préparé cette provocation, par quels moyens et quels sont les personnes qui y ont travaillé », le président Poutine a tenu à confirmer au Secrétaire général de l'ONU que, malgré cela, les pourparlers bilatéraux vont « se poursuivre » et émis le souhait de les voir aboutir à un « résultat positif » dès lors que les négociations bilatérales qui avaient eu lieu, en mars dernier, à Istanbul avaient permis une « sérieuse avancée » dans la mesure où les représentants de la partie adverse « n'avaient pas lié les exigences de sécurité internationale de l'Ukraine, à une certaine compréhension des frontières internationalement reconnues » de leur pays. Bien qu'ayant campé sur ses positions au moment d'évoquer les raisons qui ont été à l'origine de la guerre qui fait rage en ce moment, le président russe a déclaré à son interlocuteur qu'en étant « conscient » des inquiétudes que ce dernier éprouve à propos du conflit russo-ukrainien, il reste prêt à y mettre un terme si son homologue ukrainien accepte de manière claire et sans équivoque ne pas permettre à des bases de l'Otan de s'installer en Ukraine. S'il semble, désormais, acquis que le Secrétaire général de l'ONU va obtenir l'ouverture de « couloirs humanitaires », il n'est pas dit qu'il parviendra à rapprocher les points de vue des deux parties et encore moins qu'il arrivera à faire taire les canons avant que les armes nucléaires n'entrent en scène tant que Washington semble encore éprouver un malin plaisir à jeter de l'huile sur le feu au risque de déclencher cette Troisième Guerre Mondiale tant redoutée mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI