La tension monte d'un cran entre les centrales syndicales et le gouvernement avec l'approche du premier mai. Cette escalade intervient sur fond de doléances insatisfaites par le gouvernement dans le cadre du dialogue social. Le climat social qui constitue un atout important de résilience de l'économie nationale risque de se gâter à un moment où la crise économique continue de planer sur les économies internationales. Les centrales syndicales mobilisent leurs troupes. L'approche d'un ultime round de négociations avec le gouvernement à la veille du premier mai constitue un catalyseur de cette mobilisation. Les principales doléances des centrales syndicales concernent l'amélioration du pouvoir d'achat de la classe ouvrière autant privée que publique. Si après plusieurs rounds de négociations, le gouvernement veut donner l'impression d'avoir accompli l'essentiel notamment avec la baisse de l'impôt sur le revenu, les syndicats estiment, eux, que le gros des doléances reste à arracher. La tension entre les syndicats et le gouvernement s'est traduit par l'organisation d'une grève à la Trésorerie générale du Royaume, les 19 et 20 avril, à l'appel du syndicat national démocratique des finances, affilié à la Fédération démocratique du travail (FDT). Ce mouvement d'arrêt du travail a été largement suivi à travers les régions du Maroc, ce qui donne les couleurs de ce que seront les mouvements de protestation qui couvent sous les cendres du dialogue social. La tension concerne également le secteur de la Justice. Ainsi, la fédération nationale de la Justice et le syndicat national de la Justice, ont annoncé, de leur côté, une grève nationale de 72 heures dans l'ensemble des tribunaux du Maroc du 20 au 22 avril. Parallèlement à ce mouvement sectoriel de protestation, des voix s'élèvent pour appeler à lancer des grèves générales mais aussi des marches de protestations contre ce qu'ils jugent comme tergiversations du gouvernement quant à l'aboutissement du dialogue social. Il s'agit notamment de l'organisation démocratique du travail (Odt) qui a appelé à l'organisation le 13 mai prochain d'une grève nationale dans les secteurs de la fonction publique, des établissements publics et des communes locales. La centrale syndicale de Noubir Amaoui n'est pas en reste. Réunie samedi dans le cadre de son conseil national, la Confédération démocratique du travail (Cdt) a décidé, de son côté, d'organiser des marches de protestation à la suite de ce qu'elle appelle le laxisme du gouvernement dans la marche du dialogue social. Le Conseil national de la Cdt a délégué au bureau exécutif les prérogatives de fixer la date de ces marches. La tension sociale montante provoquera inéluctablement des perturbations du climat social, jugé bon par une récente enquête. Ce climat constitue un atout majeur de l'économie marocaine à un moment où la crise balaie tout sur son passage. On rappelle que les industriels marocains ont estimé, dans l'enquête mensuelle de conjoncture réalisée par Bank Al-Maghrib, que le climat social a été calme au cours du premier trimestre 2010 et prévoie le maintien de cet apaisement. Toute perturbation de ce climat risque de porter un coup fatal à la résilience de l'économie nationale. Le gouvernement est ainsi appelé à faire un effort notable pour répondre positivement aux doléances des centrales syndicales notamment concernant les salaires. L'augmentation des salaires ne manquera pas d'améliorer la demande interne, principal facteur de résilience de l'économie nationale.