La bataille médiatique autour des derniers incidents au Kosovo bat son plein. Le ministre serbe des Affaires étrangère a été le premier à monter au créneau en demandant une action rapide de la communauté internationale pour empêcher de nouvelles violences. Retour sur les raisons de la crise. Tout à commencé ou recommencé, courant juillet. La Serbie qui n'est toujours pas prête à reconnaître l'indépendance autoproclamée du Kosovo survenue en 2008 et validée par plus de 70 pays à travers le monde dont les Etats-Unis, a décidé d'appliquer un blocus sur les exportations kosovares. Dès lors, la marchandise sortant du Kosovo ne peut plus passer par la Serbie et doit contourner ce pays pour arriver à destination. Le Kosovo, dont la population d'origine albanaise représente 90 % des habitants, est alors mis en difficulté. Comme réponse, Pristina décide à son tour de bloquer les importations serbes et afin de faire appliquer cette décision, en début de semaine dernière, le gouvernement a envoyé des unités spéciales des forces de police kosovares pour prendre le contrôle de deux postes frontière au nord du pays, dont la majorité des habitants, à peu près 60 000 personnes, sont d'origine serbe. En représailles, cette population, qui ne reconnaît pas l'autorité de Pristina, a riposté et brûlé le poste frontière de Jarjine. Un policier kosovar d'origine albanaise a été tué et jusqu'à jeudi dernier, de violents affrontement ont opposés la police aux habitants d'origine serbe de cette partie nord du Kosovo. Ces tensions ethniques d'une extrême violence ont conduit l'Otan à décréter jeudi une zone militaire interdite, à deux postes-frontières de la frontière du Kosovo avec la Serbie. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont critiqué l'initiative du Kosovo d'envoyer des policiers dans le Nord, estimant que Pristina aurait dû préalablement consulter ses alliés occidentaux, qui ont 6 000 militaires déployés sur place afin de maintenir la paix. Mercredi, le premier ministre kosovar Hashim Thaçi a accusé Belgrade d'avoir commandité les violences. Le président serbe Boris Tadic a répliqué que la crise était plutôt l'œuvre de Serbes ultranationalistes, opposés aux efforts de Belgrade pour renforcer les liens avec le Kosovo. Jeudi, le Conseil de sécurité de l'Onu a décliné une demande de la Serbie d'organiser une réunion spéciale sur la situation au Kosovo, a indiqué un diplomate occidental aux Nations Unies. La porte-parole de la diplomatie européenne Catherine Ashton a, quant à elle, téléphoné à Thaçi et à Tadic pour les exhorter à rétablir immédiatement le calme entre les deux ethnies. Ban Ki-moon a de son côté déclaré que tous les acteurs devaient « s'abstenir d'actions susceptibles d'exacerber la situation », avant que la situation ne se stabilise à nouveau, vendredi. Les deux pays sont appelés à continuer le dialogue et à régler leurs différends, condition sine qua none pour que la Serbie puisse un jour adhérer à l'Union européenne.