L'annonce du décès, samedi dernier, de l'ancien président yougoslave dans une cellule du Tribunal pénal international (TPI) a suscité une vive polémique. Une autopsie était prévue hier pour déterminer les raisons du décès de l'ancien dictateur. Le décès de l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic a été accueilli avec beaucoup de suspicion. Une polémique houleuse opposait, depuis samedi dernier, ceux qui croyaient à une «mort naturelle», et d'autres pour qui cet ancien tortionnaire aurait été «empoisonné». La thèse du «suicide» n'a pas été écartée non plus. Comme l'a confirmé, hier à La Haye, Carla Del Ponte, qui n'est autre que le Procureur du Tribunal pénal international où Milosevic était jugé depuis plus de quatre ans pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide sur les Bosniaques, aussi bien que sur les Albanais du Kosovo. A la question de savoir si Milosevic était mort d'une mort naturelle ou suite à un «suicide», la responsable du TPI a répondu : «Nous n'avons pas d'autre choix qu'une mort naturelle ou un suicide». Et de rappeler un cas similaire qui s'est produit la semaine dernière, en l'occurrence le «suicide» de l'ex-chef des Serbes de Croatie Milan Babic dans une cellule du TPI. Dans une interview au quotidien italien «La Reppubblica», Mme Del Ponte avait également dit: «Milosevic pourrait nous avoir lancé son ultime défi : Et s'il s'était suicidé?». Mais passons, car cela n'est pas entendu de la même oreille. L'avocat français Me Jacques Vergès, a jugé hier dimanche que Milosevic, réputé être «combatif», n'était pas homme à «se suicider». M. Vergès, qui faisait partie du «Comité international pour la défense de Slobodan Milosevic», a attribué la mort de l'ancien président yougoslave à ce qu'il a qualifié « un tribunal d'assassins», en allusion au Tribunal pénal international. «On a privé Milosevic de soins », «on a tout fait pour que son état s'aggrave», a-t-il accusé, rappelant que Milosevic, 64 ans, « était malade depuis longtemps». Une thèse relayée de manière «diplomatique» par la Russie, qui a «déploré» que Milosevic n'ait pas eu le droit de se faire soigner en territoire russe. Ce ton compassionnel tranchait, hier, avec la position des Albanais du Kosovo, victimes de la dernière offensive militaire de Slobodan Milosevic avant sa chute. «Milosevic était un ennemi du peuple kosovar et de l'humanité», a déclaré à Reuters le porte-parole du président de la province, Fatmir Sejdiu, regrettant par la même occasion que l'ancien dictateur se soit éteint « sans avoir à subir le poids de la justice». Pour Agim Ceku, ancien commandant de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) élu Premier ministre de la province à la veille de l'annonce du décès de Milosevic, le décès de Milosevic devrait constituer une «chance» pour «la construction d'un nouvel avenir démocratique». Du côté des Bosniaques, pas une seule «larme» n'a été versée sur le bourreau d'hier, et ses acolytes, également poursuivis pour «crimes contre l'humanité», dont le général Mladic. Si la disparition de l'ancien dictateur a été accueillie comme une «délivrance» par ses victimes, elle vient toutefois alimenter les surenchères sur les raisons d'une mort mystérieuse. Une autopsie de la dépouille mortelle de Milosevic devait se faire hier, pour mettre fin à une polémique «récupérée» par quelques nostalgiques inconditionnels de la «purification ethnique» au risque d'éveiller, dans les Balkans, les anciens monstres nationalistes qui guettent la moindre occasion pour rebondir.