Une année après les élections présidentielles de Novembre dernier qui avaient semé le chaos en Bolivie et contraint à l'exil son président Evo Morales que l'opposition avait accusé de fraude électorale alors qu'il briguait un quatrième mandat, ce n'est pas seulement l'ombre de l'ancien chef de l'Etat qui a plané sur les élections de ce dimanche au cours desquelles 7,3 millions de boliviens ont été appelés à élire leur président et leur vice-président et à renouveler leur Parlement mais, bel et bien, les hommes de l'ancien président, en la personne de Luis Arce, qui fut son ancien ministre de l'Economie, ainsi que son parti, le Mouvement vers le Socialisme (MAS). Aussi, à l'issue du premier tour de cette élection présidentielle – qui est la première, ces 20 dernières années, à n'avoir pas vu la participation de l'emblématique dirigeant de la gauche sud-américaine et ancien président bolivien – les sondages ont attribué la victoire à son dauphin, le candidat de la gauche Luis Arce, qui aurait recueilli 52,4% des voix devançant de plus de 20 points son principal rival, Carlos Mesa, candidat du parti du centre-droit, «Comunidad ciudadana», qui n'aurait obtenu que 31,5% des suffrages exprimés. Mais, après s'être inquiété du fait que le résultat ait été annoncé «une heure après le délai prévu», Evo Morales a lancé, depuis son exil argentin, un appel pour que « le résultat des élections soit respecté par tous». Saisissant cette heureuse occasion pour féliciter son dauphin qui en réalisant cette «grande victoire» est, désormais, « le président de la Bolivie », l'ancien président bolivien a revendiqué la victoire de son parti en rappelant que « le MAS a gagné largement les élections, y compris au Sénat et à la chambre des députés. Reconnaissant la victoire du candidat du Mouvement vers le socialisme, Jeanine Anez, la présidente par intérim, a félicité, dans un tweet, le duo formé par Luis Arce et David Choquehuanca et invité ces derniers «à gouverner en pensant à la Bolivie et à la démocratie». Or, il convient de préciser, néanmoins, que pour assurer la transparence du scrutin, le Tribunal Electoral a vu sa composition renouvelée et que l'Organisation des Etats Américains (OEA), la Fondation Carter et l'Union Européenne (U.E.) ont été invités à dépêcher leurs observateurs. Cette dernière aurait même félicité, dans un communiqué, les Boliviens pour le scrutin «pacifique» de ce dimanche et exhorté ces derniers à «éviter toute provocation ou action violente qui mettrait en péril ou tenterait de fausser le processus électoral actuel». Après cette élection qui a connu un taux de participation assez élevé, l'ancien ministre de l'Economie d'Evo Morales, qui assure ainsi le retour au pouvoir du Mouvement vers le Socialisme, a déclaré devant un parterre de journalistes : «Nous allons travailler pour tous les Boliviens, nous allons mettre en place un gouvernement d'union nationale». A ses côtés se tenait David Choquehuanca, son vice-président. Mais en dépit du fait qu'après la grave crise politique post-électorale qu'a traversé le pays, l'élection de ce dimanche se soit déroulée dans le calme, nombreux sont les boliviens qui craignent encore une répétition des violences de l'année dernière qui avaient fait 36 morts. Aussi, comme Virginia Luna, cette jeune mère de famille de 41 ans qui a déclaré avoir «peur que cela soit encore pire» que la fois précédente, ceux-ci se sont rués vers les commerces pour s'approvisionner. Ont-ils raison de ne pas chanter victoire trop tôt ou ont-ils tort ? Attendons pour voir...