«Ramenez nos soldats chez eux mais surveillez bien ce qui se passe et frappez comme le tonnerre, comme jamais auparavant, si nécessaire ! (…) Après 19 ans, il est temps pour eux de faire la police dans leur propre pays» pouvait-on lire, ce mercredi, sur le compte Twitter du président américain à propos des troupes déployées en Afghanistan depuis les attentats du World Trade Center. Le fait même que Donald Trump parle de soldats, désormais, appelés à faire la police présuppose que Washington n'est plus en guerre contre l'Afghanistan comme au moment de la chute des tours jumelles et que le conflit qui s'y déroule en ce moment ne serait plus qu'une affaire interne à régler entre le gouvernement de Kaboul et son opposition talibane. S'inscrivant dans le cadre de l'accord conclu le 29 février dernier, à Doha, entre les Etats-Unis et les insurgés Talibans, à l'issue duquel Washington a déjà ramené à 7.500 soldats le contingent de 13.000 soldats initialement déployé dans le pays, le désengagement total de l'armée US d'Afghanistan qui est un objectif majeur de la politique étrangère de Donald Trump aura certainement lieu beaucoup plus rapidement que prévu du fait des préoccupations liées notamment à la pandémie du coronavirus qui ont obligé l'administration américaine à accorder la priorité au retrait du personnel « non-essentiel » et des personnes considérées comme étant «à risques». En contrepartie de ce désengagement américain, les Talibans ont promis à Washington de ne plus permettre aux combattants d'Al Qaïda d'opérer à partir du territoire afghan. Si donc, durant cet été, Donald Trump parvient à ramener au bercail l'ensemble des soldats qui étaient déployés en Afghanistan après une présence qui aura duré plus de 18 ans dans ce qui fut la guerre la plus longue et, par conséquent, la plus coûteuse de leur histoire, ce sera, pour lui, un argument de campagne de taille qui pourra l'aider à reconquérir la Maison Blanche à l'issue des élections de novembre prochain. Et si, par ailleurs, comme l'a relevé un émissaire américain, «beaucoup de gens étaient pessimistes sur la possibilité de tenir des négociations inter-afghanes et sur la capacité à faire suffisamment de progrès sur la question des prisonniers» force est de reconnaître qu'après trois décennies de guerre et de désolation, les lueurs de la paix en Afghanistan commenceraient à poindre à l'horizon. Preuve en sont les différents échanges de prisonniers qui ont eu lieu et qui sont toujours en cours entre le gouvernement de Kaboul et les insurgés afghans, le cessez-le-feu qui a été décrété unilatéralement par les forces Talibanes durant la fête de Aid El Fitr qui marque la fin du Ramadan et qui s'étend encore, et enfin, l'entente à laquelle sont parvenus le président Ashraf Ghani et son ancien chef de l'exécutif et néanmoins rival Abdullah Abdullah, désormais «négociateur-en-chef» dans les pourparlers inter-afghans qui, selon lui, seraient sur le point de débuter «à tout moment». Les troupes américaines déployées en Afghanistan depuis bientôt vingt ans vont-elles rentrer à la maison avant le 20 novembre prochain et donner, ainsi, un sérieux coup de pouce à Donald Trump dans sa reconquête de la Maison Blanche en dépit de la très forte contestation populaire à laquelle il fait face aujourd'hui ? Attendons pour voir…