«Le bureau du procureur spécial pour le Kosovo de La Haye, qui enquête sur les crimes contre les Serbes de souche liés à la guerre d'indépendance du Kosovo de 1998-1999, a annoncé que Hashim Thaci était inculpé pour une série de crimes de guerre». C'est ce qui ressort d'un article publié par le «Washington Post» dans son édition en date de ce mercredi 24 Juin 2020. Selon les détails fournis par le quotidien américain, ces accusations qui ne sont pas encore prouvées mais qui résulteraient d'une longue enquête, concerneraient prés d'une centaine d'assassinats, de disparitions ainsi qu'une multitude d'actes de torture et de persécution dont se serait rendu coupable Hashim Thaci envers des «kosovars albanais, des Serbes, des Roms ou même de simples opposants politiques». Pour rappel, le «Tribunal spécial pour le Kosovo» avait été créé en 2015 après l'enquête internationale consécutive à un rapport du Conseil de l'Europe qui avait mis en cause d'anciens commandant du mouvement indépendantiste kosovar (UCK – Armée de libération du Kosovo) reprochant, à ce dernier les crimes dont il se serait rendu coupable pendant la guerre de «libération» et dont auraient été victimes des Serbes, des Roms et des opposants albanais. Pendant la guerre qui, après l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, avait opposé, entre 1998 et 1999, le Kosovo qui luttait pour son indépendance à la Serbie, l'actuel président kosovar était l'un des commandants de l'armée de libération aux côtés «de nombreux leaders politiques actuels du Kosovo». Le quotidien américain rappellera, en outre, que «l'année dernière, le Premier ministre du Kosovo, Ramush Haradinaj, avait démissionné brusquement après avoir été interrogé par le même bureau». Or, de l'avis de Hysni Gucati, le président de l'Association des anciens combattants du Kosovo, ce bureau, aurait «commis une erreur» en rendant public l'acte d'accusation juste avant le sommet qui devrait se tenir, sous l'égide de la Maison Blanche, ce samedi 27 juin 2020 entre le Kosovo qui, en n'ayant pas encore d'armée est sous la protection de l'OTAN et la Serbie à l'effet «de résoudre la longue dispute entre Pristina [capitale du Kosovo] et Belgrade [capitale de la Serbie]» qui n'a toujours pas reconnu l'indépendance de son ancienne province quand bien même la Cour Internationale de Justice l'a reconnue comme étant conforme au droit international. L'autre point à l'ordre du jour de ce sommet aurait trait, selon Vigan Corolli, professeur en droit à l'Université de Pristina, à l'examen de la question de «la dissolution» du Tribunal pour le Kosovo qui n'aurait plus raison d'être. Mais le timing «mal choisi» de la mise en accusation du président kosovar par le bureau du procureur spécial pour le Kosovo de La Haye aurait poussé Hashim Thaci à «interrompre» le voyage qui devait le conduire à Washington. Aussi, dans son message sur Twitter, Richard Grenell, l'émissaire américain pour le Kosovo, a-t-il tenu à préciser que «les discussions» qui devaient avoir lieu ce samedi à Washington pour relancer le dialogue de paix entre le Kosovo et la Serbie seraient maintenues même si la réunion ne se tiendra qu'entre le président serbe Aleksander Vucic et le Premier ministre kosovar Abdullah Hoti. Est-il permis d'affirmer que les kosovars et les serbes sont réellement sur le chemin de la paix ? Attendons pour voir...