Hassan Aabou, président de la Fédération nationale marocaine des associations des parents d'élèves Propos recueillis Par Khalid Darfaf Hassan Aabou, président de la Fédération nationale marocaine des associations des parents d'élèves, estime que le différend opposant les parents d'élèves et les représentants de l'enseignement privé, nécessite une décision judiciaire, voire une jurisprudence qui servira de référentiel. La décision de justice a autorité de la chose jugée, insiste-t-il. Al Bayane : Quel bilan faites-vous des négociations entre les parents d'élèves et les représentants de l'enseignement privé? Hassan Aabou : Le ministère de l'éducation nationale a mis en place des commissions provinciales chargées de médiation entre les parties prenantes, notamment les associations des parents d'élèves et les représentants de l'enseignement. Dans certaines provinces, les négociations se sont bien déroulées où chaque partie a fait preuve de compréhension alors que ce n'est pas le cas dans d'autres provinces. Notre devoir consiste à rapprocher les points de vue en vue de parvenir à un modus vivendi. Ainsi, nous nous sommes focalisés pour l'heure sur les établissements où le climat de négociations est ponctué de tensions, étant donné que chaque partie campe sur ses positions. Quels sont alors les facteurs qui expliquent le blocage des négociations? Je dois souligner que nous avons privilégié une approche cas par cas. Le véritable problème consiste dans le fait que certains patrons d'écoles réclament la totalité des mensualités, mais en contrepartie de quoi ? A mon humble avis, leur réclamation est dépourvue de toute base juridique. On ne peut pas généraliser un tel constat, car certains patrons d'élèves privés ont adopté une attitude citoyenne, cependant, on ne peut pas généraliser un tel constat. Je dois souligner par ailleurs, que le contrat liant les deux parties ne fait aucune allusion à l'enseignement à distance. Il y a donc un vide juridique. Il s'agit donc d'un problème qui nécessite une décision judiciaire, voire une jurisprudence qui certainement servira de référentiel. Parfois, les représentants de l'enseignement privé évoquent le principe de solidarité, ce qui est légitime. Cela étant, leur proposition sera la bienvenue, mais sans nous imposer leurs conditions. Certains établissements qui ont fait preuve d'un sens d'anticipation, ont convenu avec les parents de payer 30% ou 50% de la totalité des mensualités. D'autres parents d'élèves ont été exemptés, sachant que dans ce cas là l'exemption n'est pas dotée d'un substrat juridique. Malheureusement, ni les parents d'élèves ni les établissements privés, personne n'a opté pour la voie judicaire. On aimerait bien que l'une des parties en litige puisse saisir la justice pour en avoir un avis légal. Le but escompté consiste à ce que le tribunal exige une expertise pour faire la part des choses et lever l'imbroglio juridique autour de l'apprentissage à distance. Au final, la décision de justice a autorité de la chose jugée. Le hic, c'est que parmi les parents d'élèves, figurent des juristes, mais personnes parmi eux n'a pris le soin d'opter pour la voie judicaire. La majorité des parents se plaignent de la cherté des tarifs appliqués, partagez-vous cet avis? Il faut dire que l'enseignement privé au Maroc contient plusieurs défaillances. Je fais allusion, entre autres, aux frais d'assurance exigés aux parents à chaque rentrée scolaire. Ce qui, à mon avis, relève de l'absurde. En principe, la sécurité de nos enfants au sein de l'espace scolaire, relève de la responsabilité des établissements privés. Et si on suppose que les parents sont tenus à avoir une assurance scolaire, pourquoi alors les écoles s'en mêlent. Idem en ce qui concerne les frais d'inscription : pourquoi les parents sont tenus à payer chaque année des frais de réinscription qui sont injustifiés. Bref, la pandémie nous a ouvert les yeux sur certaines pratiques qui sont illégales. Comment doit-on procéder pour résoudre ce différend opposant les parents d'élèves et les représentants des écoles privées? Il s'est avéré qu'une solution à l'amiable avec certains patrons d'écoles privées n'est pas envisageable. On ne va pas y aller par quatre chemins. Cela étant, il faut que le ministère de l'éducation nationale, en tant que département de tutelle, intervienne de manière ferme afin d'imposer une solution. L'enseignement privé relève d'un service public et le ministère dispose de tous les moyens pour résoudre ce problème. On s'attend à une rentrée scolaire houleuse. Il y a également la voie judicaire, qui constitue une piste sûre pour faire aboutir ce dossier.