Depuis la décision de liquidation judiciaire avec poursuite d'activité, prononcée par le tribunal de Commerce de Casablanca en juin 2016, l'unique raffinerie nationale peine encore à trouver preneur. Il semble que les dizaines de sit-ins entamés par les salariés appelant à sauver l'entreprise n'ont pas trouvé un écho favorable auprès de l'Exécutif, accusé par le Front syndical d'avoir failli à sa mission. Cependant, son véritable rôle consiste à se positionner à la pointe du combat social en œuvrant pour la préservation de l'employabilité et la défense des intérêts économiques de la nation, a déclaré à Al Bayane, Houcine El Yamani, coordinateur du Front national pour la sauvegarde de la Samir. Il faut dire que la chute spectaculaire des cours du pétrole, ces derniers jours, a fait émerger le débat sur l'utilité ou non de l'industrie du raffinage dans le Royaume. Une source du ministère de tutelle, citée par certains médias a indiqué, sans donner plus de précision, que le Maroc n'est pas du tout concerné par la dégringolade des prix, étant donné qu'il importe le pétrole raffiné. Une explication qui se situe à côté de la plaque, affirme Houcine El Yamani et ce pour la simple raison que la chute des prix du pétrole constitue une occasion en or voire un motif encourageant pour l'Etat pour redonner une seconde vie à la raffinerie, surtout lorsque l'on sait que cette dernière n'a rien à envier à d'autres raffineries même les plus modernes. Une telle option va assurer au pays une certaine autonomie par rapport à l'extérieur et asseoir un modèle de développement économique intégré. Abondant dans le même ordre d'idées, le militant syndical affirme que la crise actuelle ne va pas durer plus de 18 mois, puis les prix vont repartir à la hausse. «Le Maroc a tout intérêt à préserver cette industrie. Ceux qui disent que la Samir ne pourrait pas trouver preneur à cause de la crise ont tort», a-t-il noté en substance. En fait, l'entreprise est dotée d'une technologie de troisième génération sans omettre sa capacité de stockage immense», a-t-il poursuivi. D'ailleurs, la consommation des produits pétroliers avoisine 10 millions de tonnes par an, soit presque 2, 5 millions de tonnes par trimestre, malheureusement, depuis la fermeture de raffinerie nationale, le Maroc est devenu entièrement dépendant du marché extérieur, d'où la question de la souveraineté énergétique, a-t-il relevé. Argument à l'appui, notre interlocuteur donne l'exemple de l'état de stockage atteignant parfois des niveaux critiques concernant certains produits pétroliers, comme l'a d'ailleurs soulevé la Cour des comptes dans son rapport. «C'est une grave violation de la loi, vu que le niveau de stockage de sécurité n'est pas conforme à la réglementation en vigueur régissant les stocks de sécurité et qui impose une durée de 90 jours de stockage», a-t-il expliqué, avant de mettre l'accent sur le fait que la capacité du stockage de la Samir s'élève à 15 millions de barils soit 90 jours de stockage. Conversion des créances en investissement Il faut dire que depuis la libéralisation du secteur et l'arrêt de Samir, le Maroc n'est plus épargné des enjeux du bras de fer entre les grands producteurs mondiaux. Qui plus est, la libéralisation du secteur n'a profité qu'aux opérateurs du secteur réalisant des profits incommensurables au détriment des citoyens, a martelé Houcine El Yamani. D'ailleurs, a-t-il ajouté, la situation actuelle devrait inspirer le gouvernement afin de compter sur ses propres moyens et trouver une solution efficace pour le dossier de la Samir qui a épuisé tous les degrés de juridiction. « Le gouvernement assume une grande part de responsabilité dans la crise de la Samir vu qu'il maintient le flou sur la politique de l'Etat en matière de politique pétrolière». Comme quoi, le gouvernement El Otmani doit clarifier sa position en vue de rassurer les investisseurs, dont plusieurs ont pris la poudre d'escampette faute d'une vision claire, a-t-il fait savoir. Autrement dit, «sa véritable responsabilité lui impose de prendre le dossier en main au lieu de sombrer dans un mutisme inexplicable», a-t-il indiqué. «Et les solutions ne manquent pas. L´option de la conversion des créances de l´Etat estimée en 70 % en des prises de participation dans le capital demeure la solution idoine», a conclu Houcine El Yamani.