Refonte du modèle économique, perfectionnement de l'exécutif, mise à niveau de l'administration, nouvelle génération de plans sectoriels… L'agenda gouvernemental et celui des partis politiques s'annoncent surbookés après le retour des vacances, mais c'est le besoin d'amorcer une nouvelle étape avec du sang frais qui pèse le plus sur la classe politique. La rentrée politique se veut particulière à tous les niveaux cette année après les discours fondamentaux prononcés par SM le Roi à l'occasion de la Fête du Trône et le 66è anniversaire de la révolution du Roi et du peuple. Discours qui ont clairement fixé un nouveau cap après 20 ans de règne. Les challenges qui s'imposent impliquent, d'ores et déjà, une nouvelle génération de réformes et de grandes priorités nationales. Pour le gouvernement et les formations politiques, l'heure est plus que jamais au renouvellement politique avec son corollaire, l'incontournable changement des mentalités. C'est dans cet esprit-là que SM le Roi Mohammed VI insiste sur le besoin pressant d'apporter du sang frais aux divers niveaux de responsabilité de l'Etat, y compris l'appareil exécutif. Le choix de nouveaux profils pour porter la nouvelle génération de réformes devra faire prévaloir les critères de mérite, de qualification professionnelle et d'égalité des chances. «A l'horizon de la rentrée prochaine, Nous chargeons le chef du gouvernement de soumettre à Notre Appréciation, des propositions visant à renouveler et enrichir les postes de responsabilité, tant au sein du gouvernement que dans l'Administration, en les pourvoyant de profils de haut niveau, choisis selon les critères de compétence et de mérite», a affirmé le Souverain. Pour l'enseignant-chercheur à l'université Cadi Ayyad, M'hammed Belarbi, il devient impératif de réunir les conditions d'une émergence continue d'un nouveau personnel politique et administratif, qualifié et doué d'un sens élevé de patriotisme pour accompagner le nouveau modèle de développement. Les propos de SM le Roi interpellent aussi bien l'exécutif, la haute administration ainsi que l'ensemble du secteur public, a-t-il estimé, soulignant que «la recherche d'une nouvelle génération de responsables, selon le critère de la compétence, est dictée par la complexité des choix à opérer pour répondre aux urgences sociales». Désormais, relève M. Belarbi, face à l'ampleur et la simultanéité des défis liés à moult transitions, démocratique, sociale, démographique, territoriale, écologique et numérique, «l'approche royale s'articule autour de l'implication du citoyen en tant qu'acteur principal dans cette nouvelle étape». Sur le même registre, le professeur Abdelhafid Adminou estime que le renouveau des élites politiques et administratives, au sens large du terme, reste à la base d'un défi de taille pour le Royaume comme l'a expressément affirmé SM le Roi dans son discours du Trône. «Les acteurs politiques avec en premier lieu l'institution du gouvernement, sont interpellés sur leur capacité à mettre en place des programmes capables d'avoir un impact direct sur la vie des citoyens», a précisé cet enseignant-chercheur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Rabat-Souissi. Plus précisément, la question est de savoir à quel point sont observés les principes de bonne gouvernance et de pertinence des chantiers initiés dans les domaines à forte portée sociale que sont l'enseignement, l'emploi et la santé. C'est justement là où le bât blesse, d'où il appartient aux décideurs des sphères politique et administrative de faire en sorte que les actions et programmes de l'Etat puissent avoir les retombées escomptées sur les conditions de vie des populations. Partant d'un tel constat «on doit s'attendre à des changements de responsables politico-administratifs, probablement d'une manière progressive», prédit M. Belarbi, notant qu'une telle situation «signifie que la politique partisane a échoué à promouvoir des responsables compétents». L'autre enjeu de la rentrée politique porte à l'évidence sur l'élaboration et la mise en œuvre du nouveau modèle de développement, une priorité nationale phare surtout après la décision du Souverain de lancer une Commission spéciale ad hoc, dont l'installation est prévue prochainement. Désormais, l'accent est mis désormais sur la dimension socio-culturelle pour construire avant tout l'être humain, d'autant plus que tout projet s'avèrerait sans effet et sans lendemain en l'absence d'une adhésion positive des citoyens. Il s'agit in fine d'anticiper pour construire un nouveau contrat social, lequel nécessite un débat démocratique fécond sur l'évaluation de l'action de l'ensemble des acteurs de la vie politique, économique et sociale du pays. «Les partis politiques plus précisément comme acteurs clés des agrégations des demandes sociales et de la socialisation politique sont en première ligne», a souligné le chercheur. Selon l'analyse de M. Belarbi, le caractère urgent d'un modèle de développement renouvelé «engage toutes les forces vives de la nation pour renforcer la gouvernance et l'efficacité des politiques publiques à l'échelle nationale, locale et régionale». Pour réduire les inégalités et les disparités spatiales, l'engagement de l'intelligence collective s'avère d'une impérieuse nécessité, a-t-il fait observer. Autant dire que la rentrée politique a décidément tous les attributs pour servir de prélude à la nouvelle étape que le Souverain place sous le signe de la responsabilité et du décollage global. Les acteurs politiques, gouvernement et partis, mais aussi la société civile, y trouvent leur compte afin de donner plus de vigueur et de consistance à la dynamique du développement, dans une logique de progrès solidaire et plus équitable, et de lutte contre les disparités sociales.